La mythomanie antifasciste est en pleine expansion
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Le fascisme est à nos portes. Tremblez, Français ! Tremblez celles zé ceux. Pour lutter contre cette menace, une seule solution : des forces antifascistes. Les réseaux s'organisent, les drapeaux se brodent, le mouvement prend forme. Intermédiaire utile du combat, Le Monde note un engagement de la jeunesse pour prévenir toute arrivée d'un régime quasi hitlérien.
Le 12 juin, relate le quotidien, une manifestation grandiose réunissait les résistants sous une bannière constituée de trois flèches dirigées vers la gauche. Certains prirent la première à gauche. Erreur. Le symbole n'indiquait pas l'itinéraire mais reprenait le visuel des groupes d'autodéfense des socialistes des années 30. À défaut de dictateur présentable en 2021, la référence aux vieux épouvantails replace les troupes dans un contexte de paranoïa aiguë qui fait plaisir à voir. Le tout dans une ambiance « bruyante et festive », précise Le Monde. La réjouissance de la venue d'un petit nouveau sur le terrain dictatorial se lit sur les visages. À Marine Le Pen vient de s'ajouter un Zemmour terrifiant. Deux raisons de paniquer. Festivement ! L'ennemi est inoffensif, tous le savent, mais bon Dieu ! qu'il est agréable de partir en lutte contre un danger qui n'existe pas. Au pire, un Xavier Bertrand affublé d'une petite moustache aurait fait l'affaire. L'antifasciste maîtrise l'art d'accommoder les restes.
« Comme la très grande majorité des antifas, ce dernier souhaite conserver l’anonymat », note le journaliste à propos d'un personnage interviewé pour la bonne cause de l'article. Le résistant d'opérette a besoin de respirer le doux parfum de la clandestinité. Le mouvement est en manque de tunnels, de sous-sol, de quelque chose qui ressemblerait aux planques de résistants vues dans les films. Lino Ventura est mort ? Dommage. Il était bien, dans L'Armée des ombres. « Est-ce que quelqu'un peut faire Ventura, dans la prochaine manif ? » L'appel est lancé. Le casting avance.
Le Monde a tartiné tout le charabia de la mouvance paranoïaque. Des lignes et des lignes de propos confus sur des alliances avec ceci mais pas cela... L'obscurité est de mise. Le sac de nœuds de rigueur.
« Si, demain, le fascisme arrive, je compte autant, sinon plus, sur la résistance des quartiers populaires... », explique l'un des mythomanes. Le quotidien s'est gardé de lui demander en quelle partie du paysage politique il avait vu un personnage ou un parti se proposant d'en finir avec la démocratie. Le fantasme doit être préservé. Le gaillard se croit dans les années 30. L'avertir que des décennies se sont écoulées et que Hitler est décédé pourrait lui créer un choc.
La panoplie du lutteur antifasciste ne saurait être complète sans une préparation physique au combat. Les plus hallucinés s'entraînent. Se bagarrer contre un ennemi imaginaire n'est pas à la portée du premier venu. Il y a des prises, des clés, des coups à porter et la technique dite du « Je reste chez moi » lorsqu'il s'agit d'une menace réelle avec attentats, égorgements, morts et blessés. Rester calfeutré à son domicile dès qu'un fascisme véritable se profile fait partie de l'enseignement de base. À la manière du végan qui rase les murs le jour de l'aïd, l'antifa aime à détourner le regard de ceux qui pourraient riposter violemment. La posture du rebelle sied à l'adolescent en mal de sensations fortes et de romantisme politique. Peu importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse. Dans le cadre d'une révolte à peu de frais, la lutte antifasciste est une aubaine.
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