La genèse du Front national, péché mortel du RN ?
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En 2024, jamais les trois ou quatre partis nationaux n'ont bénéficié d'aussi fortes intentions cumulées de votes en leur faveur : avec, selon les derniers sondages, à plus de 50 % la probabilité d'un grand chambard lors de la présidentielle (en 2027... ou avant ?). Panique tant des partis de gauche que de la coalition présidentielle dont, désormais, les discours semblent ne se définir qu'en creux avec, pour seule boussole, de faire obstacle au Rassemblement national. Mais sans écouter ce qu'attendent la majorité des Français. On feint de croire que s'opposer au RN suffirait à dessiner une ligne politique : or, si la tactique éventée de diabolisation a fait long feu, on reproche encore au président du RN, âgé de 28 ans, d'être l'héritier du Front national fondé en 1972. Et au FN d'avoir compté, parmi ses membres fondateurs, d'anciens collabos. Ce qui n'est pas faux mais très partial, car le FN se voulait rassembleur et s'il y avait, dans ses rangs, des collabos, souvent venus de gauche, il y avait aussi des résistants.
Emmanuel Allot, sympathisant socialiste, puis milicien condamné ; Dufraisse, secrétaire de la CGT puis collabo, comme Barthélemy ; Roland Gaucher, engagé à l'extrême gauche puis à l'extrême droite après la Guerre. Mais il y avait aussi de vrais résistants qui ne refusèrent pas ce compagnonnage : Rolande Birgy (Yad Vashem : Juste parmi les nations) ; Demarquet (engagé volontaire en 1944 dans la 1re division française libre qui prend part à la bataille d'Alsace, croix de guerre 39-45) ; Jeanneret (résistant, membre du réseau Alliance, croix de guerre 39-45, croix du combattant volontaire de la Résistance). Et des résistants passés par l'OAS : Pierre Sergent, résistant (Réseau Vélite Thermopyles, puis maquis de Sologne qui, avec le corps-franc Liberté, participa à la libération de Paris ; Bidault, successeur de Jean Moulin à la tête du CNR ; Holeindre, résistant, président du Parti de l'unité française). Et de purs ex-pro-Allemands (Bousquet, ancien de la division Charlemagne et Gaultier).
À la croisée des chemins
À la même époque (années 70), le PC pesait 35 % et menait des actions anti-France dictées par Moscou, auquel s'opposaient des groupes de droite musclée dont Devedjian, Longuet, Madelin, qui passeront au PR ou au RPR (Alain Robert). Il y avait des trostkistes (anti-démocratie) qui allaient devenir, plus tard, des cadres du PS (Jospin). Voire des ex-collabos, venus de l'extrême gauche maçonnique, puis agents de Moscou, comme Charles Hernu, nommé ministre de la Défense par un socialiste décoré de la Francisque (Mitterrand), rémunéré pendant dix ans au moins par le KGB. De l'autre côté, Monnet et Aron émargeaient à la CIA...
On l'a vu, la mouvance initiale du RN est pour le moins contrastée, sinon contradictoire, mais il faut replacer cette genèse dans le contexte politique français, totalement convulsif entre 1932 et 1968 : trente-six ans... Trente-six ans, c'est la moitié d'une vie humaine : un bref épisode de l'Histoire de France. Pourtant, de 32 à 68, que d’événements terribles dans ce concentré de l'Histoire nationale. Rappelons : les ligues d'avant-guerre à deux doigts de faire chuter la République, sauvée par La Rocque ; le Front populaire ; la prise de pouvoir d'Hitler, le pacte Hitler-Staline et la trahison, les sabotages, les désertions du PC de 1939 à juin 1941 ; l'« étrange » et fulgurante défaite de juin 40, l'Occupation, la Résistance et la collaboration ; la Shoah et l'Holodomor ; la Libération et l’épuration sauvage ; Hiroshima ; la guerre froide ; la perte de l'Indochine et de l'Algérie ; Mai 68 !
Dépassons les traumatismes de l'Histoire
Ces turbulences ravivaient les brasiers de la Révolution, la Terreur, l'Empire, les Restaurations, le Second Empire, la Commune : révolutions, coups d'états, guerres civiles et étrangères se répercutent depuis 1791 jusqu'à nos jours dans les esprits. C'est de ce traumatisme en vrille qu'il faut sortir pour envisager, enfin, le XXIe siècle déjà vieux de 24 ans et faire face aux périls et défis de demain : Europe bruxelloise totalitaire, industrie, agriculture, école, hôpital, justice, paupérisation, RIC et proportionnelle, dette, guerre en Ukraine, immigration, insécurité…
Personne ne semble trouver anormal que le PC soit légal en France alors qu'il a trahi de 1939 à juin 1941 au profit du nazisme (dont 22 mois de guerre et d'occupation !) et que le communisme est coupable de 100 millions de morts sur la planète. Soit. Mais de notre passé souffrant et sulfureux refermons tous les procès sans fin et sans objet qui paralysent le débat démocratique et les prises de décisions cruciales. Revenons au débat d'idées et de solutions sans recourir aux attaques ad historiam.
