La Macronie joue la proximité, mais les acteurs sont mauvais…

Capture d’écran (2210)

Il y a un an, Emmanuel Macron, avec cette autosatisfaction gênante qu'on lui connaît, se rendait sur le Champ-de-Mars pour fêter sa victoire. 58 % face à Hitler, il n'y avait pas de quoi pavoiser, mais lui, il voyait ça autrement. Devant une mer de cheveux blancs et une meute de petits bobos, le chef de l'État réélu s'avançait sur l'« Ode à la joie », peut-être en guise de clin d'œil à ses ambitions futures. Un discours lénifiant au cours duquel il faisait montre de fausse humilité et disait vouloir rassembler. Quand il dit quelque chose, vous pouvez être sûr qu'il va faire le contraire - et on peut dire que, cette fois-ci encore, il n'a pas déçu.

Un an plus tard, Macron est entré dans l'âge mûr. Celui qui, selon une formule de Desproges, précède l'âge pourri : une impression de fin de règne, crépusculaire, lamentable, bas de gamme, s'est emparée des spectateurs de la Macronie en déroute. Violence de la réforme, violence des manifestants, violences policières, violence parlementaire : le Président de l'apaisement sème la déroute et l'excès, attise la colère et la haine. On a vu meilleur rassembleur ; mais, encore une fois, il fallait s'y attendre. Ça ne change pas, un homme, un homme, ça vieillit, chantait Johnny Hallyday. Même si Macron est encore jeune, il n'échappe pas à la règle. Qui aurait pu croire qu'il serait devenu « sympa », qu'il aurait commencé une carrière de vrai chef d'État à son deuxième mandat ? Beaucoup trop de Français, apparemment, y ont cru, castors éternels, cocus de l'Histoire qui se sont laissés abuser par les injonctions médiatiques.

Les images misérables de Pap Ndiaye bloqué en gare de Lyon par un concert de casseroles, puis entouré de gardes du corps qui disent métaphoriquement « personne n'entre dans la bulle », sont le énième signal de la décrépitude de ce ramassis d'ambitieux hors-sol, qui s'appela hier « En marche », s'appelle aujourd'hui « Renaissance », mais dont le nom, au fond, importe peu. On comprend bien ce que recouvrent ces noms flous, interchangeables : une élite aveugle et sourde, qui fonce dans le mur pied au plancher sous les injonctions de l'Union européenne, des fonds de pension et des cabinets de conseil. Alors, pour aller au peuple, il n'y a plus beaucoup de solutions : il y a la gesticulation et le ridicule. Incapable de sortir de l'« en même temps », Macron a choisi les deux. Alors, ses ministres se lancent dans une sorte d'« Intervilles » pitoyable, une tournée de province approximative, à laquelle ils ne sont - ça crève les yeux - pas habitués. Les hôtels petit format, les parkings de zone commerciale, les restos faussement créatifs, les gens en parka aux yeux baissés, les petites voitures blanches ou grises, les mères célibataires qui poussent des Caddie™, les cités perdues de la diagonale du vide : ils ne savent pas ce qu'est la France, la vraie.

Comme dans une version politique du drôle et triste Tandem de Patrice Leconte, nos ministres sillonnent la France pour donner l'impression du courage physique et de la proximité affective, deux choses que, pourtant, il est impossible de simuler. Sur BFM TV, une pathétique carte de France montrait, le 24 avril, où les membres du gouvernement se déplaçaient. Leurs visages de losers anonymes, joints aux noms de Valençay, Lons-le-Saunier ou Montceau-les-Mines, donnent à la fois le sourire et la nausée. Le sourire : on a l'impression de voir une tournée de chanteurs d'autrefois (« Âge tendre et tête de bois ») ou de commerciaux ringards (avec la quinzaine des fromages à Valençay, puis les huit jours fantastiques à Lons-le-Saunier, puis une vente flash avec 30 % sur les outils de jardin à Montceau-les-Mines). La nausée : on ne peut pas sillonner en voiture officielle un pays que l'on méprise, pour serrer deux ou trois mains et « faire de la pédagogie », « expliquer sans relâche ». Les Français n'ont pas besoin qu'on leur explique : ils ont bien compris où menait ce second quinquennat. Ils le voient sur leur fiche de paie, ils le voient dans les rues et dans la rubrique faits divers, ils le constatent dans la tiers-mondisation de leur vie quotidienne. La pédagogie méprisante de ces petits ministraillons insupportables, il n'en veulent plus.

Âge mûr et têtes de cons : bon courage au bus qui assurera cette grotesque tournée. On attend, avec gourmandise, la liste des salles polyvalentes ou des amphis de zone industrielle dans lesquels vont se rendre ceux qui sont censés faire le bien du pays et que, désormais, tout le monde déteste. Ça ne suffira pas, mais on aura bien rigolé. C'est au moins ça, pas vrai ?

