La République en marche : le parti des trottinettes parisiennes

Stanislas Guerini
Stanislas Guerini

On va quand même en parler un peu, même si - et peut-être aussi parce que - tout le monde s’en fout : en ce samedi 1er décembre avait lieu l’élection du nouveau délégué général de La République en marche. Depuis le départ de Christophe Castaner pour le ministère de l’Intérieur, l’intérim était tenu par le communicant Philippe Grangeon, inconnu au bataillon jusqu’alors et qui a parfaitement réussi, durant son court intérim, à conserver cet anonymat vis-à-vis du grand public. Cette élection dans l’indifférence générale, le jour même où les gilets jaunes manifestaient encore une fois à travers le pays, résume, illustre à la perfection la coupure qui existe entre la France profonde et ceux qui détiennent le pouvoir.

D’abord, qui a été élu ? Stanislas Guerini, un crâne d’œuf de la Macronie, âgé de 36 ans : école alsacienne, Henri-IV, HEC. En 2006, il fait partie de l’équipe de campagne de DSK pour la primaire du Parti socialiste en vue de l’élection présidentielle de 2007. En 2008, il fonde avec Jean-Pascal Emelien, le père d’Ismaël, conseiller d’Emmanuel Macron, une société de vente et d’installation de panneaux solaires. Le nouveau monde est petit. Rallié à Emmanuel Macron en 2017, il est élu confortablement député de Paris. Donc, un Parisien à la tête du parti macroniste. Face à lui, il n’avait qu’un concurrent : Joachim Son-Forget, médecin radiologue, âgé de 35 ans, originaire de Corée, lui aussi une tête bien faite. Il n’a obtenu que 18 % des suffrages. Cet ancien du Parti socialiste est aussi député, mais pas de Paris. Non, des Français de l’étranger de… Suisse et du Liechtenstein ! Une élection de maréchal en 2017 avec 74,94 % des suffrages, certes, mais avec moins de 14 % des inscrits (avec un taux d’abstention de… 81,22 %). C’est ce qu’on appelle un élu du peuple.

Donc, en quelque sorte, une élection de l'entre-soi au sein de La République en marche.

On se demande alors s’ils le font exprès ou si c’est parce qu’ils ne peuvent pas faire autrement. En effet, on reproche à Emmanuel Macron, à son gouvernement, à son troupeau de députés, d’être hors-sol, d’ignorer les réalités de la France périphérique, et ils ne trouvent pas mieux que d’élire à la tête du parti présidentiel un député de Paris. Certes, probablement, sans doute, une tête bien faite. Mais un député qui peut s’offrir le luxe, en sortant du palais Bourbon, de parcourir sa circonscription à trottinette ou en métro quand ses collègues de Moselle, de la Creuse et d'ailleurs, après des heures de train entre Paris et leur région, doivent passer à la pompe pour aller, quand ils y vont, à la rencontre de leurs concitoyens qui roulent au diesel.

En ce samedi après-midi, au moment où la France d'en bas gronde, sur BFM TV, cela blablatait en boucle devant les images de violence sur les Champs-Élysées. De « permanence » pour LREM, un député de Paris - encore un -, l’ancien UDI Sylvain Maillard. Il y a deux semaines, pour la première manifestation des gilets jaunes, c’était Pacôme Rupin, lui aussi député LREM de Paris, qui s’y collait. On répondra que les députés provinciaux de La République en marche sont dans leur circonscription durant le week-end. Certes.

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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