La Traversaine : une réponse de la Vendée à Thomas Jolly !

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Vous qui habitez la région ou qui êtes de passage en Vendée cet été, peut-être avez-vous croisé ce curieux convoi défiant l’époque moderne… En tête de colonne, une paisible jument guidée par le cocher tire une carriole sur laquelle trône la statue de Notre-Dame de France. Ne vous étonnez pas d’entendre les pèlerins parler d’une « calèche » pour évoquer cet étrange attelage, la mère du Christ ne saurait être bringuebalée comme un amas de paquets et de malles, voire un vulgaire tas de pommes de terre… Elle est une passagère de haut rang que rien ne doit rapprocher d’une marchandise ou, pire, d’un de ces condamnés à mort d’antan, exposé à la boue et aux injures et lentement traîné sur la charrette d’infamie… Derrière la calèche, donc, avance au pas un charmant petit âne de Provence sur lequel grimpent à tour de rôle des enfants ravis et émerveillés. Et comme tout droit sorti d’un roman ou d’une pièce de Marcel Pagnol, aux côtés de l’animal, un jeune homme, béret sur le crâne et bretelles apparentes, pieds nus, le conduit, n’hésitant pas à lui prodiguer caresses et encouragements. S’ensuivent de nombreux pèlerins, de tous âges et de toutes conditions, chantant et priant le rosaire dans une atmosphère paisible et recueillie. Ils viennent de toute la France, mais plus spécifiquement de Vendée, et marchent d’un sanctuaire marial à l’autre. De belles bannières émergent de la colonne, plaçant celle-ci sous la protection de saints chers aux Vendéens comme saint Hilaire de Poitiers, évêque et docteur de l’Église, saint Philbert de Noirmoutier, grand fondateur d’abbayes dont les moines ont essaimé en Vendée, ou encore saint Louis-Marie Grignion de Montfort. Deux autres bannières attirent le regard, on y voit le Sacré-Cœur de Jésus, enflammé et brillant, entouré d’une couronne d’épines et ensanglanté, ainsi que les cœurs unis de Jésus et de Marie, objets d’une dévotion si particulière en Vendée qu’ils en sont même devenus l’emblème.

Pourquoi donc alors, à l’heure où les vacances retentissent d’appels au farniente, tous ces pèlerins acceptent-ils de prendre du temps pour marcher et se recueillir, sur une ou plusieurs étapes d’un pèlerinage de plus de 600 kilomètres en plein cœur du bocage ? Si vous avez regardé la cérémonie d’ouverture des JO, la réponse tombe comme une évidence. N’avons-nous pas eu face à nous pendant plusieurs heures le terrible spectacle de l’idéologie et de la décadence dans lesquelles baigne notre société actuelle ? Quel douloureux uppercut que celui que nous avons reçu en pleine figure ! Mais en même temps si salvateur ! Remercions Thomas Jolly d’avoir fait dans sa direction artistique des choix clairs et percutants mettant en lumière les « valeurs » prônées par l’intelligentsia qui nous gouverne. Aucun mystère ne subsiste : l’idéologie délétère est du côté de ceux qui font d’un événement sportif l’occasion de déconstruire la culture, la patrie, la religion et la famille en rabaissant tous ceux qui y sont encore attachés.

Mais à cette canonnade meurtrière pulvérisant tout sur son passage dans des gerbes de feu et de sang pour nous laisser à terre, un goût de cendres sur les lèvres, il est possible de répondre. Et la voix de la Traversaine de Marie vaut la peine d’être entendue. Cette marche sur des chemins de traverse, emboîtant le pas de grands saints et martyrs, ce périple physique et spirituel vers les principaux lieux du Souvenir en Vendée, a plusieurs objectifs. Il nous aide d’abord à renouer avec notre Histoire, si malmenée aujourd’hui. Il honore, ensuite, le martyre des victimes de la Révolution. Il nous incite, enfin, à prier et œuvrer pour le redressement de la France. Quelle belle et forte expérience que ces moments de piété mais aussi de convivialité partagés avec les pèlerins durant les premiers jours ! Avec quelle émotion l’on redécouvre une Vendée que l’on croyait bien connaître au détour de quelques haies touffues, d’un sentier rocailleux, près d’un gué où serpente dans sa robe d’argent un ruisseau qui chante... Et tout à coup, sur un mont, un calvaire ou une chapelle de style néogothique se dresse dans son écrin verdoyant, véritable petit bijou, pour rappeler au monde le souvenir des guerres de Vendée et le perpétuer. Sur l’un des moulins qui se trouve non loin de cette chapelle, on peut trouver scellés le portrait et les propos d’un écrivain vendéen de talent, Jean Yole, qui devraient laisser songeurs les instigateurs de la cérémonie des JO. « C’est le rôle de chaque génération, peut-on lire, de recueillir ce que la tradition détient de sages leçons, d’énergies accordées, pour en ensemencer les réalités futures. »

Gageons que Thomas Jolly ferait mieux de venir faire un bout de chemin de la Traversaine pour voir de ses yeux ces lieux où les douze colonnes infernales de 1794 sont passées et mesurer la gravité des crimes qui ont été commis pendant la Révolution. Il comprendrait pourquoi le département fut brièvement renommé « Vengé » par la Convention entre 1793 et 1795, les Montagnards ayant juré de « supprimer » la Vendée… Alors, comme tous les pèlerins ayant accepté de marcher, vous aussi pouvez venir vous joindre à la nouvelle « colonne » de prière et de paix qui sillonne la Vendée cet été 2024, une colonne de lumière sous l’égide de Notre-Dame de France, qui vient apaiser et conjurer les excès de la Révolution mais aussi la décadence sociétale actuelle. La cérémonie des JO, qui vient de rouvrir béantes sous nos yeux les plaies de la Révolution, nous prodigue un seul enseignement : elle nous oblige à ne jamais cesser de les panser.

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Marie-Victoire Velut
Marie-Victoire Velut
Ecrivain et professeur de Lettres

Vos commentaires

26 commentaires

  1. Excellente chronique, présentée en une réponse aux scènes ignares des J.O. En effet, la Vendée comme tous ceux qui ont soufferts se galvanisent des turpitudes de notre siècle mais, comme toujours force et vérité obtiendront le dernier mot. J’en suis convaincu.

  2. Pourquoi faire ce genre de marche et ce genre de pèlerinage ! C’est pour retrouver le gout de l’éffort, ainsi que le l’esprit de la mystique, retrouver l’esprit de l’amitié dans l’éffort, retrouver de la convivialité, ainsi qu’un esprit fraternelle et solidaire, en cas de difficulté, où supposé de chacun ! Amitiés à tous Hervé de Néoules !

  3. Très bel article. Les crimes commis par les colonnes infernales pendant la guerre de Vendée sont impardonnables. Mais surtout, ce qui est impardonnable c’est la volonté des organisateurs de la cérémonie d’ouverture des JO de rouvrir les plaies avec ce spectacle de la Conciergerie aspergée de sang et de Marie-Antoinette, reine de France, décapitée, tête dans ses mains. Un acte dont la République n’est pas fière et je dirais même doit être honteuse. Pourquoi cet acharnement « révolutionnaire » de la part de petits marquis parisiens wokistes et couverts de privilèges ?

    • Bravo pour votre commentaire , mais je me pose la question suivante : Pourquoi ce Monsieur Jolly n’a-t-il pas choisi de mettre la tête de Robespierre à la place de celle de Marie Antoinette ?

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