La piqûre du Président

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Au moment où les pressions morale, sociale, sociétale, légale et même pontificale sont à leur comble pour inciter les derniers récalcitrants à se faire vacciner (le Premier ministre n’hésitant pas à déclarer qu’il fallait utiliser « tous les leviers » pour cela. Tous, c’est-à-dire ? Tous, on vous dit), ne voilà-t-il pas qu’une polémique éclate : Emmanuel Macron n’aurait pas été vacciné le 31 mai mais le 13 juillet. À en croire Mediapart, qui aurait eu accès aux données de l’assurance maladie ainsi qu’au QR code du Président.

Là, tout de suite, une première réflexion : un organe de presse peut donc avoir accès, comme ça, à des données qui relèvent un peu du secret médical, ou je n’ai rien compris ? Et ça ne choque personne ? Si le chef de l’État n’est pas un citoyen tout à fait comme les autres, il est un assuré social comme vous et moi. Ça fiche un peu la trouille, vous trouvez pas ? À quand la coloscopie des hommes politiques diffusée sur Internet ? Autrefois – je veux dire aux temps où la Ve République avait encore un peu de tenue et de retenue et ne se baladait pas avec un thermomètre dans la bouche ou ailleurs -, on ne savait rien de la santé des Présidents. Pompidou agonisait à vue d’œil sous les caméras mais tout allait bien. Quant à Mitterrand, il réussit l’exploit de cacher tout à la fois son cancer et sa fille, qui était peut-être une peste (si l'on en croit Laurent Gerra) mais pas une maladie. Emmanuel Macron, lorsqu’il fut frappé par le Covid, nous livra lui-même son petit bulletin de santé sur les réseaux sociaux, avec une mine qui faisait peine à voir. Manquait plus que Brigitte pour lui prendre la température et lui apporter son bouillon. D’un excès l’autre.

Mais revenons à cette fichue date de la piqûre présidentielle. En grande pompe – je veux dire par Twitter -, Emmanuel Macron avait annoncé urbi et orbi qu’il avait reçu son injection unique (pour cause de Covid), le 31 mai, à travers un très laconique « Vaccinés ». Avec un « S » car Brigitte était comprise dans le lot. Et de renchérir à son tweet par un autre tweet : « Comme Brigitte et moi, comme 25 millions de Français déjà, vaccinons-nous ! Pour nous protéger, pour protéger nos proches. Prenez rendez-vous sur santé.fr. » Curieux, d’ailleurs ce « vaccinons-nous » au lieu de : « Comme Brigitte et moi, comme etc., vaccinez-vous ! » Mais bon, c’est un détail. Notons, tout de même, que nous n'avions pas eu droit à la photo de la piqûre présidentielle, à la différence d'Olivier Véran. On a ses pudeurs.

31 mai, donc. Mais le formulaire de l’assurance maladie mentionnerait la date du 13 juillet. Explication de l’Élysée : une « erreur humaine ». Une remarque, en passant : l’erreur, comme la bêtise, est toujours humaine. Passons. L’enregistrement de la vaccination d’Emmanuel Macron, qui se fait par un formulaire en ligne transmis à l’assurance maladie, n’aurait été effectué que le 13 juillet. Ces retards de l'administration... Et la personne qui aurait rempli ce formulaire se serait trompée en mentionnant cette date et non celle du 31 mai. Le président de la République victime d’une défaillance de notre administration sanitaire que le monde entier, pourtant, nous envie : c’est à désespérer !

L’Histoire de France est émaillée de quelques grandes énigmes : le masque de fer, le sexe du chevalier d’Éon, l’enfant du Temple, l’empoisonnement de Napoléon, etc. Chaque époque a les énigmes qu’elle mérite. Nous aurons celle de la piqûre du Président Macron : 31 mai, 13 juillet ou à la Trinité ?

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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