Lagarde félicite Barnier… en anglais ! Mais pourquoi donc ?

anglomanie

Mise à jour ce 6 septembre à 19h27. Cet article a été amendé : Christine Lagarde a tweeté d'abord en anglais, puis en français.

C’est Christine Lagarde – assez réfrigérante, au demeurant – qui a adressé des vœux plus personnels à son ancien comparse, Michel Barnier. Du temps où l’ancienne avocate de McKenzie, ancien ministre de l’Économie de Sarkozy, ancienne patronne du FMI et actuelle présidente de la Banque centrale européenne, du temps, disions-nous, où elle usait ses fonds de pantalon à Bercy, Mme Lagarde parlait français. (Ou pas, d’ailleurs ; on finit par s’interroger.) Bref, elle vient d’adresser à Michel Barnier des vœux ainsi rédigés : « Congratulations to Michel Barnier on your appointment as French Prime Minister. We’ve known each other for many years and I am confident that you will do an excellent job serving the people of France and Europe. » Une demi-heure plus tard (33 minutes, précisément), Christine Lagarde traduit tout de même son tweet en langue vernaculaire, pour bouseux de la France profonde : « Toutes mes félicitations, cher Michel Barnier, pour votre nomination au poste de Premier ministre. Nous nous connaissons depuis longtemps ; vous ferez un excellent Premier ministre, au service de la France, des Français et de l’Europe. » Pourquoi une Française félicite-t-elle un Français en anglais ?

Dans quelques semaines, cela fera un an – c’était le 30 octobre 2023 – qu’Emmanuel Macron inaugurait la Cité internationale de la langue française dans le château restauré de Villers-Cotterêts, accomplissant là l’une de ses promesses de campagne. Et de clamer, dans l’une de ces envolées lyriques qu’il aime tant : « Nous avons besoin du français pour former la France. »

Une France alors en deuil qui venait d’enterrer le professeur Dominique Bernard, poignardé dans la cour de son lycée par un jeune islamiste ingouche. Et le président de la République, après avoir différé son déplacement à Villers-Cotterêts pour cause d’obsèques de l’enseignant, de déclarer : « À l'heure où les haines ressurgissent, la langue française est un ciment. » Encore faut-il vouloir la parler, notre belle langue !

Nous voilà donc un an plus tard, tentant de sortir d’une dramatique crise de régime après 50 jours sans gouvernement. Le nouveau Premier ministre, Michel Barnier, reçoit en ce moment même les introuvables ministrables, rien que des suicidaires, à en croire les commentateurs.

La patronne de la BCE a-t-elle jamais parlé français ?

Michel Barnier est, répète-t-on en boucle, « un européiste convaincu ». Au regard de sa longue carrière dans les institutions du grand machin, on peut le croire, en effet. Il semble pourtant qu’il soit en froid avec ses ex-collègues et l’on souligne que Mme von der Leyen a fait traîner l’envoi des félicitations d’usage, limitées d’ailleurs au service minimum : « Félicitations à Michel Barnier pour sa nomination au poste de Premier Ministre. Je sais que Michel Barnier a les intérêts de l’Europe et de la France à cœur, comme le démontre sa longue expérience. Je lui souhaite beaucoup de succès dans sa nouvelle mission. » On a connu plus chaleureux.

En route pour le globish mondialisé

Comme le disait le Président Macron dans son allocution de Villers-Cotterêts, la langue française « bâtit l'unité de la nation ». On peut alors s’interroger : quiconque refuse de le parler tient-il à l’unité du pays ? Sans doute faut-il répondre non, et en cela, l’anglomanie littéralement pathologique de nos élites est très révélatrice.

Leur but n’est pas de « faire nation », c’est de parvenir à l’avènement du village global, à la créolisation tous azimuts, à la refonte des langues nationales dans un globish indifférencié, version aboutie de l’anglais d’aéroport. Pourtant, dans son discours de Villers-Cotterêts, la seule réticence dont nous a fait part Emmanuel Macron concerne l’écriture inclusive : « Il ne faut pas céder aux airs du temps », a-t-il dit, ajoutant que « le masculin fait le neutre. On n'a pas besoin d'y rajouter des points et des tirets. » II aurait dû rappeler aussi, mais il ne l’a pas fait, que le français est la langue officielle du pays, ce qui est inscrit dans la Constitution depuis 1992. C’est sans doute parce qu’à notre langue, il préfère la langue de l’entre-soi des élites, celle de la « start-up nation », meilleur moyen de creuser le fossé entre le pays réel et les petits hommes gris et grandes femmes sèches qui se partagent le pouvoir.

Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

Vos commentaires

30 commentaires

  1. Cette bobo à oublier que sa langue maternelle est le Français surtout lorsqu’elle s’adresse à un Français

    • Mais cette fonctionnaire de l’UE a tous les droits de la mondialisation qu’elle prône comme Macron! Et en plus elle sait très bien que la BCE sera la bouée de sauvetage de la France déclinante et de son déficit public passé hors norme de l’UE !

  2. Pourquoi pas le féliciter en chinois mandarin pour rester dans l’air du temps ? Ah on reconnaît ces bons patriotes de l’UE…

  3. En tout cas, notre « cher » président ne s’est pas exprimé, lui qui abuse de palabres, sur la nomination, par lui-même, du premier, ministre ! Ni en Français, ni en « english »

  4. C’est là que l’on ce rencontre que cette dame n’aime pas la France et la langue Française car la première chose qu’elle fait pour Mr Barnier c’est lui parler en Anglais … elle nous fait honte la dame.

  5. Pour la classe supérieure (?) il faut parler anglais.  » La langue française est un ciment » nous dit l’autre , sauf que si un des agrégats n’est pas en bonne proportion le ciment devient…impropre

  6. Que le president lui-même fasse « mea culpa » et intervienne exclusivement en français, chez nous comme à l’étranger, en public comme en privé. L’exemple, bon ou mauvais, vient toujours d’en haut.

  7. Ne nous réjouissons pas de la nomination de Monsieur Barnier, c’est un peu comme si une dinde faisait la fête pour le réveillon de Noël….

  8. C’est assez scandaleux mais dans les milieux internationaux tout le monde s’exprime en anglais, alors je ne suis pas surpris qu’elle ne se rappelle plus qu’elle est française. On dirait mes petits enfants qui même à la maison s’expriment en anglais, pour 3 jours par an qu’ils viennent en France, ils pourraient parler français, un français qu’ils parlent sans aucun doute moins bien que l’anglais.

  9. Ca fait (ça faisait) très snob de parler anglais, surtout avec l’accent américain. Encore une dame qui oublie d’ouvrir les yeux et les oreilles pour retrouver l’humilité et la franchise de son enfance ! Pourtant, il suffirait de regarder (contempler) ses petits-enfants pour se remettre du plomb dans la cervelle..

  10. Mais quelle importance cela prouve une fois de plus que ces gens n’aiment la France que pour les avantages dont ils profitent .

  11. Cella montre tout l’intérêt que qu’elle voue à la France et aux Français. Ça ressemble d’ailleurs plus à une mise en garde de la BCE qu’à de vraies félicitations, idem pour UVDL.

  12. Excellent. A noter : « Il semble pourtant qu’il soit en froid avec ses ex-collègues et l’on souligne que Madame Von der Leyen a fait traîner l’envoi des félicitations d’usage, limitées d’ailleurs au service minimum » Il voulait prendre sa place. Mais Pourquoi, au juste ?

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