La naissance la plus moderne dans la famille la plus moderne
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Un jour, je lirai La Fabrication du consentement, de Herman et Chomsky. Promesse de l’ivrogne que je ne suis pas ? L’avenir le dira, mais quand je lis certains articles, je souhaiterais devenir un expert en dénonciation de propagande.
L’article est paru dans le Mirror en date du 28 décembre 2019.
Voici la traduction de son titre : « Un homme transgenre donne naissance au bébé de son partenaire non binaire avec le sperme donné par une femme. » Et sa première phrase : « Le fier papa Reuben Sharpe raconte aujourd’hui comment IL a donné naissance à son bébé miraculeux dans la famille britannique la plus moderne. » Le résumé de la suite : le gynécologue est aussi transsexuel, il conseille à Reuben de cesser de prendre de la testostérone, ses règles réapparaissent, par Facebook, il entre en contact avec la donneuse de sperme qui a transitionné en femme mais en produit encore, deux stimulations ovariennes, le regard des gens qui n’acceptent pas la grossesse, ceux qui les traitent en célébrités, la naissance par césarienne, les parents fous de joie…
On s’esbaudit devant tant de coolitude incarnée : mais qu’il est ringard, même dans la perfide Albion, d’imaginer encore faire un gamin sous la couette ! Le journal l’affirme, cette famille a gagné le grand prix de modernité. Qui sait si c’est celui du mois, de l’année ou du siècle ?
Par contre les libertés prises avec la vérité (certes biologique et dès lors soupçonnée de fascisme) sont nombreuses. Reuben est, au regard de la biologie, une femme, fonctionnelle pour ce qui concerne la reproduction. De même que la donneuse de sperme transsexuelle est un homme dont la transition en femme n’est pas allée jusqu’à l’ablation de ses organes génitaux. Reuben n’est pas le papa mais la maman, celle qui donne l’ovule, qui porte l’enfant et qui accouche. Le bébé n’a rien de miraculeux, il n’est que le produit d’un ensemble de techniques dont l’utilisation est dévoyée… Brisons là, les énumérations trop longues lassent.
La tonalité de l’article, sans aucun recul critique, exclusivement laudatif, montre bien que nous sommes face à une propagande. Il faut de l’émotion, alors le Mirror sert de grosses tartines dégoulinantes d’affects bien sirupeux. Le journal tient un scoop qui coche le maximum de cases transgressives capables d’induire cette émotion, alors on publie et on laisse le temps faire son œuvre. Ce qui fait faire la moue aujourd’hui n’induira qu’un haussement de sourcil demain et laissera froid après-demain, grâce au rouleau compresseur médiatique. Le lobby LGBT marque un point, et saint Augustin, avec son « à force de tout voir ... »[ref]« À force de tout voir on finit par tout supporter... À force de tout supporter on finit par tout tolérer... À force de tout tolérer on finit par tout accepter... À force de tout accepter on finit par tout approuver ! »[/ref], prend un carton rouge et est renvoyé au vestiaire.
Il y a beaucoup de victimes dans cette triste histoire. D’abord le bébé qui naît dans de telles conditions : je lui souhaite bonne chance ! La médecine instrumentalisée. Les médias dominants qui perdent toute crédibilité à relayer ainsi le matériel de propagande LGBT et se condamnent à n’être que des auxiliaires zélés d’un totalitarisme des marchés, discret mais pas bénin. Et les personnes qui se laissent leurrer par de telles dérives : croire qu’assouvir des désirs suscités par une idéologie consumériste perverse rendra heureux est bien naïf. Mais le pire, c’est le nom du journal : Mirror. Il est bien le miroir de notre société devenue dingue. On en change ?
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