La Pologne à gauche toute !

©Klub Lewicy-Wikimedia
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« En Pologne, la télévision publique présente des excuses aux personnes LGBT+ », se réjouissait Libération, le 13 février. En effet, deux jours plus tôt, lors d’une émission à laquelle deux militants LGBT avaient été invités, le présentateur avait présenté les excuses de la chaîne TVP pour « les paroles honteuses » prononcées « pendant des années sur les chaînes de la télévision publique vis-à-vis de certaines personnes », et ce, « uniquement parce que ces personnes avaient décidé de décider elles-mêmes qui elles se considéraient et qui elles aimaient ». « Les personnes LGBT+ ne sont pas une idéologie, mais des gens », a encore déclaré l’animateur de l’émission, en référence, sous une forme déformée, à une célèbre déclaration du président Andrzej Duda selon qui « LGBT désigne non pas des gens mais une idéologie ».

Ces excuses ne sont pas les premières de la télévision publique. Un mois plus tôt, un autre présentateur de TVP présentait les excuses de la chaîne, pendant le service d’information du soir, pour les attaques de la télévision publique contre le maire de Gdansk Paweł Adamowicz qui, selon Donald Tusk et ses amis, auraient conduit au meurtre d'Adamowicz par un repris de justice pendant un concert caritatif en 2019. Le meurtrier rendait la justice et le parti de Donald Tusk, la Plate-forme civique (PO), dont faisait partie le maire de Gdansk, responsable de son séjour en prison car c’est ce parti qui gouvernait au moment de sa première condamnation, et il avait promis de se venger, ainsi que cela a été établi lors de son procès.

Une télévision publique canal de la propagande gouvernementale, hier comme aujourd'hui

Dans un cas comme dans l’autre, la télévision publique passée sous le contrôle du nouveau gouvernement de Donald Tusk à la suite d’un coup de force sans précédent dans une démocratie européenne d’après-guerre reprend donc à la lettre le discours de la coalition gaucho-libérale. On reprochait aux conservateurs du parti Droit et Justice (PiS) de Jarosław Kaczyński d’avoir fait de la télévision publique un canal de propagande au service de la majorité gouvernementale, mais c’est toujours un canal de propagande gouvernementale aujourd’hui. Et il n’en était pas non plus autrement sous les précédents gouvernements de Donald Tusk après que celui eut, en 2010, pris le contrôle du Conseil des médias et fait expulser des médias publics quasiment tous les journalistes conservateurs ou insuffisamment anti-PiS qui s’y trouvaient, mettant ainsi fin au relatif pluralisme des médias publics polonais.

Un militant LGBT déjà à l'origine d'une vaste opération de calomnie en 2019

On notera, au passage, qu’un des deux militants LGBT qui vient de recevoir les excuses de la télévision publique, Bart Staszewski, est à l’origine d’une vaste opération de calomnie contre son propre pays, et en particulier contre une partie de ses concitoyens. Quand certaines collectivités locales avaient adopté, en réaction à une « charte LGBT+ » du maire de Varsovie, des résolutions promettant qu’elles n’imposeraient pas l’idéologie LGBT à leurs administrés ou bien une charte des collectivités locales pour les droits de la famille (comprise au sens traditionnel), c’est en effet lui qui avait placé des panneaux à l’entrée de municipalités concernées avec l’inscription « Zone libre de LGBT » en plusieurs langues, avant de les prendre en photo. D’où la « fake news » sur des zones libres de LGBT en Pologne reprise par des gens comme la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, le député européen Guy Verhofstadt, le secrétaire d’État français aux Affaires européennes de l'époque Clément Beaune et bien d’autres encore.

Bart Staszewski ne prévoit pas, lui, de présenter ses excuses aux habitants des collectivités locales concernées ni aux Polonais en général.

Il a d’ailleurs, maintenant, de son côté la télévision publique qui a fait disparaître de son site le documentaire Invasion, tourné en caméra caché en 2019, qui montrait comment des organisations LGBT cherchaient à pénétrer dans les écoles du pays pour endoctriner les enfants en mentant sur les contenus des formations et ateliers proposés et en tenant au maximum les parents dans l’ignorance. Un documentaire que le Conseil des médias polonais avait, face aux plaintes, considéré comme conforme à la mission de la télévision publique.

Des ministères très progressistes 

Aujourd’hui, le ministre de l’Égalité de Donald Tusk parraine un classement des écoles favorables aux LGBTQ+, avec une carte de l’égalité en ligne sur laquelle les élèves de toute la Pologne peuvent juger leur école. Donald Tusk a volontairement confié les principaux ministères engagés dans le combat culturel à l’aile gauche de sa coalition, qui n’a pourtant obtenu qu’un peu plus de 8 % des voix aux élections législatives d’octobre. Les autres ministères confiés aux progressistes les plus radicaux de la coalition gaucho-libérale au pouvoir en Pologne sont le ministère de la Famille, du Travail et de la Politique sociale ainsi que le ministère de l’Éducation.

