La magistrature au service du pouvoir
La finalité de l’opération n’était pas de faire justice mais d’évincer Fillon. La condamnation récente du candidat malheureux n’a été qu’une validation de l’opération, comme par hasard au moment des municipales, histoire d’aider sans doute Les Républicains… Acharnement sur les uns, protection des autres : la différence réside dans le rapport avec le « Château ». Les concurrents éventuels sont les plus ciblés : une véritable « chasse au Sarkozy » n’en finit pas, d’une affaire à l’autre, d’écarter l’indésirable. Même si l’on doit attendre les décisions de la Justice, le ciblage et l’agenda laissent peu de doutes sur leur intention politique. De la même façon, la sévérité des peines prononcées contre les gilets jaunes, les vrais, et non les casseurs introduits dans leurs manifestations, a dépassé tout ce que l’on avait connu jusqu’à présent en matière de répression de manifestations, non seulement par la brutalité du maintien de l’ordre, mais aussi pour les suites judiciaires : 1.796 condamnations, 316 mandats de dépôt...
Dans cette mise au service du pouvoir macronien de la magistrature, il n’y a pas seulement une préférence idéologique pour le « progressiste » face à la droite, pas seulement un ralliement au sein du « bloc élitaire » contre le « bloc populaire », il y a le désir d’une caste de s’émanciper du pouvoir en le rendant dépendant d’elle. L’idée d’une indépendance de l’ensemble à l’égard du pouvoir est absurde car le parquet doit évidemment être soumis à une politique tandis que les juges doivent juger des personnes, et le faire en toute indépendance en appliquant la loi. Or, on assiste, aujourd’hui, à un phénomène gravissime qui détruit les fondements mêmes de la République : le pouvoir législatif est désormais totalement aux ordres de la présidence qui se plaint parfois des réticences des députés, et par une sorte de masochisme, ceux-ci ont tendu aux magistrats des verges pour se faire battre, par exemple en diminuant l’immunité parlementaire qui est simplement la protection de la liberté de parole d’un représentant du peuple.
L’autorité appuyée sur le « quatrième pouvoir » des médias est devenue, de fait, le premier des pouvoirs, puisque la stratégie déployée pour Macron pourrait parfaitement se retourner contre lui. La nomination de Dupond-Moretti a été ressentie comme une offense par beaucoup de magistrats. Le ministre de la Justice est, aujourd’hui, visé par une instruction de la Cour de justice de la République après les plaintes de l’association Anticor et de trois syndicats de magistrats. Des plaintes ont également été déposées contre les ministres qui ont géré la crise du Covid-19. C’est le président lui-même qui confiait à Philippe de Villiers que son premier ministre gérait son « risque pénal ».
Le gouvernement des juges face à un pouvoir politique démonétisé ne va ni dans le sens de la démocratie, puisque le peuple est tenu à l’écart de cette lutte sourde à l’intérieur de l’oligarchie, ni dans celui de la République, puisqu’il inverse la hiérarchie légitime des pouvoirs que seul le suffrage populaire doit fonder.
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