La laïcité selon l’Éducation nationale

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Le ministère de l’Éducation nationale a édité, le 26 août, huit affiches pour promouvoir la laïcité, mais il n’est pas impossible que nous soyons face à un très roboratif gloubi-boulga qui découragerait même un excessivement gourmand Casimir. Suivant le ministère en charge de nos chères têtes blondes, rousses ou brunes, la laïcité permettrait d’aller ensemble à la piscine, de lire ensemble un livre, de faire du sport par équipe, de penser par soi-même, de recevoir le même enseignement quelle que soit sa religion, d’avoir des affinités malgré des différences, d’être égaux, d’être ensemble. Les prénoms choisis et les visages enthousiastes des visuels ressemblent à une publicité pour le métissage de la population.

Laïcité semble, comme « valeurs de la République », vouloir désigner dorénavant un concept fourre-tout bien commode, synonyme d’inclusivité mâtinée de tolérance avec un zeste de vivre ensemble, le tout saupoudré de platitudes. Quelle grossière erreur, et de plus commise par ceux qui, plus que tous les autres, devraient être les gardiens du temple de la langue française. Hélas, dans le monde « huxwellien* » dont ils rêvent, à la fois transhumaniste et totalitaire, le langage doit s’appauvrir pour interdire la moindre révolte. « La perversion de la Cité commence avec la fraude des mots », affirmait Platon. La thèse que certains parmi les zélés fonctionnaires du Mammouth logé rue de Grenelle sont effectivement des pervers reçoit ici encore un indice à charge de plus.

Non, la laïcité, ce n’est pas ça. Ce n’est pas cet amoncellement de bons sentiments sirupeux et dans l’air du temps, promus pour tenter de faire croire que nous serions une société où les tensions s’apaiseraient comme par un miracle républicain et agnostique. Ce genre d’affiche n’accomplira pas ce vœu pieux mais désacralisé. La laïcité est née de la parole du Christ qui ordonnait de rendre à César et à Dieu leurs biens respectifs. La laïcité, ce n’est pas réunir des personnes, c’est fondamentalement séparer ce qui relève du sacré, du religieux, de ce qui concerne le civil, la cité. En notre France à l’Histoire compliquée, depuis 1905, l’État garantit la liberté de conscience et celle des religions et cultes dans le respect de l’ordre public, et s’oblige à leur égard à la neutralité et, enfin, s’interdit de n’en favoriser aucun.

Sauf que l’État d’aujourd’hui est lâche et veule : il refuse l’obstacle. Il est un culte en France qui, sans être une secte, refuse en partie la liberté de conscience que l’État devrait garantir à toutes les personnes présentes sur le sol national. Mais l’État ne veut pas s’opposer frontalement à lui, l’obliger à se soumettre comme il a jadis soumis les catholiques. Alors, puisqu’il ne peut pas changer les choses, il tente de changer les mots et leur sens.

 

* Néologisme en mot-valise formé avec Huxley et Orwell

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