La moindre PME recherche compétence et expérience… pas l’entreprise France !
C’est à Frédéric Mitterrand que revient la meilleure synthèse de ce remaniement : « Elle n’y connaît rien mais ce n’est pas grave », a-t-il déclaré, benoîtement, au micro de RTL, ce vendredi 12 janvier. Il parlait, en l’occurrence, de Rachida Dati, qu’il a précédée dans la fonction, mais il aurait pu aussi bien le dire des autres. Choisis pour ce qu’ils sont et non ce qu’ils font. Il s’agissait d’un casting - choix d’acteurs et de figurants pour un film ou un spectacle - et non d’un remaniement. Quelle autre entreprise, PME ou multinationale, recrute avec autant de légèreté, se moquant comme d’une guigne de la compétence ? « Je suis ministre, je ne sais rien faire ! », s’écriait Louis de Funès dans La Folie des grandeurs. Mais le film était censé être une fiction comique.
#RachidaDati : "Elle n'y connait rien mais c'est pas grave"
Frédéric Mitterrand dans #RTLMatin avec @amandine_begot pic.twitter.com/ZgdLvZh8GO
— RTL France (@RTLFrance) January 12, 2024
Le gouvernement n’est pas la fashion week
Loin de séduire - jusqu’au ridicule -, l’âge du Premier ministre devrait au contraire inquiéter. Il n’y a que pour le métier de mannequin que la jeunesse est en principe un atout. Or, le gouvernement n’est pas la fashion week. Le mot « expérience » a-t-il disparu du vocabulaire ?
Mais dans ce casting, ce sont surtout les femmes que l’on est allé chercher. Laborieusement. Aux forceps, pour rester dans un registre qui leur est propre. Si la liste des ministres a tant tardé, c'est pour cela. Ce serait leur faire insulte de dire qu’on a raclé les fonds de tiroirs, mais le constat est là. La quête fut longue et fastidieuse. Et fait peser une présomption d’incompétence, à tort ou à raison, sur les intéressées. C’est l’effet prodigieusement pervers de la parité.
Rachida Dati a donc remplacé Rima Abdul-Malak, avec laquelle elle partage l’atout, pour Emmanuel Macron, d’être issue de la diversité. Beau parcours, décidément, pour celle que Daniel Schneiderman, dans Libération le 4 mai 2009, appelait « la beurette de Châlon-sur-Saône », alors que deux portraits au vitriol venaient d’être publiés : Belle Amie, de Michaël Darmon et Yves Derai (Éditions du Moment), et Du Rimmel et des larmes, de Jacqueline Rémy (Le Seuil). Dans ce dernier, l’auteur cite Rachida Dati : il faut « baiser utile ». Une préconisation que celle-ci vient d'appliquer, dans les grandes largeurs : elle a b... LR. Et c'était « utile », au vu du prestigieux ministère décroché.
Foin de sa mise en examen dans l'affaire Ghosn, de ses relations ambiguës avec le Qatar, de ses vrais-faux diplômes pour entrer à l’École nationale de la magistrature, de sa bague grosse comme le Ritz (ou presque) photoshoppée par Le Figaro, des prêts à durée indéterminée de robes de grands couturiers, des rebondissements de vaudeville autour de la paternité de sa fille, de son bilan critiqué (avec notamment la fermeture d'un tribunal d'instance sur deux) au ministère de la Justice, cette Rastignac d’outre-Méditerranée a quelque chose, dans son franc-parler truculent, de séduisant, comme un Benalla qui aurait été nommé à l’Intérieur. Le patrimoine n’est pas à l’abri d’une bonne surprise, et les intermittents du spectacle, d’une mauvaise. D’ailleurs, elle n’aura plus besoin d’eux : le spectacle, à la Culture, c’est elle qui le fera. Avec ses punchlines dont le presse bruisse désormais.
En même temps que Rachida Dati, Catherine Vautrin, jadis rivale malheureuse d’Élisabeth Borne en raison de sa participation à la Manif pour tous - elle s’en est depuis repentie, excusée, mise plus bas que terre… -, est censée être la caution de droite de ce gouvernement. Sitôt nommée ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités, elle a rendu hommage à Simone Veil alors que « son texte fondateur » légalisant l’IVG doit être « gravé dans le marbre de notre Constitution ». Elle a également précisé ne « pas oublier » le « grand sujet » de la fin de vie. Gageons que ce ministre passera son mandat à essayer de prouver qu’elle n’est pas la méchante conservatrice de droite qu’on l’accuse d’être... et qu'elle fera passer l’euthanasie.
