La vague populiste n’a pas eu lieu
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En dépit des craintes des uns ou des espérances des autres, le constat est sans appel : la vague « populiste » n’a pas eu lieu.
L’addition de l’ensemble des élus prévisible au PPE et dans les trois groupes à sa « droite » (CRE, ELDD, ENL), scénario qui relève du fantasme, ne parviendrait même pas à constituer une majorité simple au Parlement européen. Une fois le Brexit réalisé, la disparition du très gros contingent des élus de Nigel Farage rendra cette réalité encore plus nette. La seule nouveauté du Parlement du mandat 2019-2024 est que le concours des quatre groupes PPE, ALDE (libéral), PSE et Verts sera nécessaire pour constituer une majorité stable.
Seule l’Italie a connu une percée significative, avec le très grand succès de la Lega de M. Salvini, tandis que le Mouvement 5 étoiles s’est un peu étiolé.
En France, le RN égalise à peu près sa performance de 2014, avec une légère augmentation de voix et une légère baisse de pourcentage des suffrages exprimés. Avec, pour différence notoire, toutefois, que plus de réservoir naturel de voix ne semble apparaître pour le RN, tandis qu’en dépit de certaines apparences, M. Macron a réussi son pari et est parvenu à faire place nette en dehors du duel RN-LREM, ce qui laisse entrevoir sa réélection en 2022 dans une répétition du duel de 2017.
En Belgique, le Vlaams Belang flamand progresse en passant de un à trois élus. Il ne fait, toutefois, que retrouver des sommets électoraux passés après avoir souffert, des années durant, de la concurrence de la NVA ou de Jean-Marie Dedecker.
Aux Pays-Bas, le PVV de Geert Wilders s’est effondré, laissant la place au FvD de Thierry Baudet, qui réalise une performance inférieure à celle attendue, et inférieure à celle du PVV en 2014.
En Allemagne, l’AfD rassemble presque 11 % des suffrages, pour onze élus. C’est, certes, une progression par rapport à 2014 (sept élus), mais c’est une régression par rapport aux plus de 12 % obtenus lors des élections législatives de 2017.
En Espagne, le nouveau parti Vox, qui est entré au Parlement espagnol au printemps, avec 10 % des suffrages, n’a rassemblé que 6 % des votants pour les élections européennes, obtenant ainsi trois élus.
En Grèce, l’Aube dorée est en recul.
En Autriche, le FPÖ a tenu le choc, suite au scandale d’Ibiza, mais recule en perdant un élu. L’ÖVP de Sebastian Kurz a dominé le scrutin et augmente son nombre d’élus. Pour rappel, les députés européens de l’ÖVP avaient voté le rapport Sargentini contre la Hongrie au Parlement européen.
En Hongrie, le Fidesz a amélioré son score de 2014, passant ainsi de douze à treize élus. Pendant ce temps, le parti anciennement nationaliste radical Jobbik s’est effondré à 6 % et n’a obtenu qu’un seul élu (contre trois auparavant).
En Slovaquie, le parti socialiste au pouvoir (hostile à l’immigration) est en recul et perd le scrutin face à la coalition progressiste.
En Tchéquie, le parti ANO du Premier ministre Babiš, hostile à l’immigration, a remporté les élections et passe de quatre à six sièges. Il n’est, toutefois, pas clair si les élus de l’ANO continueront de siéger dans le groupe ALDE dirigé par M. Verhofstadt et où siégeront, également, les élus LREM. Notons, également, l’élection de deux élus du SPD de Tomio Okamura, allié du RN.
En Pologne, le PiS au pouvoir a remporté son duel face à la Coalition européenne. En revanche, les nationalistes (parmi lesquels on retrouve l’excentrique et provocateur Janusz Korwin-Mikke) n’ont pas franchi la barre des 5 % et ne verront pas leurs mandats renouvelés.
En Roumanie, le parti social-démocrate PSD au pouvoir, de tendance souveraino-populiste, a connu un net recul, tandis qu’au lendemain du scrutin, son leader M. Dragnea était jeté en prison au terme d’un de ces interminables procès pour « corruption » dont ce pays a le secret.
D’autres analyses plus exhaustives et plus affinées pourront, sans aucun doute, compléter le tableau ici sommairement dressé. Mais le bilan est clair : en dehors de la percée de la Lega italienne et du maintien des positions de quelques gouvernements (notamment hongrois, polonais et tchèque), la percée dite populiste ou identitaire a été modeste et largement contenue.
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