Il est bien loin, le temps où Donald Tusk et sa Plate-forme civique se présentaient comme des libéraux-conservateurs à la fibre chrétienne-démocrate. Tusk lui-même n’a jamais eu de réelles convictions. Il a toujours épousé celles qui lui paraissaient le plus à même de lui faire gagner des élections ou vampiriser l’électorat d’un autre parti, et ses années passées à Bruxelles en tant que président du Conseil européen ont achevé d’en faire un politicien ouvert à tous les excès du progressisme occidental contemporain.

On peut toutefois se demander si l’idéologie radicalement progressiste de l’équipe au pouvoir, qui voudrait rapidement instaurer les unions civiles pour les couples homosexuels et légaliser l’avortement (même si ce serait contraire à la Constitution polonaise), mais aussi donner un accès aux écoles pour le lobby LGBT, ne va pas retourner l’électorat modéré contre lui. Or, c’est cet électorat du centre qui fait toujours pencher la balance dans les élections en Pologne, comme c’était encore le cas le 15 octobre dernier.

On se souvient de la fameuse phrase de Lech Wałęsa (qui voue une haine personnelle à Kaczyński et au PiS) après les élections européennes de 2019 perdues par la coalition aujourd’hui au pouvoir en Pologne, quand cette coalition venait de prendre son virage ouvertement pro-LGBT : « Nous avons perdu à cause de ces pervers. »

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Olivier Bault
Directeur de la communication de l'Institut Ordo Iuris

Vos commentaires

27 commentaires

  1. Cela fait penser aux obligations faites, sous Mao, aux opposants de se confesser en publique s’accusant de tous les maux possibles avec des mots choisis naturellement… Mais, dans un pays éminemment catholique, la confession n’est-elle pas de tradition ?

  2. Bis répétita.
    Il faut croire qu’ils n’ont pas tout à fait compris.
    Un peu d’esprit des moutons français est arrivé là-bas par je ne sais quel moyen!

  3. Dommage, la Pologne fut un beau pays ! Ces humanistoïdes bien-pensants font en sorte que dans un avenir proche on ouvrira – ou rouvrira – des camps de rééducation ou de reformatage pour les cerveaux détraqués, sans se douter que ce seront peut-être eux qui un jour les rempliront.

  4. « Il a toujours épousé celles qui lui paraissaient le plus à même de lui faire gagner des élections ou vampiriser l’électorat d’un autre parti, et ses années passées à Bruxelles en tant que président du Conseil européen ont achevé d’en faire un politicien ouvert à tous les excès du progressisme occidental contemporain. »

    Vous avez tout résumé avec ce passage ! C’est exactement ce que font nos politiques. Ceux qui ne l’ont pas encore compris sont en ce moment en vacances, réelles ou mentales !

  5. Pour le journal bruxellois « Le Soir », la Pologne rejoint le rang démocratique…La démocratie est donc devenue une forme de dictature.

  6. La Pologne a eu des rois élus étrangers car les Magnats (équivalent des comtes et ducs chez nous) n’ont jamais pu se mettre d’accord pour choisir l’un d’entre eux. C’est donc un pays qui s’est toujours mal défendu n’ayant pas de frontières naturelles à l’Est et à l’Ouest. Jusqu’à son dépeçage au XVIII ème s entre la Russie, la Prusse et l’Empire Austro-Hongrois. Il manque une colonne vertébrale à ce peuple souvent martyrisé.

    • Ils ont également eut, et je pense que vous en avez entendu parler certain Wojciech Jaruzelski. et je ne parlerai pas du reste vous l’avez en partie fait !

  7. Excuses publiques ! Cela me fait penser aux tristes procès staliniens ! Les polonais finiront bien par regretter leur choix politiques. D’ici, quelques années, Les dégâts seront immenses , mais en `France , aussi, nous en avons pris le chemin avec la censure imposée par deux « clampins » et ne nous étonnons pas, vu les dérives sociétales, que l’Islam prospère dans nos pays !

    • Je pense aussi que tout cela est télécommandé à partir de Bruxelles . Pour la reprise en main musclée des médias Polonais par Tusk, comme les tentatives récentes de déstabilisation de CNEWS sont commmanditées par Macron et ses sbires du conseil d’état qui ont condamné l’arcom à verser 3000 euros à Deloire président de RSF et nommé en 2023 aussi à la tête des états géneraux de l’information par Macron .

  8. Encore un pays qui comprendra trop tard qu’il a choisi la route vers l’enfer. Les exemples ne manquent pas pourtant.

  9. L’UE a failli mettre la main sur certains de nos médias mais elle a mal choisi ses collabos. Nous n’avons vu que des pitres de gauche ahuris .

  10. La Pologne a été mise au pas par l´UE, Bruxelles a mis la main sur les medias polonnais, exactement ce qu´elle reprochait de faire au PIS. Les polonnais sont mal barrés ! En plus de devoir se garder de la menace russe, ils doivent maintenant prendre en compte la menace migratoire que va leur imposer l´UE. Poutine a essayé de submerger la Pologne en leur envoyant des migrants illégaux par la frontiére Bielorusse, maintenant les migrants ne viendront plus de l´Est mais de l´Ouest.

    • Remarquez, les migrants envoyés par Poutine, pas bien, et ceux qui vont débouler par chez nous, très bien

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