Quant à Amélie Oudéa-Castera, déjà présente au gouvernement, elle a élargi ses prérogatives, prenant la tête d’un super-ministère - ou d’un ministère fourre-tout - regroupant les Sports, qu’elle avait déjà dans son portefeuille, mais aussi l’Éducation, la Jeunesse et les Jeux olympiques… laissant imaginer que le poste de ministre de l’Éducation ne nécessite qu’un mi-temps. Un espoir, cependant : Amélie Oudéa-Castera scolarisant ses trois fils à Stanislas, peut-être va-t-elle songer à appliquer au reste de la France ces excellentes méthodes de travail réservées jusqu’ici à une certaine élite.
« Vous n’y connaissez rien, ce n’est pas grave »
« Soyez fiers d’être des amateurs ! » avait déclaré le chef de l’État à ses députés, en février 2020. « Vous n’y connaissez rien, ce n’est pas grave », pourra-t-il lancer en écho à son nouveau gouvernement. Ce n’est pas sur ces critères, on vous dit, qu’il les a choisis ! L’entreprise France est bien partie.
Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste
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39 commentaires
Le propre des incompétents est de chercher des collaborateurs encore moins compétents qu’eux, afin qu’ils ne leur fissent point d’ombre.
C’est ainsi que la nullité grimpe au sommet !
Madame Cluzel, bonjour, et Bonne Année 2024.
Je m’inscrit en faux par rapport au titre de votre article : « La moindre PME recherche compétence et expérience… pas l’entreprise France ! ». C’est inexact. A 67 ans, j’ai travaillé dans le privé toute ma carrière. Dans des PME. J’ai vécu l’épreuve du chômage plusieurs fois et j’ai pu, malgré tout continuer ma carrière. Non, Les TPE, les PME et même les grandes entreprises ne recherchent pas compétente et expérience. Côté « compétences », elles cherchent des « profils », et surtout des « diplômes ». Pour le profil, la souplesse et la malléabilité priment. Des incompétents seront favorisés parce que mieux manipulables par leur hiérarchie. Quant à « l’expérience », pardon, mais je me suis trouvé en entretien avec un DG pour un poste, justement, où l’expérience était exigée, et je me suis entendu dire « vous avez 43 ans, ce n’est pas un peu vieux pour ce poste ? ». J’ai répondu qu’acquérir de l’expérience prenait du temps. Le monde du travail, pour la majorité des Français, est devenu un cloaque. Une sorte de marigot où « on » exige de nous de travailler de plus en plus et de plus en plus vieux pour nous jeter comme des mouchoirs en papier usagés à partir de 35 ans. Alors même qu’il faut, en réalité, dans le privé, travailler au moins jusqu’à 67 ans pour être à jour de ses cotisations retraite (ancien système!) et où il faudra sans doute aux plus jeunes faire leur pot de départ au crématorium.
Par deux fois, j’ai été embauché parce le critère retenu était … mon jour de naissance ! … J’avais le même jour que le fils de la patronne ! … Alors je ne suis pas étonné de savoir que des cas de recrutement se font avec des cartes de prédiction ! … Les valeurs du « socialisme » favorable aux « valeurs du travail » sont devenus des fantômes qui ne datent pas d’hier ! … J’ai honte de voir comment la décadence de la France s’est développée mais surtout comment elle s’est accélérée de façon exponentielle depuis mai 2017 ! …
L’incompétence est devenue un moyen de gestion des ressources humaines et de management d’abord dans l’entreprise, bizarrement après mai 1981, avant de contaminer, progressivement, le monde politique, que ça a bien arrangé : ça facilite les carrières juteuses. Mais qui recrute ces incompétents au plus haut niveau ?
Deux citations me viennent l’esprit concernant le manque d’expérience de Gabriel Attal.
La première est de ch. De Gaulle (au fil de l’épée) : » Au chef, comme à l’artiste, il faut le DON, façonné par le métier « .
La seconde est tiree d’une chanson plus triviale de Georges Brasses : « … et sans technique un don n’est rien qu’une sale manie »…
macron sait tout ! Surtout comment emmener la france à être dissoute dans l’europe allemande/américaine. Si ce personnage veut rester le « grand ordonnateur » il lui faut des ministres nuls pour pouvoir les diriger sans problème et imposer sa pensée. Mais depuis des dizaines d’années avons-nous eut un jour des ministres à la hauteur de leur nomination ?
