La réforme de l’orthographe de nouveau sur le tapis…

J'ai beaucoup de respect pour les linguistes, quand ils savent rester modestes, mais je dois avouer que le collectif « Les linguistes atterré(e)s » me consterne. Plusieurs dizaines d'enseignants, universitaires et personnels de la culture ont publié, dans Le Monde du 15 octobre, une tribune intitulée « Pourquoi il est urgent de mettre à jour notre orthographe », préconisant une application beaucoup plus large des rectifications orthographiques de 1990.
La question de la réforme de l'orthographe revient régulièrement sur le tapis ; mais, alors que la langue française est gangrenée par l'écriture inclusive, on peut se demander si cette tribune ne constitue pas, quelles que soient les intentions de leurs auteurs, une nouvelle étape dans la déconstruction de notre patrimoine. On peut reconnaître dans les signataires certains noms qui font penser que cette tribune pourrait bien avoir, pour quelques-uns, des objectifs militants.
Elle commence par une amorce ironique qui tente de persuader le lecteur qu'une évolution de l'orthographe s'impose : « Sommes-nous forcés d’écrire à la plume, de lire à la bougie ? Et pourtant, partout, on nous impose de lire et d’écrire avec une orthographe de 1878, oui, 1878. » Quel scandale, n'est-ce pas ? Et de demander « à nos institutions, mais aussi aux médias, aux maisons d’édition, aux entreprises du numérique, de nous offrir des textes, des messages, en nouvelle orthographe, et d’aller plus loin dans cette voie ». Avec un tel environnement, il sera difficile de résister.
Le 17 octobre, à la suite de cette tribune, France Culture a consacré une émission à l'enseignement de l'orthographe, interrogeant Anne Abeillé. Cette linguiste distinguée rappelle qu'au fil de l'Histoire les orthographes ont évolué comme les règles grammaticales – ce qui est vrai – et souhaite qu'on procède à une réforme de plus grande ampleur, en y associant toutes les communautés francophones – ce qui est plus discutable. Si vous l'écoutez, vous vous rendrez compte que la journaliste qui l'interroge fait preuve de plus de bon sens que cette universitaire.
Prenant l'exemple du participe passé avec le verbe avoir, qui s'accorde avec le complément d'objet s'il est placé avant le verbe – encore faut-il savoir ce qu'est un C.O.D., ce qui tend à se perdre –, elle estime que « c'est devenu pour les enseignants quelque chose de difficile à transmettre et les élèves ne le maîtrisent pas quand ils arrivent en sixième ». D'où, pour les enseignants, une « perte de temps », qu'ils pourraient « consacrer à la distinction du participe passé et infinitif ». Si l'on comprend bien, il faudrait supprimer les difficultés dans l'apprentissage de la langue française.
Il est étonnant de voir comment des personnes qui se sont fait un nom, notamment grâce à leurs qualités d'écriture, s'empressent de brader une compétence qui leur a permis de réussir. Il est vrai que cette démarche est courante chez les intellectuels, qui aiment à cracher dans la soupe qui les a nourris. J'y vois, pour ma part, une certaine condescendance à l'égard de ceux qui n'appartiennent pas à leur cercle, un renoncement devant la difficulté et, peut-être même, un brin de snobisme.
Les stoïciens antiques considéraient qu'il est aussi grave de commettre une faute d'orthographe que de commettre un crime car, dans les deux cas, on s'éloigne de la perfection, qui doit être recherchée. Éliminer les difficultés de la langue française pour ne plus y être confronté est une démarche bien singulière. Avec un tel principe, on renonce progressivement à tout, dans tous les domaines, à sa langue, à sa culture, à tout ce qui fait que la France est la France. Mais c'est peut-être le but, sciemment ou non, recherché...
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46 commentaires
Quand je reçois un mail douteux, je me fie à la parfaite orthographe de l’Administration supposée émettrice pour le lire . A la moindre erreur je le jette pour me protéger. Pourrais-je encore longtemps utiliser ce critère ? Il m’arrive pourtant de faire des fautes . La honte que j’en perçois est la leçon d’humilité nécessaire au maintien de ma dignité .
