La messe est revenue ! Le vade-mecum du parfait catholique

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La newsletter de l’église aixoise Saint-Jean-de-Malte, sous la plume de son curé, frère Daniel Bourgeois, rassurerait, à elle seule, si besoin était, notre ministre des Cultes sur la sagesse des catholiques appelés à reprendre le chemin des églises. Curé ? Il y a peu, on disait « membre du clergé affectataire ». On dit, à présent, « gestionnaire du lieu de culte ». Ce vade-mecum du parfait fidèle pour le temps présent, s’appuyant sur des décrets récents parus au JO, est un rappel des obligations des fidèles et
un appel à un bon sens non dénué d’humour.

Toute personne âgée de plus de onze ans (celles de santé fragile sont invitées à la prudence) portera un masque de protection homologué. Ce masque pourra être momentanément retiré pour l’accomplissement des rites. Toute personne venue visiter l’église (occasion de rappeler la superbe Crucifixion de Delacroix) ou pour prier est priée de respecter les normes de distanciation, les gestes barrières en vigueur dans les lieux recevant du public, l’obligation du gel à l’entrée, les marques au sol en cas de déplacement, en particulier pour la communion. La communion n’est pas autorisée dans la bouche.

Comme tout objet, fût-il de piété, peut être aussi contaminé que contaminant que les vêtements du voisin, on évitera de toucher les objets de piété. Les cierges étant tous les mêmes, inutile de les tester : offrons-les pour les prêtres et les séminaristes.

En revanche, bonne nouvelle ! Selon les autorités compétentes, les offrandes de la quête ne sont pas contagieuses. La monnaie papier le serait moins que la monnaie métallique. Sans doute aussi la carte bancaire, avec ou sans contact. Occasion de rappeler aux fidèles que l’aide aux prêtres est diminuée de sept pour cent par ce diocèse. Et ce n’est qu’un début, paraît-il !

On en sait peu du comportement de ce virus, sinon son ardeur à se propager, sa viralité non discriminatoire puisqu’il touche également riches et pauvres, son universalité : bref, sa catholicité. Si les autorités ad hoc se livrent toujours à des débats d’une haute et comique technicité, raison de plus pour les fidèles d’adopter un comportement responsable. Inutile de se bousculer quand les églises rouvriront. Si tous sont appelés, le nombre de places sera limité. Raison de plus pour arriver à l’heure, c’est-à-dire avant que la célébration ne commence.

Coram tibi cantabo, dit le psaume. Si l’Eucharistie est le sommet de la vie sacramentelle, le chant est l’âme de la prière. La place du chant, vecteur privilégié du virus, sera, hélas, réduite. On comprend le crève-cœur de frère Daniel, ami du dominicain André Gouzes, qui fait vibrer, depuis si longtemps, sous les voûtes, la Liturgie Chorale du Peuple de Dieu. Que ces contraintes soient pour nous vivifiantes. Relisons le livre de Benoït XVI L’Esprit de la musique.

Ultima verba. L’Académie française a tranché le genre du virus. On doit dire « la Covid-19 » (pour coronavirus disease). Quant à « distanciation sociale », traduction de social distancing, la docte Assemblée fait la moue. Alléluia !

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 29/05/2020 à 17:27.
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Marie-Hélène Verdier
Agrégée de Lettres Classiques

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