L’affaire du drapeau n’est pas terminée…

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La polémique sur le drapeau européen de l’Arc de Triomphe n’est pas close. Comment pourrait-elle l’être, d'ailleurs ! En se contentant des explications approximatives d’un Clément Beaune affirmant, dimanche matin, qu’il avait bien été prévu que ce drapeau ne resterait pas au-delà du 2 janvier sous l’arche du monument, alors que le tissu venait d’être retiré nuitamment, honteusement ? Et en plus, ils nous prennent pour des imbéciles !

Ce lundi matin, c’est Jean-Luc Mélenchon, sur France Inter, qui a qualifié la décision d’Emmanuel Macron de « caprice communicatoire », ce qui est, il faut l’avouer, assez bien vu. On se souvient qu’en 2017, lors de son entrée à l’Assemblée nationale, le tout nouveau député des Bouches-du-Rhône, en voyant le drapeau européen à côté du drapeau français derrière le fauteuil du président, s’était écrié : « Franchement, on est obligé de supporter ça ? Attends, c’est la République française ici, ce n’est pas la Vierge Marie. » Jean-Luc Mélenchon avait donc vu la Vierge. Il faisait ainsi allusion aux origines de la conception du drapeau européen. Adopté le 8 décembre 1955 par le Conseil des ministres du Conseil de l’Europe*, cet emblème avait été dessiné par un Alsacien, un certain Arsène Heitz, fonctionnaire au Conseil de l’Europe, qui aurait reconnu après coup s’être inspiré de la médaille miraculeuse représentant la Sainte Vierge entourée de douze étoiles. De là à traduire cela en volonté politique, il y a un pas, même si les « Pères fondateurs » de la construction européenne, Robert Schuman, Konrad Adenauer et Alcide De Gasperi, étaient des chrétiens convaincus. Rappelons tout de même que la Turquie, membre du Conseil de l’Europe depuis 1950, n’aurait jamais accepté un symbole explicitement chrétien.

Ce qui est amusant, c’est de voir Jean-Luc Mélenchon accréditer en quelque sorte cette thèse d’un drapeau européen « calotin » pour demander son exclusion de l’Hémicycle, alors que - c’est une évidence qui crève les yeux - l’Union européenne est tout ce que l’on veut, sauf une institution défendant ou promouvant les valeurs chrétiennes de notre civilisation. Et ce qui est peut-être encore plus drôle, c’est de voir aujourd’hui sur les réseaux sociaux quelques bonnes âmes reprendre la « thèse mélenchonienne » pour, au contraire, se réjouir de la présence du drapeau européen sous l’Arc de Triomphe, car les douze étoiles représenteraient les douze disciples et le fond bleu le manteau de la Sainte Vierge. Encore un petit effort et Emmanuel Macron sera le vicaire du Christ en Europe pour la province de France !

Mais il est vrai que notre drapeau national, pour lequel des millions d’hommes - ceux qui croyaient au ciel et ceux qui n’y croyaient pas - se sont fait tuer, n’est peut-être pas exempt, lui aussi, de quelques origines religieuses. Involontaires, sans doute, histoire de rassurer Jean-Luc Mélenchon. Ainsi, ne dit-on pas que les couleurs bleu et rouge, celles de la Ville de Paris, seraient celles du manteau bleu de saint Martin, évangélisateur de la Gaule, et de l’oriflamme rouge de saint Denis, martyr et premier évêque de Paris ?

On peut faire dire beaucoup de choses aux couleurs. En revanche, jusqu’à preuve du contraire, on n’a encore vu personne se faire trouer la peau pour le drapeau européen.

 

* Instance fondée en 1949, qui compte aujourd’hui 47 États dont la Turquie et l’Azerbaïdjan, et qu’il ne faut pas confondre avec l’Union européenne, elle-même issue de la Communauté économique européenne (CEE) fondée en 1957.

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

Vos commentaires

38 commentaires

  1. Je me trompe peut-être, mais je crois que pendant l’occupation, les Allemands n’ont pas hissé le drapeau Nazi sous l’Arc-de-Triomphe !

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