La Suisse coupe son aide à l’Érythrée, qui ne récupère pas assez de migrants

@Arkhein Drakenov/Wikimedia Commons
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La Confédération helvétique - la Suisse, quoi - laisse généralement un maximum d’autonomie à ses cantons, dans une conception de la démocratie que notre pays communiste et coercitif trouve souvent baroque. Cette fois, rien de décentralisé : c’est le pouvoir central, à Berne, qui annonce, le 3 février 2025, que le pays le plus neutre et le plus pacifique du monde va cesser d’aider l’Érythrée. Cette décision sera effective au mois de mai prochain (tout est lent, en Suisse, diront les beaux esprits) et n’a, nous apprend le journal en ligne RFJ, rien à voir avec les mesures économiques que prend par ailleurs la Confédération.

On résume : la Suisse avait un accord avec l’Érythrée. Des aides (financières) contre la récupération de ses migrants expulsés. Et puis, l’Érythrée a fait ce que font beaucoup de pays en voie de développement : OK pour les sous, mais récupérer les expulsés, non merci. Alors, nos amis et voisins suisses, avec une exactitude toute calviniste et une rigueur toute horlogère, vont couper les vannes de l’assistanat. Un accord est un accord. L’Érythrée protestera peut-être. Il est possible que la Suisse s’en foute complètement.

L'exemple suisse

L’air du temps favorise, on le voit, les coups de rabot (voire de tronçonneuse), les décisions rapides et tranchantes, les phrases outrancières et les revirements implacables. Trump aux États-Unis, Milei en Argentine, Orbán en Hongrie, pour ne citer qu’eux, incarnent ce que l’excellent analyste politique Fareed Zakaria a appelé des « démocraties illibérales », c’est-à-dire des pouvoirs parfaitement légitimes quant au vote populaire, mais qui ont précisément été élus pour prendre des décisions parfois contraires au jeu mollasson de la démocratie pépère. Est-ce le tour de la Suisse ? Peut-être, mais rien n’est moins sûr. La Confédération restera probablement, longtemps encore, cette escale riche, propre et lisse au milieu du marigot sale et criminel qu’est devenue l’UE - et elle restera probablement, tout aussi longtemps, cette démocratie participative, souriante et inflexible, dont les hommes politiques ne crèvent jamais l’écran.

Non, ce que nous montre l’exemple suisse, c’est qu’il y a, par-delà les outrances des autres justement, un réveil des peuples occidentaux. Nous en avons collectivement, semble-t-il, assez de servir de paillasson à des pays qui nous culpabilisent tout en nous faisant les poches. Collectivement ? Eh bien, pas vraiment, car un petit pays résiste encore et toujours à cette saine réaction : la France. Apparemment pas gênée de se faire piétiner, tous les matins, par un gouvernement algérien à qui tant de faiblesse donne des pulsions de violence, comme il arrive souvent aux prédateurs, la Macronie se complaît dans l’impuissance. Commentateurs et politiciens de tous bords ont beau répéter que le binôme Macron-Darmanin est bien trop à droite, la vérité s’impose malgré tout : le gouvernement Bayrou a beau être plus fort en gueule que ne l’était le gouvernement Barnier, rien ne se passe vraiment.

On l’a dit, la Suisse n’est pas suspecte de convulsions fascistes. Et pourtant, elle prend des mesures que nous ne prenons pas. Aurons-nous, un jour, l’élémentaire courage de couper les vivres, les visas, les soins aux dirigeants algériens, de geler leurs avoirs et de les mettre au pied du mur ? Et pour les autres ? Regardons du côté d’un pays qui fonctionne… pour une fois.

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Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

7 commentaires

  1. Et voilà, c’est aussi simple à faire pour l’Algérie dédaigneuse mais en France, les ministres causent, se vantent et ne font rien de simple, ils ne sont pas formés, ils sont déformés par leurs prétention et ambition.
    Il suffit de constater avec quelle évidence sans parole Monsieur Macron était plus doué pour vendre des téléphones ou des voitures plutôt que la France.

  2. Mais pourquoi nos dirigeants couperaient-ils les vivres, les visas et les soins aux dirigeants algériens puisqu’ils désirent que toujours plus de migrants viennent en France ou y restent ? Mais quand allez-vous comprendre que nos dirigeants et européens de Bruxelles le font exprès ? Ils ne manquent pas de courage, ils font le canard et multiplient les lois pour faciliter l’entrée des migrants et leur éviter d’être renvoyés chez eux en cas de problème. 2018, le Conseil Constitutionnel rend légale l’aide au séjour irrégulier au nom du principe de fraternité de la Constitution. 2024, Fabius : « La préférence nationale n’est pas conforme à la Constitution… 2023, Europe, 20.000€ d’amende par migrant non accueilli.

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