L’Algérie prête à rompre ses relations commerciales avec la France ?

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Simple rumeur, menace sérieuse ou mesure de rétorsion déjà en vigueur ? Ce 6 novembre, un message des douanes algériennes a été largement relayé sur X (anciennement Twitter), partagé notamment par Xavier Driencourt, ancien ambassadeur de France en Algérie. Ce court document indique qu'« à compter du 5 novembre 2024, les domiciliations d’importation ayant pour origine et/ou provenance la France ne seront plus traitées par les banques de la place, les opérations d’export vers la France sont également concernées ». Dans la foulée, Le Figaro annonce qu’Alger réfléchirait à suspendre ses relations commerciales avec Paris. Puis, ce 7 novembre, Europe 1 affirme que « plusieurs sources confirment qu’Alger impose, depuis le 5 novembre, des mesures de restriction sur les importations françaises et les exportations vers la France ». Mais pour l’heure, aucune communication officielle des autorités algériennes n’a été publiée à ce sujet. Contacté par nos soins, le ministère des Affaires étrangères français nous indique que « de telles mesures n’ont pas été portées officiellement à la connaissance de la France ». « Nous suivons la situation de nos entreprises en Algérie avec beaucoup de vigilance, mais encore une fois, nous n’avons reçu aucune notification officielle. La France est attachée à sa relation avec l’Algérie, à laquelle nous sommes unis par des liens humains denses et des intérêts partagés », précise le Quai d’Orsay.

Une consigne orale aux banques

Un voyage au Maroc qui ravive des tensions. Depuis le mois de juillet, les relations entre la France et l’Algérie ne cessent de se dégrader. En cause, une lettre d’Emmanuel Macron adressée à Mohammed VI, roi du Maroc, dans laquelle le chef de l’État français reconnaissait la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, un territoire sur lequel l’Algérie demande, à l’inverse, un référendum d’autodétermination. Dès le 30 juillet, Alger a alors rappelé son ambassadeur. « Un premier pas qui sera suivi par d’autres », menaçait le ministère des Affaires étrangères algérien. « Le gouvernement algérien tirera toutes les conséquences qui découlent de cette décision française », précisait le ministère. Une menace désormais mise à exécution, cinq jours après le voyage d’Emmanuel Macron au Maroc, voyage durant lequel le Président français a réaffirmé son soutien à « la souveraineté marocaine » sur le Sahara occidental.

Selon Europe 1, depuis ce 5 novembre, l’Algérie imposerait ainsi des mesures de restrictions sur « les importations et les exportations avec la France », notamment de gaz. Les autorités algériennes auraient en effet demandé aux banques de ne plus traiter les opérations en lien avec la France. Une consigne qui serait d’ores et déjà appliquée, à en croire les récents blocages vécus par certaines entreprises françaises. Le Figaro précise que cette consigne, qui n’a toujours pas été formalisée ni officialisée par le gouvernement algérien, aurait été donnée « verbalement » lors d’une réunion avec l’Association professionnelle des banques et des établissements financiers (ABEF).

Possibles représailles de la France

Ce n’est pas la première fois qu’Alger réagit de façon précipitée, sans doute sous le coup de l’émotion, à propos du Sahara occidental. En juin 2022, suite à la décision de l’Espagne de soutenir le plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental, l’Algérie avait brutalement décidé de suspendre son traité de coopération avec Madrid et ses liaisons aériennes, et avait gelé les domiciliations bancaires de commerce vers et en provenance de l’Espagne.

Mais en agissant de la sorte avec la France, l’Algérie prend le risque de se retrouver elle aussi lésée. Comme l’analyse le directeur du Centre nord-africain d’études, interrogé à ce propos dans la presse marocaine, « bien que l'Algérie ait déjà des précédents en matière de prise de décisions économiques à dimension politique en réduisant, et non en interrompant, ses importations en provenance de France à de précédentes occasions, toute décision d'interdire complètement les importations françaises aura des conséquences économiques ». L’économie algérienne dépend en effet en partie des importations françaises, comme le montrent les chiffres du Trésor français. En 2023, les échanges entre les deux pays représentaient ainsi près de 12 milliards d’euros. La France est également le deuxième fournisseur et le troisième client de l'Algérie. Le manque à gagner pourrait s'avérer important... Mais la France dispose également de leviers de rétorsion en cas de gel des échanges commerciaux (visas, versement des pensions, accord de 1968…). Ce 7 novembre, au micro de Sud Radio, Bruno Retailleau se disait ainsi favorable à dénoncer les accords algériens de 1968. Dans cette crise, qui a le plus à perdre ?

