La Tunisie envoie des immigrés chez nous mais refuse l’immigration chez elle

président tunisien

Dans une déclaration signée par 68 associations pro-migrants, SOS Méditerranée, Amnesty International et la Ligue des droits de l’homme déclarent que la Tunisie ne peut plus être considérée comme un endroit sûr pour le débarquement des personnes secourues ou interceptées en mer, « en particulier de celles et ceux qui sont noirs ». Le gouvernement tunisien est taxé par les associations de racisme. En effet, les déclarations du président de la République tunisienne Kaïs Saïed se réfèrent directement à la théorie du Grand Remplacement. Le président dénonce le remplacement d’une population arabe par une population noire. Il qualifie les personnes d’origine subsaharienne de « hordes de migrants clandestins » qui s’adonnent à des « violences et à des crimes » à travers le pays. Dans ce contexte, les associations qui viennent en aide aux migrants affirment que « la coopération en cours entre l’Union européenne (UE), plusieurs États membres de l’UE et la Tunisie en matière de contrôle des mouvements migratoires, qui repose notamment sur la possibilité de débarquer en Tunisie des personnes secourues ou interceptées en mer, contribue à des violations des droits humains ».

Contactée par BV, SOS Méditerranée précise : « Un lieu sûr est défini par les conventions comme un lieu où la vie des personnes secourues en mer n'est plus menacée et où les besoins humains fondamentaux, tels que se nourrir, s'abriter et recevoir des soins médicaux, peuvent être satisfaits. » Or, selon des informations transmises par les Nations unies, les forces de sécurité tunisiennes auraient envoyé des migrants en Libye. Là, ils auraient subi des détentions arbitraires, du travail forcé, des actes de torture et autres mauvais traitements, voire des homicides illégaux. Cependant, cette situation fait le jeu des associations immigrationnistes occidentales : en déclarant la Tunisie peu sûre, elle invite, voire elle oblige, l'Europe à accueillir les clandestins présents sur son sol.

La Tunisie rechigne à récupérer ses ressortissants 

Si la Tunisie semble s’opposer farouchement à l’immigration massive, elle n’est pas aussi sévère quand la France devient terre d’accueil des Tunisiens. En France, la nationalité tunisienne est la troisième la plus représentée parmi les pays d’origine de l’immigration, derrière l'Algérie et le Maroc. Selon l’INSEE, en 2023, 346.600 immigrés tunisiens vivaient en France. Dans l'échantillon de la population que représente le milieu carcéral, la Tunisie est, aussi, honorablement représentée : elle se hisse sur la troisième marche du podium des nationalités étrangères présentes dans les prisons, après l’Algérie et le Maroc, un détenu sur quatre en France étant un étranger.

Or, le président tunisien n'est pas pressé de ramener ses ressortissants au bercail. Selon un rapport de la Cour des comptes, sur la période 2019-2022, le nombre d’OQTF visant des immigrés tunisiens s’élevait à 26.000. Seuls 1.300 retours forcés (par opposition au retour volontaire) ont été réalisés.

Entre l’année 2019 et l'année 2020, le nombre d’exécutions d’OQTF a chuté : de 915, il est tombé à 271. Pour renverser le rapport de force et contraindre la Tunisie à reprendre les délinquants, Gérald Darmanin avait réduit de 30 % la délivrance de visas pour ce pays, sur la base des chiffres de l'année 2020. Cette mesure a pris fin le 31 août 2022. À ce jour, l'asymétrie entre la Tunisie et la France en matière de gestion des migrants demeure. Là encore, une bonne dose de volonté et de fermeté de la part de la France est requise.

Raphaelle Claisse
Raphaelle Claisse
Journaliste stagiaire à BV. Etudiante école de journalisme.

Vos commentaires

4 commentaires

  1. Lieu sûr ? Faudrait savoir , Giorgia Méloni se voit contrainte de reprendre les migrants envoyés en Albanie. Pourtant , l’Albanie des milliers de touriste européens y vont chaque année . Il en est de même pour la Tunisie . Touts ces » associations » se fichent du monde , et notre gouvernement tombe dans le  » Panot  » ,Migrants vous êtes chez vous ! En France on y entre mais on n’en sort jamais. Quand allons mettre un terme à ces idioties ? Diminution drastique des titres de séjour , des aides au développement , etc… Le problème est que ce sont les Juges de la CEDH qui nous dirigent et nos politiques baissent la tête.

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