La Tunisie veut expulser ses clandestins : la Guinée et la Côte d’Ivoire obtempèrent

Kaïs Saïed

« Quand on veut, on peut. Quand on peut, on doit ! » disait l’Empereur. La Côte d’Ivoire et la Guinée s’emploient à appliquer cette maxime à la lettre. Dans un communiqué daté du 21 février et publié sur les réseaux sociaux de la présidence de la République tunisienne, Kaïs Saïed l'affirmait sans détour : « Il existe un plan criminel pour changer la composition du paysage démographique en Tunisie, et certains individus ont reçu de grosses sommes d’argent pour donner la résidence à des migrants subsahariens. » Il ajoutait « [qu’il existe] une volonté de faire de la Tunisie seulement un pays d’Afrique et non pas un membre du monde arabe et islamique ». La Côte d’Ivoire et la Guinée ont respectivement dépêché des avions en Tunisie destinés à rapatrier leurs ressortissants illégalement présents sur le sol tunisien et appelé à « un retour volontaire » des intéressés.

Une coopération éclair

Lors d’une conférence de presse, jeudi 2 mars, le porte-parole du gouvernement ivoirien donne des chiffres précis : « 725 Ivoiriens ont été enregistrés [en Tunisie, NDLR]. Parmi eux, après vérification de leur identité, nous avons 500 volontaires au retour. » Et de poursuivre : « Il convient de noter que le ministère des Affaires étrangères avait pris toutes les dispositions pour organiser ces rapatriements depuis la semaine passée. Des instructions ont été données pour enclencher les opérations de retour dans notre pays. Notre compagnie nationale Air Côte d'Ivoire a été mise en mission pour pouvoir opérer ces retours. »

De son côté, la Guinée a également pris l’affaire très au sérieux. Peu avant 20 h (heure de Conakry), un jet avec à son bord 49 rapatriés s’est posé à l’aéroport international Ahmed-Sékou-Touré. Dès leur arrivée, certains ressortissants guinéens jugent cette situation « déplorable ». D'autres s'en réjouissent. « On est fiers de rentrer chez nous », déclare une dame, avant qu’un homme ne prenne la parole : « C’est un grand soulagement pour nous [de rentrer en Guinée, NDLR]. »

Kaïs Saïed se veut rassurant

En Tunisie, de nombreux responsables d’associations assurent que le climat est délétère. « C'est une explosion de haine que nous-mêmes n'arrivons pas à expliquer », se désole Saadia Mosbah, présidente de l'association M'nemty, auprès de nos confrères de France Info. « Nous n’avons pas été consultés ni informés de ce choix concernant la communauté subsaharienne, résume de son côté un directeur d’université pour Jeune Afrique. Le président se rend-il compte des répercussions ? Les migrants irréguliers sont au nombre de 60.000, selon les Nations unies, et non pas un million, comme le prétendent des esprits chagrins. »

Si les propos de Kaïs Saïed ont provoqué une vague d’indignations en Tunisie et ailleurs, le président se veut malgré tout rassurant et promet, dans une vidéo publiée sur la page officielle de la présidence de la République, qu'il a demandé aux responsables du pays de « veiller sur nos frères de l'Afrique subsaharienne en situation légale » avant de rappeler qu’« il n'est pas question de laisser quiconque en situation illégale rester en Tunisie ». Il conclut : « Je ne permettrai pas de porter atteinte aux institutions de l'État ou de changer la composition démographique » de la Tunisie. Une fermeté qui stupéfie en France mais qu'on observe dans des pays de plus en plus nombreux, et notamment en Europe du Nord.

Julien Tellier
Julien Tellier
Journaliste stagiaire à BV

Vos commentaires

45 commentaires

  1. Et Macron, Veran, Darmanin, Dupont Moretti, ils vont s’en inspirer, de ce courage du président Tunisien et du refus loyal de la Côte d’Ivoire et de la Guinée de s’opposer à cette décision souveraine obtenue sans se rouler par terre? Alors qu’il est notoirement historique que les arabes ont de tous temps exploité les noirs comme esclaves !

  2. En voilà un bon exemple, sauf que dans le cas de la France il y aurait des centaines d’avions de ces pays et autres qui devront récupérer leurs ressortissants. Bref des centaines de milliers de personnes voir des millions. Il y a du travail.

  3. Contrairement à ce que dit Ussel dans son commentaire .Etant actuellement en Tunisie ,je n’ai jamais entendu personne nous traiter de colonisateurs racistes et islamophobes, ni vu le moindre écrit dans ce sens .Cest en France que cela se passe pas en Tunisie Par contre j’ai noté que le politique anti islamiste est beucoup plus efficace en Tunisie qu’en France

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