La guerre UE-États-Unis fait rage : les vins et spiritueux sacrifiés par l’UE

Depuis que Donald Trump a retrouvé son fauteuil à la Maison-Blanche, les États-Unis et l’Europe ont entamé une sorte de combat de coqs. Au-delà de la gestion du conflit russo-ukrainien, les débats s'orientent sur les échanges commerciaux. Ce, notamment car ce mercredi 12 mars, sur fond de protectionnisme vis-à-vis de l’industrie sidérurgique de son pays, le président américain a surtaxé de 25 %, avec effet immédiat, les importations d’acier et d’aluminium.
Une démarche que n’ont guère appréciée les têtes pensantes de l’Union européenne. Ni une, ni deux : elles ont riposté en annonçant une augmentation de 50 % des droits de douane sur le bourbon, les motos et les bateaux américains. Bruxelles bombe le torse, ou plutôt Bruxelles a bombé le torse quelques heures, puisqu’à la façon d’un enchérisseur dans une salle des ventes, Donald Trump en a remis une couche. Sur son réseau social Truth Social, il a annoncé, dès le lendemain, que « les États-Unis mettront rapidement en place des droits de douane de 200 % sur tous les vins, champagnes et alcools importés de France et d’autres pays de l’UE » si l’Union européenne ne revenait pas sur sa taxe sur les bourbons. Directement visée, la France n’a pas manqué de réagir par la voix de son ministre du Commerce extérieur, Laurent Saint-Martin. Ce dernier a déclaré, sur X : « Nous ne céderons pas aux menaces et protégerons toujours nos filières. »
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Tout le monde a envie d’y croire mais personne n’est dupe, surtout dans la filière concernée, qui a l’impression d’avoir été jetée en pâture. Pauline Bastidon, directrice des affaires commerciales et économiques du lobby Spirits Europe, a affirmé : « Ce cycle de représailles doit cesser immédiatement ! Nous exhortons les deux parties à cesser d'utiliser notre secteur comme monnaie d'échange dans des conflits qui ne nous concernent pas. » Même son de cloche, ou presque, à la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS), qui s’est dite « consternée par l'annonce faite par l'UE consistant à imposer des droits de douane sur les spiritueux et les vins américains importés dans l’UE, en réponse aux droits de douane américains sur l'acier et l'aluminium ». Cette surenchère, réalisée dans deux domaines totalement différents, crispe les acteurs du secteur.
La FEVS va plus loin et demande à la Commission européenne de « revoir sa copie », car avec de telles mesures prises de part et d’autre, le risque de « mettre à genoux la filière des vins et spiritueux européens » est important. Gabriel Picard, le président de la fédération, s'interroge également sur les intentions de la Commission européenne à l’égard de la filière : « On finit par se demander si la Commission européenne souhaite la mort de notre filière ».
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De son côté, Jean-Marie Fabre, président des Vignerons indépendants de France, interrogé par BV, regrette que la Commission européenne ait ciblé le whisky américain dans sa riposte : « La désescalade en matière de taxe est la meilleure solution pour toutes les parties. La réponse aurait dû être celle d’une Europe unie et solidaire. On aurait pu taxer sans créer de distinction entre les secteurs. » Il ajoute : « On a fragilisé, me semble-t-il, la défense européenne face à l'agression économique des États-Unis et on a mis une cible dans le dos des vins et spiritueux. Je trouve que c’est très mal joué. La réponse du président américain est la résultante d’une réponse mal calibrée par la Commission européenne. En ciblant, on a engendré une riposte américaine qui est de l'ordre de l’embargo pour notre secteur. » Du côté politique, les parlementaires Jean-François Portarrieu, député Horizons de Haute-Garonne, et Hervé de Lépinau, député Rassemblement national de Vaucluse, co-présidents du groupe d'études « Vigne, vin et œnologie » à l'Assemblée nationale, ont réagi dans un communiqué dans lequel ils demandent à la Commission européenne de « cesser urgemment toute action visant à inclure les vins et spiritueux au sein de son affrontement avec les États-Unis, pour protéger une filière qui a déjà payé le prix fort de la guerre commerciale de 2018 et qui ne survivra pas à un nouveau choc douanier ».
En effet, ce n’est pas la première fois que la filière - particulièrement importante en France puisque les vins et spiritueux français sont les premiers exportateurs en valeur aux États-Unis - sert ainsi de « bouclier » à l’Europe. En 2024, les cognacs et les armagnacs ont été les victimes collatérales d’un conflit entre l’Europe et la Chine, suite à la décision de l'UE de surtaxer les voitures électriques produites en Chine mais vendues en Europe. Cinq ans plus tôt, ce sont tous les vins et spiritueux qui avaient été touchés par une surtaxe de 25 % à l’entrée des États-Unis à cause d’un différend commercial entre Boeing et Airbus. Enfin, en 2013, les vins européens avaient été pris en otage dans un contentieux sur les panneaux solaires avec la Chine. Jusqu’à quand la France, particulièrement touchée par ces échanges de mauvais procédés, va-t-elle se laisser faire et laisser Bruxelles jouer avec son savoir-faire ?
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4 commentaires
c est bon un verre de green bourbon coca bien frais un regal
Chaque fois qu’il y a la pire ânerie à faire, l’Union Européenne est en première ligne.
C’était d’autant plus idiot qu’il n’y a pas grand monde en Europe pour boire du Bourbon. Mon père disait que ca sentait la punaise écrasée.
Courage, on les boit et on jette le coca