La police, dernier rempart mais souffre-douleur du gouvernement

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À Saint-Denis, deux policiers ont été filmés tenant des propos racistes contre un délinquant qu'ils venaient d'interpeller. Ils ont été immédiatement suspendus. Les médias repassent en boucle la vidéo impliquant les deux impétrants. Sans vouloir excuser les paroles imbéciles des agents, il faut quand même constater qu'il y a deux poids deux mesures. Dans cette période dure, tendue, les forces de l'ordre sont soumises quotidiennement à la violence, aux diatribes, aux quolibets.

Hier soir, à Colombes, des policiers municipaux ont été visés par une voiture folle, conduite par un « déséquilibré » qui a foncé sur eux, expliquant qu'il voulait venger les malheurs de la Palestine et la débâcle de Daech. Bilan : deux agents dans un état grave. Les policiers ont de quoi être tendus, au vu des risques qu'ils prennent. On leur demande de faire preuve de maîtrise, c'est-à-dire de se laisser insulter, cracher dessus, parfois brutaliser, pour éviter d'enflammer les banlieues. Et quand deux d'entre eux sont pris en faute, les voila brûlés en place publique sur le bûcher médiatique. N'y aurait-il donc que la racaille et les « déséquilibrés » pour mériter des circonstances atténuantes ? Seuls les délinquants des quartiers ont droit à pléthore d'avocats sur tous les plateaux, qui plaident sans rire la victimisation sociale dans le pays qui dépense le plus pour l'assistanat et les aides en tous genres ?

Les deux agents mis en cause n'ont pas commis de violences, ils n'ont blessé personne, peut-être que les avanies qu'ils subissent sans pouvoir répliquer ont fini par les excéder au point de se lâcher avec ce genre de propos outrageants. Peut-être que la tension qui les habite conduit certains à des rancœurs malheureuses : tant qu'il n'y a pas préjudice physique, ne peut-on pas trouver des circonstances atténuantes à des gens qui se lèvent le matin, quittent leur famille en se demandant s'ils la reverront le soir ? Ils sont aussi humains, sinon plus, que les énergumènes qui les narguent et les menacent toute la journée : ils peuvent eux aussi craquer… Et ils ont droit, comme tout le monde, et peut-être plus que les autres, à une certaine bienveillance, compte tenu de la dureté de leur mission.

Voila deux ans que le gouvernement les presse comme des citrons, les use jusqu'à la corde, entre répression des gilets jaunes, des manifestations, lutte contre le terrorisme, et surtout ordre dans les banlieues. Ils essuient la barbarie des Black Blocs, des racailles, des islamistes... Ils sont la cible privilégiée des terroristes et de tous les fameux « déséquilibrés » que compte notre pays. Ils sont sur tous les fronts, et les mois à venir ne leur laisseront sans doute pas l'occasion de souffler...

Sans eux, Macron et sa bande auraient probablement vu le peuple en colère envahir les palais de la République. L'État leur doit, depuis des années, des millions d'heures supplémentaires impayées. Les juges défont souvent lestement le travail qu'ils mènent au prix de longs efforts, d’opiniâtreté, au péril de leur vie, parfois. Croyez vous qu'ils n'enragent pas de voir des milliers de délinquants libérés d'un trait de plume par Mme Belloubet ? Les suicides sont devenus courants, dans la profession, tant ils se sentent abandonnés, déconsidérés, mal aimés alors qu'ils tiennent au bout de leurs bras le semblant d'ordre qui règne encore dans ce pays. Ils ne sont pourtant pas payés en retour de leurs bons et loyaux services et, à la moindre incartade, se retrouvent cloués au pilori, livrés à la vindicte de médias qui se délectent de la situation. Sans que le gouvernement ne bouge un petit doigt, ne prenne leur défense ou minore leurs fautes un tant soit peu. J'espère qu'ils s'en souviendront le moment venu.

Olivier Piacentini
Olivier Piacentini
Ecrivain, politologue

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