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

52 commentaires

  1. Macron voulait emmerder les français non « vaccinés »- plutôt injectés d’ARNm- sans résultat équivalent aux attentes annoncées, répétées pendant des mois, plus d’une année. Et s’il n’y avait que ça ? ! ! ! Il avait dit que cette r2forme des retraites c’était inutile..A force de crier au loup, plus personne n’écoute….Eh bien le peuple fait entendre sa voix. Il permet ?

  2. Un jeune ministre de l’économie qui travaille 2 ans avant la fin du mandat Hollande pour organiser sa candidature à la présidentielle 2017 en débauchant secrétaires d’Etat et ministre en activité pour créer un parti. Deux années payé par nos impôts pour nuire au PS et LR. Il ne fallait pas attendre grand chose de Macron pour gérer la France.
    Ses électeurs n’ont pas compris que ce copinage allait détruire la France du travail , de la sécurité, de la justice et de l’économie. Le premier de sa promotion des énarques a ruiné la France et a vendu notre Nation à l’Europe de l’immigration.

  3. Le problème, et il est plus que grave, est que les idées dont Monsieur Macron se dit porteur ne lui appartiennent aucunement (d’ailleurs les comprend-il lui-même ?). Elles n’émanent que des serviles cerveaux de Bruxelles eux-mêmes sous tutelle américaine. La France a déjà perdu sa boussole, son âme, sa Culture, son Histoire….sa richesse en somme. Un grand merci à la macronie !

  4. Sortir les Français de leur léthargie, il fallait le faire, tant le grand conditionnement a été efficace depuis plus de quarante ans! Ils y ont réussi, ces accidentels du pouvoir, tant leur incompétence et leurs maladresses sont insupportables! On constate même de la déception chez certains bobos et cheveux blancs! C’est à en redevenir presque optimiste…

  5. Pap N Diaye a casé ses enfants à l’Ecole Alsacienne ( d’où est sorti également G. ATTAL). L’élite connait les vrais chemins de la réussite…Ce qui est bon pour nous ne l’est pas pour eux.

    • La photo de Pap N’ Diaye devrait illustrer la définition du mot « tartuffe » dans le dictionnaire.

  6. effectivement, superbe article comme très souvent sous la plume inspirée d’A. Florac ! Il n’empêche : les Français, beaucoup plus fatigués que leurs amis européens, doivent accepter de travailler un tout petit peu plus longtemps…

  7. Malgré la décadence des fameux « Molière » tous ces saltimbanques sont loin d’être à la hauteur.
    Malgré l’hommage des musiciens de quartier ils réitèrent leur prestation issue d’une leçon mal apprise !
    Mais qui a inventé ce tour de France dont la caravane s’effrite…

  8. Le prochain président n’aura plus aucun pouvoir. Chaque région, pas les nouvelles, les anciennes, celles d’avant Hollande, éliront leur président. Et eux éliront celui d’entre eux qui inaugurera les chrysanthèmes nationales seulement.

  9. J’étais à Vendôme dans le Loir et cher pour lui souhaiter la bienvenue, nous étions parqués à plus de 200 mètres avec un déploiement de policiers impressionnant, impossible d’approcher sa seigneurie. J’ai un peu regretté que la majorité des personnes présentes étaient visiblement encartés cgt et gauchos de tout poils (pas du tout ma tasse de thé ) tout ça pour quoi ? Pour faire la promotion d’un cabinet médical qui à maintenant 2 ans et qui avait au départ 4 médecins pour aujourd’hui se retrouver à 2 ( 1 désormais retraité et 1 médecin étranger qui à trouver mieux ailleurs ) belle réussite en effet …

  10. Bonne continuation, Messieurs -dames ! D’où ce bouffon sort-il ? Pour qui nous prend-il ?
    Peut-être veut-il faire peuple pour être proche du populo, il fait plutôt sale gosse mal élevé.

  11. Ces gens sont suffisamment intelligents et bien trop informés pour ignorer les raisons de la détestation, voire de la haine, dont ils sont l’objet. Il n’y a pas de déconnexion mais plutôt de la provocation. N’est-ce pas jouissif que d’aller au contact de ceux que l’on méprise si ouvertement ? N’est-ce pas grisant que de s’offrir le frisson du danger derrière un paravent de types en armures et boucliers? Le plaisir d’aller narguer ceux qui ne sont rien, ça vaut combien de lignes? dans le nez…

  12. Je comprend Macron, après un quinquennat complètement raté, il pense pouvoir récupérer en 4 ans et laisser dans l’histoire une très bonne image.
    Mais qu’il se rassure, les français ont tellement honte de l’avoir élu qu’ils déchireront les pages de l’histoire 2017 / 2027 ( ou avant ).
    Qu’il s’en aille, le cœur léger.

  13. Désolé pour la répétition, mais si les Français sont assez idiots pour avoir réélu macron après cinq ans de mandat, c’est qu’ils ne comprendront jamais. Et il y a fort à parier que le coup de « la bête immonde » fonctionnera encore bien en 2027.

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