Et encore pour la parité , il a fallu aller chercher les lingères et les petites mains… oh pardon « ministres déléguées »! Le plus sidérant tout de même c’est que les plus incapables notoires sont reconduits dans leur ministère : toujours plus de crimes , toujours plus de dettes et moins de production , pas suffisamment de places de prison ni d’oqtf exécutées ….Soyez révolutionnaires ! ça promet . Accessoirement , l’ordre protocolaire est bousculé et les ministères régaliens sont relégués , mais ça c’est ringard .
L’entreprise France est proche de la faillite.
La France est en faillite depuis Jospin. La chute avait commencé avec Mitterrand et la retraite à 60 ans. Les 35 heures, la mondialisation maastrichtienne et l’euro ont mis la Pays en faillite. Confirmée par Fillon. Aujourd’hui nous sommes de en banqueroute frauduleuse.
Mais, Monsieur Darricarrere, avec plus de 3.000 milliards d’euros de dette, elle EST en faillite… et qui la reprendra dans cet état ??? À moins d’annuler la dette, mais ça, c’est une autre histoire, n’est -ce pas ?
Au fait, amateurs ou non, il y a un autre problème sous-jacent, c’est celui concernant le relier ministre et son ministre des AE. Comme l ‘à écrit si bien un journal sénégalais hier, leur homosexualite déclarée voire affichée risque de les interdire d’accès dans de nombreux pays africains mais pas seulement, en particulier les pays musulmans du moyen Orient à l’Asie du sud-est. Une fois de plus, Macron n’y a pas pensé ou alors s’en moque. Quelle belle image de la France.
Dans le même genre, on se rappelle comment Erogan, musulman convaincu, avait traité madame Von der Leyyen parce que dans son pays, elle n’était « qu’une femme »… Alors quelle sera son attitude quand il devra recevoir le « premier ministre » de la France et son « chef de la diplomatie » vivant officiellement en n couple ?
Amateurs ou non, il y a un autre problème sous-jacent,
Pas besoin de competence …c’est démodé .. quelques casseroles aux fesses ou quelques particularités spéciales et dérangeantes .et vous aurez la possibilité d’entrer au gouvernement…
Ministre … un métier en tension ! On devrait bien trouver quelques employés compétents parmi les centaines de milliers de migrants qui entrent chaque année sur notre territoire pour faire le job, non ? D’autant qu’ils sont tous ingénieurs, professeurs d’université, médecins, juristes ou architectes. Il feront le même boulot que nos ministres, mais seront payés trois fois moins, rouleront en Clio, se fringueront chez Célio et non plus chez Smalto, boufferont chez McDo et boiront de l’eau à la place du Château Margaux. Voilà une piste intéressante pour faire des économies sur le budget, l’exemple doit venir d’en haut.
Dati au propre comme au figuré baise tout le monde et dans tous les sens.C’est une caricature condensée des politiques actuels.
voila on a encore un gouvernement de clowns, les journalistes vont s’en donner à coeur joie, et nous français on va subir ces incapables repris de justice !
Ces histoires de parité tous azimuts polluent la vie politique de notre pays, ces quotas ont une priorité sur la compétence, si des femmes doivent être là ça fait un peu potiche et ce n’est guère valorisant.
Mais rassurons nous, il n’y a que 14 ministres nommés, pour faire croire à un gouvernement économe car la semaine prochaine la smala va débarquer (sans doute sans tambours ni trompettes)
Hilarant dans ce casting, le roi des menteurs en tête de liste pour concurrencer Bardella aux européennes !!! Ils sont vraiment hors sol !
Les incompétents comme Macron les aime qui ne serviront à rien puisqu’il décide de tout sur ordre de l’UE . On est mal barré .
Sur CNews , Je viens de voir ces « excellences « sortir sur le perron de l’Élysée après ce premier conseil des ministres ..Me Cluzel a encore raison comme d’hab en parlant de casting ..vous assistez à la sortie étalonnée , espacée, réglée des acteurs tragi-comiques afin qu’aucune de ces talentueuses pépites Macroniennes ne soit oubliées ou cachées aux journaleux qui attendent afin de mitrailler ( photographiquement….) les têtes d’affiche . Vous direz que ces sorties sont toujours un ballet réglé par le protocole ..mais quand vous voyez les personnages sortir comme des personnages haut de gamme , vous essayez de leur attribuer une réussite professionnelle qui explique leur nomination …et bien bonne chance !