Il faudra d'abord tirer au clair les questions sémantiques et évacuer quelques mots-crécelles qui font plus de bruit que de sens : « anti-européen »; « islamophobe, xénophobe » ; « extrême droite ». Vouloir recentrer l'Europe sur ses intentions initiales n'est pas être anti-européen, bien au contraire. Décider souverainement d'une politique immigratoire est un droit de l'homme collectif ; soumettre l'islam à la laïcité, une obligation constitutionnelle. Quant à l'« extrême droite », il incombe à ceux qui en ont la bouche pleine de la définir enfin. Alors, le tintamarre cessera et la démocratie reprendra ses droits. Car il y a le feu à la France.
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Un vert manteau de mosquées
52 commentaires
Le front national était de droite alors qu’Hitler et les nazis étaient socialistes (comme Staline et Mao). Il n’y a donc aucune comparaison.
Un résumé forcément concis mais très précis de toute cette période. Il est à lire par des gens ouverts à notre histoire contemporaine, à ceux qui veulent se cultiver et comprendre pourquoi et comment tel ou tel évènement est survenu, comprendre enfin le comportement et parfois les souffrances de nos parents et grands parents. Mais il ne sera pas lu, ou vivement et négativement critiqué par la gauche dans son ensemble (qui ne supporte pas la vérité) et par le Centrisme Européiste Mondialiste et Ultra-libéral macronnien, qui s’appuie justement sur la mentalité et les mensonges de la gauche pour continuer à gouverner le pays. Un raccourci: Macron, Mélenchon même combat pour empêcher les Droites (qui n’ont rien d’extrême, mensonge éculé) de prendre les affaires du pays en mains dans un but de reconstruction logique, et en faveur légitime des Français.
Reste à espérer que le 9 juin, et surtout en avril 2027, un nombre suffisant d’électeurs aura cessé d’avaler la pilule du « RN parti prorusse, fasciste et factieux ». C’est l’antienne récurrente qui revient très fort et qui va s’amplifier. Sortez les parapluies! Et au passage, notons que nonobstant la composition détaillée du FN historique, ce parti a prévu ce qui allait advenir depuis 1972. C’est pour avoir avalé consciencieusement la toujours même pilule que les Français sont restés aveugles à ce qui leur saute aujourd’hui à la figure.
Le 9 juin est une première étape mais elle peut être suivie, si les macroniens font moins de 16 % par un dissolution. Alors…tout peut arriver y compris des graves émeutes et une démission avant 2027.
Oui, il y a le feu en nôtre France et on ne peut que vous remercier, monsieur Temple de ces rappels historiques. Espérons seulement que les électeurs ne succomberont pas aux sirènes de beaux parleurs et sauront enfin voir qui sont ceux qui veulent oeuvrer pour le bien de la France et des Français.
Et le PCF qui a soutenu becs et ongles Lenine et Staline le plus grand tortionnaire de tous les temps ? Pour faire bonne mesure il ne faut pas manquer de renvoyer le PCF a son passé stalinien. Mais chit.. tabou, on ne touche pas au PCF.
N’oubliez pas Pierre LAVAL qui était socialiste ( SFIO)
Le front national est de droite alors qu’Hitler et les nazis étaient socialistes (comme Staline et Mao). Il n’y a donc aucune comparaison.
Dans les belles âmes qui cherchent des noises au RN, il y a des staliniens, des trotskistes, des maoïstes, des castristes, des polpotiens… et des imbéciles. Les autres levez la main.. . PPersonne !
Ça peut aller très loin. Par exemple les romains ont exécuté Vercingetorix, on devrait punir les italiens. Les anglais ont brûlé jeanne d’Arc, on devrait les punir. Les allemands ont envahis la France, on devrait refaire la guerre. Etc l’imbecilite n’a plus de limites. Le RN est devenu un premier parti d’opposition qui est respectable. Combien d’élus pro macron sont mis en examens? Alors avant de voir la paille dans l’œil du RN il faudrait peut-être que Renaissance regarde la poutre qu’il a dans le sien. Les partisans de freluquet poudré sont aux abois pour les futures élections.
Article remarquable,par la richesse des informations historiques qu’il fournit, et par la générosité de son analyse. et de la mise en garde en matière de conclusion.
Aucun parti politique n’est blanc bleu si on veut remonter à l’histoire des formations ou celle de certaines de ses membres l’extrême gauche en particulier ;laquelle ferait mieux de la fermer.
Voici la vérité enfin rétablie. Bravo ! N’est-ce pas la gauche qui chante : »Du passé faisons table rase
Foule esclave, debout ! debout ! ». La gauche et Macron font table rase de leur passé mais pas de celui des autres ? Tout ça c’était il y a un demi siècle et au millénaire précédent. Mais ces vérités dérangent.
Bravo, tout est bien dit, bien analysé, bref bien recadré avec une précision historique que les deux dernières générations et évidemment les » chances pour la France » ignorent superbement. Mais reconnaissons tout de même qu’ils ont pour excuse les graves manquement de l’Education Nationale aux mains des gooochistes depuis quelques décennies ! On n’enseigne plus la précision historique, çà gênerait le Pouvoir et national, et Européen.
Voilà pourquoi le Rassemblement National a toute sa légitimité, contrairement au macronisme qui naquit par un coup d’Etat savamment mené dans ma boue, qui ne dit pas son nom en 2017.
Si on veut faire honnêtement a génèse du RN et celle d’autres partis dits « républicains et démocratiques », je ne suis pas certain que ces derniers en sortiraient vainqueurs! Mais voilà, calomniez, mentez et mentez encore, il en restera toujours quelque chose, surtout dans les esprits faibles et bas du front.