« La liberté dans le hijab » : une campagne de publicité financée par Bruxelles
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À bien y réfléchir, cet énième spot de propagande nord-coréenne, pourtant si maladroit et si grossier qu'on le dirait découpé à la scie sauteuse dans un tract des Frères musulmans, n'est pas absurde. Je m'explique.
Ce clip, assez court, montre plusieurs femmes (de toutes les couleurs), d'abord vêtues « à l'européenne », c'est-à-dire n'importe comment, puis en hijab. Ce hijab est d'ailleurs européen, lui aussi, semble-t-il, puisque cette campagne est financée par le Conseil de l'Europe, c'est-à-dire par nous. Les images se superposent verticalement, une moitié en civil, une moitié en foulard. C'est la même femme et en même temps non. Merveilleux. Le slogan s'affiche en anglais (le Brexit n'y a rien fait) : « Beauty is in diversity as freedom is in hijab. » Pas besoin de traduction, on a tous compris.
Il n'est pas absurde que ce slogan parle finalement à tous les camps. Oui, la beauté est dans la diversité : diversité des paysages, des silhouettes, des costumes, des traditions, des architectures, des couleurs de peau, des religions, des gastronomies, etc. Mais pour défendre cette diversité, il ne faut pas transformer le monde en un dépotoir uniformisé, recouvert de béton et de cages à poules, d'employés du tertiaire et de McDo, de survêtements et de décorations d'Halloween, de chichon et de Netflix, un monde perfusé par la morphine d'une religion séculière, celle de l'humanisme devenu fou. Il ne faut pas non plus considérer que le hijab, c'est l'Europe, tandis que les chrétiens sont massacrés dans les pays musulmans. Il faut, au contraire, que la diversité, dans sa beauté singulière, soit préservée dans chacun de ses lieux naturels de déploiement, et non mélangée au mixeur pour obtenir une purée humaine décérébrée, universalisée, déculturée.
Oui, également, la liberté est dans le hijab. La paix, même, est dans le hijab. Je m'explique (bis). Nos lecteurs savent que les mots arabes se forment autour de trois consonnes, qui sont la racine de leur sens : par exemple JHD, qui a trait à l'effort, donne ainsi jihad, bien connu, mais aussi ijtihad, qui signifie interprétation (du Coran) et est encore pratiqué par les musulmans chiites. Sur le même modèle, SLM a donné salam, la paix, mais aussi islam, la soumission. Le philosophe allemand Ludwig Wittgenstein, dans son Tractatus logico-philosophicus (1918), avait tout dit : « Les limites de mon langage signifient les limites de mon propre monde. » Ainsi de cette corrélation entre paix et soumission, en arabe et dans la culture islamique.
En islam, donc, les femmes ne sont libres que dans la soumission consentie ; c'est probablement, d'ailleurs, ce que veut dire le Conseil de l'Europe en publiant, en parallèle de sa campagne vidéo, des affiches de femmes voilées avec le slogan « my headscarf, my Choice » (« mon foulard, mon choix »). « La femme sans voile est comme une pièce de deux euros : visible de tous, elle passe de main en main », résumait, il y a quelques années, avec un appréciable sens de la formule, Hani Ramadan, frère de Tariq.
Notre civilisation européenne, gréco-latine, pagano-chrétienne, ne meurt pas seulement sous les coups de ses envahisseurs. Elle meurt aussi de la dépression suicidaire de ses élites. Je pense à la fin de ce poème de Baudelaire, Je suis comme le roi d'un pays pluvieux, qui parle d'un prince apathique et malheureux, et j'y vois, en conclusion, un parallèle avec la situation présente, entre carnage terroriste et démission des puissants :
Le savant qui lui fait de l'or n'a jamais pu
De son être extirper l'élément corrompu,
Et dans ces bains de sang qui des Romains nous viennent,
Et dont sur leurs vieux jours les puissants se souviennent,
Il n'a su réchauffer ce cadavre hébété
Où coule au lieu de sang l'eau verte du Léthé.
Les Grecs avaient décidément tout prévu, puisque Léthé, la déesse du fleuve éponyme, déesse de l'Oubli, était la fille d'Éris, la Discorde. L'Europe a oublié la guerre séculaire (Lépante, Vienne, la Grèce) que lui a toujours faite l'islam. Elle la revivra. La parenté entre Léthé et Éris plane au-dessus de nos têtes.
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