La recette du succès de Harry Potter, roman préféré des Français : ce n’est pourtant pas sorcier

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La saga de l’écrivain britannique J.K. Rowling est en tête du classement des 101 romans des lecteurs du Monde. Devant Voyage au bout de la nuit, Proust, Cent ans de solitude, Le Seigneur des anneaux, 1984. Lolita n'est que 49e, et Gabriel Matzneff n'est pas dans le palmarès... Tout classement de ce type est le reflet d'une époque et celui-ci n'y échappe pas. Mais le phénomène Harry Potter mérite réflexion.

Prenez un héros sympathique, des personnages secondaires attachants, un univers familier des petits comme des grands, beaucoup d’humour, un peu de réflexion philosophique, quelques passages tristes (de ceux-là, il est préférable de ne rien dire, suspense oblige), et vous tenez votre Harry Potter.

Harry est un garçon normal, bien qu’admis dans une prestigieuse école de sorcellerie. Mais son capital sympathie est d’emblée constitué : il est orphelin, battu par son oncle et sa tante, et il porte une mystérieuse cicatrice en forme d’éclair, signe qu’il est l’unique rescapé du sortilège mortel du pire mage noir de l’Histoire.

De tous les adjuvants imaginés par Rowling, les membres de la famille Weasley sont certainement les plus attachants. Mme Weasley est à la fois une mère et une grand-mère pour Harry : elle l’emmène avec ses propres enfants faire les achats de rentrée (baguettes, hiboux…) et, horrifiée de la maigreur de Harry, elle se met constamment en devoir de le remplumer. Les Weasley ont sept enfants, et toutes les personnalités sont représentées : la fille cadette qui a grandi au milieu de six frères, l’aîné beau gosse, les jumeaux facétieux, etc.

Des trésors d’ingéniosité sont déployés pour donner au lecteur des points de repère. Le fameux Ministère de la Magie, par exemple ; les sorciers ont finalement assez souvent affaire à l’administration : les directives du Ministère, la Banque Gringotts (où Harry découvre qu’il va devoir apprendre a compter en Gallions, Mornilles et Noises), mais aussi l’école. Un lycéen ne pourra s’empêcher de s’identifier devant les descriptions des soirées passées à préparer les examens, de l’échelle de notes (Optimal, Effort Exceptionnel,..., Piètre, Troll) ou de la tentation de sécher les cours barbants pour répondre à l’appel de l’aventure.

Enfin, tout au long de la saga, humour léger et réflexions profondes se mêlent pour le plus grand plaisir du lecteur attentif. Rowling insiste malicieusement sur les défauts des personnages, et le monde des sorciers lui fournit de formidables ressorts comiques. Ainsi, la fonctionnaire du Ministère de la Magie dont le bureau est décoré de tasses hideuses sur lesquelles des chatons mièvres font coucou à Harry pendant ses heures de retenue, ou encore le champion de Quidditch beaucoup trop conscient de son sex-appeal prêtent-ils à sourire. Parfois, certaines phrases nous font réfléchir. Dans le tome 7, on suit Harry à Godric’s Hollow sur la tombe de ses parents et on observe la vanité des gens qui ont cédé à la folie consumériste pour charger leur maison de décorations et se préparent à fêter Halloween, c’est-à-dire « évoquer un monde de sorcier auquel ils ne cro[ient] pas. »

Pour faire lever le tout, reste une part de génie d’écrivain de Rowling mais la recette initiale est simple. Maintenant que la scène héroïc-fantasy semble avoir digéré ce gros morceau, peut-être y a-t-il un créneau pour se lancer et écrire le nouveau Harry Potter !

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