« Accé fermé » ou « accès fermé », ou encore « accès fermés », dilemme, nœud gordien !
La problématique de l’accent aigu, du grave, du circonflexe, et du tréma, mais aussi du S du pluriel.
Dans ce cas, comme il ne s’agissait que d’une seule porte, la « logique inclusive » a tranché pour le singulier.
Woke quand tu nous tiens.
Il fut un temps où en France on offrait un dictionnaire Larousse à tout ceux (celles aussi) qui obtenaient le Certificat d’études…
C’était il y a très longtemps, aussi, peut-être faudrait-il en parler à notre Gabriel Attal ?
les « bas du front « comme ces « pseudo intellos aiment les définir ne sont pas tous à la campagne
Il en va de l’orthographe comme du reste.c’est un avachissement civilisationnel.
Avachissement : excellent terme .
Il suffit de supprimer toutes les formes de savoir pour construire une véritable égalité ! Certains en rêve, et il faut les dénoncer sans relâche.
L’orthographe daterait de1878 ? On nous gouverne bien avec une illusion issue d’un bain de sang datant de la fin du XVIII éme siècle .
Excellent ! ( les fameuses – et fumeuses- « valeurs de la république »)
Il y a forcément un renoncement à ce qui a fait que la France est encore la France, là est sûrement le but recherché.
J’ai récemment rencontré un algérienne d’Alger parlant et écrivant notre langue à la perfection. Serait-ce pour dispenser les plus flemmards du minimum syndical actuel et valoriser le refus de notre civilisation. Je ne pense pas que nos jeunes soient devenus idiots.
Pas tous mais c’est en cours .
1878 ? Bien, bien. Les chinois, les arabes, les hindous utilisent-ils une écriture plus moderne ?
Pauvre France !!! On continue de niveler vers le bas et de la détruire !!!
Ecoeurant
On n’a jamais su niveler par le haut. Or l’égalité a été voulue par la Première République . . . et les autres. Le distinction est faute sociale !
A la fin de la réforme, il y aura 2 français , le français savant et le français des gueux. Plus d’ascension sociale, plus d’accès à nos siècles de littérature pour ce qui ne maitriseront plus les mots et leur sens. Quelle facilité ? c’est juste une mesure de culture woke. Les intellectuels qui « crachent dans la soupe » sont juste des collabos ou bien ne sont pas des intellectuels.
Mais en cela n’est il pas voulu ?
Et çà continue ! On abaisse le niveau pour se mettre à la portée des populations entrantes pour lesquelles l’apprentissage de la langue française serait trop ardue . C’est cela que sous tend cette personne dont vous avez souligné, à juste titre, qu’elle avait bénéficié elle même de cette excellence mais ne pouvait imaginer que cela pouvait être transmis à certaines populations ! Il est vrai que des pays francophones comme l’Algérie ont tout fait pour arabiser la société au détriment de l’apprentissage du français ce qui n’empêche pas que nous continuions à recevoir leurs ressortissants, ceci, à flux tendu ! Accorder le verbe avoir n’est pas toujours facile mais apprendre l’arabe littéraire ,non plus !
Il est vrai que lorsque chez vous on écrit de droite à gauche, lire de gauche à droite demande de gros efforts.
donc ils continuent de parler et de vivre ici comme chez eux. De plus pour permettre à ces populations de remplacement de lire et écrire un peu comme nous pourquoi tous les médicaments et autre sont transcris en arabe ?
Supprimer les difficultés et se focaliser sur le facile, ça s’appelle le nivellement par le bas. Il faut préconiser – a contrario – le nivellement par le haut.
Si je comprends bien, les enseignants eux-mêmes maitrisent mal le participe passé ! C’est inquiétant !
Heureusement personé ne lit plus le si subventionné « le monde »
C’est effectivement le but recherché : saboter tout ce qui fait la France . Ne les laissons pas faire , résistons .