La loi est inscrite dans le marbre, pas les décisions judiciaires

La juge Bénédicte de Perthuis, qui a prononcé la peine d’inéligibilité contre Marine Le Pen, est l’objet de menaces, sur les réseaux sociaux. Pour le Conseil supérieur de la magistrature, de telles menaces « ne peuvent être acceptées dans une société démocratique ». Aucune menace envers personne, en réalité, n’est acceptable dans aucune société. Marine Le Pen elle-même estime que menacer Mme de Perthuis est « inadmissible » et « scandaleux ».
Je trouve qu'il est scandaleux que des magistrats fassent l'objet de menaces. Que les choses soient très claires : c’est inadmissible !⁰⁰Quand le Syndicat de la magistrature dit qu'il faut empêcher le RN d'arriver au pouvoir, c'est aussi une menace, à l'égard de nos électeurs. pic.twitter.com/b9pHVT41c8
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) April 1, 2025
Les médias et les commentateurs voient dans la mise en cause d’un magistrat un trait caractéristique de « l’extrême droite » contre « l’État de droit ». Un petit quiz ? Qui a dit, en 2020 : « On a basculé dans la République des juges » ? Indice : un cador du monde judiciaire. Deuxième indice : il est bien à gauche. Troisième indice : il ignorait qu’il serait un jour garde des Sceaux. Critiquer les juges n’est donc pas une caractéristique propre à « l’extrême droite ».
Cabale contre le juge Tony Skurtys
En juin 2023, au tribunal de Paris, le juge Tony Skurtys a été suspendu à titre provisoire et « déplacé d’office », une sanction inhabituelle, qui plus est non motivée. « Il a été victime d’une cabale », commente le délégué général de l’Institut pour la justice, Pierre-Marie Sève, joint par BV. « Cela avait commencé sur les réseaux sociaux et était le fait d’avocats de gauche militants, toute une galaxie qui a fait monter une petite musique à son encontre. » Libération participe au mouvement, titrant, en décembre 2022 : « Haro sur le juge Tony Skurtys, le "marteau" de la justice ». Il y a le bon haro, celui de la gauche. Et le mauvais haro, celui dénoncé par L’Humanité : « Quand le RN crie haro sur la justice et l’État de droit ».

Libération, 22 décembre 2022.

L'Humanité, 1er avril 2025.
Le juge Tony Skurtys a été — peut-être l’est-il encore — secrétaire général adjoint du Syndicat national des magistrats FO, classé à droite. À ce titre de syndicaliste, et pour son expertise, il a été auditionné au Sénat ou à l’Assemblée nationale. « Un magistrat extrêmement poli et courtois, témoigne Pierre-Marie Sève, un magistrat exemplaire. » Mais Libé lui reprochait « une sévérité répressive sans commune mesure ». On l’aurait voulu plus coulant. Plus laxiste, peut-être. Plus dans la culture de l’excuse… D'où la cabale.
L’article 434-25 serait-il antidémocratique?
Le Parisien l’a écrit : le juge Skurtys était « très critiqué ». C’est donc autorisé de critiquer les juges et leurs décisions ? Oui. Même si les décisions judiciaires sont protégées du discrédit par l’article 434-25. Comme le rappellent beaucoup de commentateurs pressés d’entraver toute analyse du jugement rendu ce 31 mars, cet article autorise évidemment les « commentaires techniques » et tout commentaire « tendant à la réformation, la cassation ou la révision d'une décision ».
D’ailleurs, nous rappelle Pierre-Marie Sève, « en faculté de droit, l’exercice préféré des étudiants est le commentaire d’arrêt. Cela consiste, précisément, à commenter et à critiquer un jugement. » Et il conclut : « On a heureusement le droit de se poser des questions sur le raisonnement juridique. Dans une société normale, l’article 434-25 ne peut s’appliquer qu’à des cas extrêmes, sinon l'on est dans une société dictatoriale. » Il rejoint l’analyse d’une autre juriste, Lauréline Fontaine, professeur de droit public, qui voit en l’article 434-25 « le garant du maintien d'une disposition dont les effets sont potentiellement nocifs au regard d'un système démocratique ».
Dernier témoin appelé dans ce dossier : Émile Zola, dont le « J’accuse » est devenu un texte emblématique, cumulant critique d’une décision judiciaire et mise en cause des juges. À ceux-ci, l'histoire ne donne pas toujours raison : Émile Zola est au Panthéon, « J’accuse » est étudié au lycée.
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31 commentaires
Ah ? la loi inscrite dans le marbre… jouer du couteau ça coûte cher d’après la loi ! Mais pas en réalité…
Bref, les lois sont interprétées, différentes en leurs jugements selon que l’on soit à Aix ou à Guéret etc et selon le syndicat ( ou pas ) de tel juge, non ? J’aimerai me tromper.
La crainte de voir Marine Le Pen accéder au pouvoir a entraîné son éviction par juge interposé. Il est hors de question qu’elle puisse changer le système, car c’est bien la grande crainte de nos gouvernants : une vraie alternance !
Il faut élargir le contexte : en novembre 2024, le candidat de la droite en Roumanie Calin Georgescu, arrivé en tête du premier tour de la présidentielle avec 23 % des voix, a été évincé pour proximité avec la Russie. En février 2025, lors des élections législatives allemandes, la possibilité d’une victoire de l’AfD, qui arrivera finalement en seconde position, rend fous furieux les européistes. Le soutien d’Elon Musk est considéré comme inacceptable et l’ancien commissaire européen Thierry Breton parle même d’annuler l’élection en cas de victoire de ce parti !
La réalité est donc simple : il n’y a pas d’alternance possible, la Droite n’a pas le droit d’arriver au pouvoir ! Il n’est pas question que l’extrême-centre socialo-progressiste puisse passer la main. Nos grands démocrates sont en réalité les représentants d’un régime qui vire au totalitarisme. Après l’interdiction des médias de « Droite » comme C8, il convient d’interdire les candidats de Droite. Les Français n’ont plus le droit de voter à Droite ou souverainiste ou patriote, ni même d’être de Droite !
Orwell 2025