La guerre perdue d’Afghanistan
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Les Américains vont quitter l'Afghanistan. C'est l'heure d'appliquer la devise des EHPAD : bilan et perspectives.
Souvenez-vous, c'était en 2001. Persuadés que la sécurité du monde libre (sans autre précision) passait par la destruction d'un axe du mal abracadabrantesque (Iran, Corée du Nord, Irak, Afghanistan), les Américains, pris de court par le 11 septembre, avaient envoyé des troupes face au régime musulman de Kaboul. La France, peu après, lui avait emboîté le pas, prenant la main sur les régions de Kapisa et Surobi.
Il semble que, pour l'armée française, cette longue, cruelle et inhabituelle guerre fut une sorte de prise de conscience. Les parachutistes morts en héros à Uzbin firent prendre conscience aux Français que la guerre ne se passait pas que dans une improbable arrière-cour africaine qui n'était plus à nous. Leurs cercueils alignés dans la cour des Invalides montrèrent à nos politiques que l'armée, le dernier survivant de quarante ans de massacre des corps constitués, avait besoin d'autre chose que de discours paternalistes écoutés au présentez-armes, de décorations et de coupes budgétaires (d'autant plus lâches que les militaires, statutairement, n'ont pas le droit de se plaindre).
l'Afghanistan fut, pour notre siècle commençant, le premier cas des nouvelles guerres, qui seraient le lot commun des années suivantes : ennemi insaisissable, pression médiatique, population qui respecte sans comprendre et honore sans approuver, projection de puissance difficile à faire admettre.
Et maintenant, après 19 ans de présence, voici, nous rappelle L'Express, que les GI s'en vont. Pour quel bilan? Les talibans reviennent sur le devant de la scène politique, tandis qu'Al-Qaïda montre les crocs. Aussi corrompu qu'avant, aussi tribal qu'avant, aussi impossible à gouverner qu'avant, le « royaume de l'insolence » est prêt à sombrer. Les Anglais, les Russes, les Américains se sont épuisés à essayer de dompter cet immense pays.
Nous, Français, y avons laissé une centaine de héros morts pour leur patrie. Au XXIe siècle, c'est déjà magnifique et cela, seul, suffirait presque. Cette guerre était-elle absurde ? Peut-être, mais la question de ce genre de sacrifice ne se pose pas en termes de justesse de la cause.
Cette question est politique. Nos politiques communiqueront-ils sur ce énième échec ? Et sur la Libye ? Allons, pas de blagues ! Mais regardons ce que sera devenu l'Afghanistan dans cinq ou dix ans, et souvenons-nous des discours de Nicolas Sarkozy.
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