La peopolisation de la vie politique éloigne le peuple de la démocratie
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L'esprit vagabonde durant les vacances. Il passe d'une marche à l'autre et à peine intéressé par un sujet, il en choisit un autre.
Pour ne rien cacher de mes errances, j'étais parti sur le couple Obama qui a accablé Donald Trump (BFM TV) puis sur Paris Match avec une magnifique et sereine photographie de Brigitte et Emmanuel Macron en couverture (je persiste : scandaleuse privatisation de leur vie conjugale et familiale au bénéfice de la seule Mimi Marchand) pour aboutir à un sentiment complexe mêlant estime et agacement.
Le président Trump est atypique : c'est un euphémisme. Avant la Covid-19 et sa désastreuse gestion de l'épidémie, j'étais persuadé qu'il serait réélu sans difficulté.
Aujourd'hui, on ne peut plus en être sûr. Le drame américain est qu'il faut peut-être souhaiter la victoire de Joe Biden, alors qu'il n'est pas un aigle démocrate ! La seule argumentation de Trump en défense qui me touche est de l'entendre rappeler au couple Obama que s'il a été élu en 2016, ce dernier n'y était pas pour rien ! De fait, aux États-Unis comme ailleurs, à chaque victoire d'un adversaire, les perdants ont tendance à oublier leur responsabilité comme si c'était une opération du Saint-Esprit qui avait fait gagner l'élection !
Puis Paris Match, cet hebdomadaire dont je ne peux pas me passer et je subis beaucoup de critiques pour n'avoir jamais caché cette addiction... faisant fi de son clientélisme culturel et médiatique pour privilégier souvent ses remarquables enquêtes.
En couverture donc, une belle photographie du couple présidentiel, elle souriante, lui bienveillant.
Mon premier mouvement a été de me demander ce que pourraient bien penser de cette présentation tous ceux qui aux antipodes de cette sérénité se battaient au quotidien, voire contre le président, pour disposer de moyens d'existence décents sur les plans familial et professionnel. Tous ceux qui sont plongés, pour faire un peu de démagogie, dans la vraie vie.
J'ai conscience de forcer le trait mais l'article éclairant d'Olivier Royant, dans les pages intérieures, révèle bien ce que j'ai questionné dans mon titre comme exhibitionnisme démocratique.
Des photographies d'Emmanuel Macron s'adonnant à "sa balade quotidienne en mer" prenant garde de ne pas trop éclabousser son épouse à l'arrière, du couple amoureux de dos et des visions du président en exercice lors de ses sorties de Brégançon.
Et le texte lui-même mêlant des aperçus intimes, des confidences, la quotidienneté du couple, leur vie avec enfants et petits-enfants, à des considérations intelligentes, lucides et riches d'enseignement sur la France et la situation internationale.
Tout cela entrelacé, entrelardé, au point que l'exhibitionnisme démocratique, qu'on le juge inévitable ou non, est peut-être d'abord cela : mettre tout dans un même sac au point d'ennoblir l'intime, au risque de banaliser le grave. De créer une plénitude qui pour les uns sera indécente, pour les autres hypocrite.
Un couple, un président s'abandonnant à cette modernité qui aspirant à vouloir jouer sur tous les tableaux participe insensiblement à l'image de la politique comme divertissement, à l'image du divertissement comme obligation.
Si j'étais Gilet jaune, je continuerais peut-être à cultiver cette idée choquante que le président Macron, ayant été élu par un faible pourcentage de votants, n'est pas légitime. Ce reportage, je le crains, va renforcer ce préjugé. Un chef de l'Etat n'est jamais trop sérieux !
Alors que dans de multiples débats face à des Gilets jaunes courtois (Sud Radio), je me suis battu pour souligner le scandale républicain d'une telle dénonciation.
Mais je ne crois pas que l'exhibitionnisme démocratique soit la meilleure méthode pour rapprocher le président des citoyens, le peuple de la démocratie.
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