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/11/2024 à 0:25.
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Clémence de Longraye
Journaliste à BV

Vos commentaires

117 commentaires

  1. D’accord avec tous les commentaires mais je pense que nos dirigeants vont plutôt acheter du cirage si vous voyez ce que je veux dire…

  2. Hypocrite au point de ne pas avouer qu’ils ont déjà mis en place leurs décisions ? Arrêt immédiat de tous les visas, des aides, de tout transfert de fonds, de toute importation, y compris le gaz. Il faut que la réplique soit disproportionnée. Toute autre génuflexion ou courtoisie diplomatique sera perçue comme une affligeante faiblesse de la France, une de plus, et avec Macron, c’est malheureusement ce qui est à craindre.

  3. L’Algérie prête à rompre les relations commerciales !!
    Chiche !! Les plus emm… seraient les Algériens eux-mêmes. Le peu de gaz que nous leur achetons par charité ferait salement défaut aux finance de ce pays, comme d’ailleurs tout ce qu’ils nous importent.

  4. Mais que l’Algérie reprenne ses OQTF et reconnaisse les massacres commis par le FLN, et ça c’est pas demain la veille !

    • Depuis le temps que l’Algérie menace la France qu’avons nous fait . Appliquons nous aussi les mesures inverse et envoyons lui tous ses ressortissants non français. On verra qui aura le plus à perdre.

  5. C’est tant mieux ce pays n’aime pas la France et du reste le dit dans son hymne national. Depuis 1962 c’est Alger…rien

    • Oui cessons tout accord, tout versement de millions d’euros d’aide au développement, toutes les allocations aux immigrés, que ceux-ci retournent chez eux.

  6. L’histoire est têtue, si il se trouve que ce pays a des reproches a nous faire elles ne sont rien par rapport aux notre envers ce pays rappelons nous les effets des raids barbaresques depuis le 16 et 17ème siècles en Méditerranée et dans le sud de la France où existe encore aujourd’hui de nombreuses traces. Aller s’incliner devant la mort d’un dirigent FLN est un non sens alors que des morts Français par ces gens là ne manquent pas. Nous, en France on a la culpabilisation bien trop facile. Ignorer l’Algérie pays qui n’a jamais voulu faire la paix n’est pas une mauvaise chose.

  7. Va y on encore longtemps se laisser ridiculiser par les dirigeants de ce pays.
    Ils sont indépendants et nous haïssent, simple, ils reprennent leurs ressortissants, on coupe les vivres,aides et versements des retraites fantômes et ils vivent leur vie.
    Ils ne laisseront pas de regrets .

  8. Fêtons « ça » de la plus belle ET totale façon : renvoi des délinquants algériens … En plus, ça va libérer des places de prisons ! …
    Immédiatement :
    – Terminé les visas …
    – Terminé les envois d’argents sans taxes …
    – Une mission spéciale de vérification sur la « réalité » des « retraités » d’origine algérienne …
    ça va faire du bien au portefeuille de la FRANCE ! …

  9. Si seulement nous avions gardé la filière atomique, si seulement nous n’avions un déficit abyssal, si seulement on ne nous avait pas tordu le bras pour obtenir encore davantage de visas, si seulement l’Algérie soixante ans après être née ne continuait pas à alimenter sa rancoeur et ne se bercait d’ingratitude. Ils savent bien, les barbons réminiscents du FLN, à qui ils ont affaire en France. Matamor après le 7 octobre, Macron revient à sa nature pourlécheuse quelques jours plus tard. Politique de l’équilibre de l’ordre des invertébrés, politique de la suffisance d’un fausset qui ambitionne les grands airs et a l’air d’un petit. Le peuple algérien attend de la France un peu de courage, il n’attend rien de ceux qui le maintiennent en servitude en pillant la caisse. 60 ans après, ils tirent encore sur le cordon ombilical, assoiffés de repentances qui ne servent que leurs intérêts spécifiques. Alors , Taper un grand coup ? Chiche…

  10. Deux choses à faire sans tarder, dénoncer les accords de 1968, et ne plus délivrer de visas, imposer une taxe sur les transferts financiers de France vers Algérie, après on discute.

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