La Gendarmerie nationale dans l’incapacité de payer les loyers de ses casernes

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La Gendarmerie nationale est l’une des plus anciennes institutions françaises. Elle a pour mission de faire régner l’ordre en « zones rurales et périurbaines », comme indiqué sur son site. De ce fait, les militaires de ce corps sont, pour la grande majorité, basés dans des petites et moyennes villes. Ils occupent des gendarmeries comprenant à la fois des bureaux et des logements de fonction. Des locaux qui sont, pour beaucoup, la propriété des communes. La Gendarmerie nationale, donc l’Etat, en est locataire. Un locataire qui ne paye pas.

Plusieurs communes des Pyrénées-Orientales et de l’Yonne ont dénoncé cette situation. Sur France Bleu, Edith Pugnet, maire de Cabestany (66), a indiqué : « La gendarmerie nous doit 236.388 euros de retards de loyers ». Elle précise : « Pour nous, ces loyers représentent une ligne de trésorerie vitale. » Selon l’entourage de Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, interrogé par Franceinfo, l’ordre aurait été donné directement par Gérald Darmanin, son prédécesseur à ce poste.

Une gendarmerie en galère

D’autres mairies qui ont construit des casernes à grands frais s’attendent à connaître le même sort. Elles ont récemment reçu un courrier signé par la Gendarmerie nationale annonçant que « le ministre de l’Intérieur a autorisé la suspension temporaire du paiement des loyers dus ».

Edmond Jorda, le président de l’association des maires des Pyrénées-Orientales (AMF 66), donne plus de détails à BV : « Il va y avoir un report de paiement des loyers de trois mois, octobre, novembre et décembre, avec un rattrapage fin décembre ou début janvier. » Il ajoute : « Demander aux communes de construire les gendarmeries, c’était déjà un report de la charge de l’Etat sur les communes. Là, on leur demande de la porter une deuxième fois. » Pour certaines villes, cela s’annonce très difficile.

Et incompréhensible, car les raisons invoquées par la Gendarmerie pour ce report sont inattendues. Dans son courrier, l’institution annonce : « L’engagement opérationnel, notamment pour assurer la sécurité des JO 2024 et pour rétablir l’ordre en Nouvelle-Calédonie, a fortement impacté la programmation budgétaire de la gendarmerie. » Faut-il comprendre que le coût de la sécurisation des Jeux Olympiques n’avait pas été anticipé et que la Gendarmerie nationale n’a pas les moyens d’assumer un imprévu sécuritaire ? Dans un pays qui s’embrase de tous côtés, cela ne dit rien qui vaille.

Un Etat à la dérive

Pour Edmond Jorda, s’il y a évidemment un problème de fond (c’est le cas de le dire), il y a aussi un problème de forme : « En termes de communication politique, c'est catastrophique. Surtout après la rafale qu’on vient de se prendre sur les dépenses des collectivités territoriales. » Il demande que l’Etat « arrête de donner des leçons » aux élus locaux et « qu’il honore ses dettes ». Le président départemental des maires de France trouve également que le message envoyé aux Français est déplorable: « Si la signature de l'État n’a pas de valeur, quelle signature a de la valeur ? »

Contacté par BV, le ministère de l’Intérieur n’a pas répondu à nos demandes d’explications. Lauriane Josende, sénatrice LR des Pyrénées-Orientales, nous a en revanche appris qu'il y avait un manque de « deux cent millions d'euros » dans les caisses de la Gendarmerie et qu'une « loi de finance rectificative » était en préparation pour régulariser la situation. Elle devrait être soumise au vote au mois de décembre. Comme le dit Edmond Jorda, « on navigue à vue ».

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