L’Allemagne en panne, puis bricolée
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Depuis les élections de septembre dernier, l'Allemagne ne parvenait pas à se constituer un nouveau gouvernement. Elle pense, trois mois plus tard, ce 12 janvier, s'en être bricolé un : CSU, CDU et SPD. Le parti de Mme Merkel paie les graves erreurs de cette dernière en matière d'afflux des immigrés. Dont la France supportera aussi, inévitablement, les conséquences car rien que pour 2017, elle doit traiter 100.000 demandes de statut de réfugié, hors "Dublin" (+500 % en 15 ans) ; et l'Allemagne 200.000, qui pourront circuler à leur guise en cherchant le meilleur endroit pour s'installer.
Ce problème immense est nié. La question de l'immigration, quelles que soient les différences de nomenclature juridique, fracture désormais le monde politique en Europe. Les tenants du déni idéologique contre ceux du réel sociologique et humain seront associés dans le même gouvernement... En effet, l'Union chrétienne-sociale en Bavière (CSU), alliée bavaroise de l'Union chrétienne-démocrate (CDU) de la chancelière, a réclamé un durcissement à l'égard des réfugiés dans le pays, alors que le SPD (socialiste) demande au contraire un assouplissement du regroupement familial : "Nous resterons ferme", a prévenu Schulz, le chef du SPD. Le conflit doctrinal inévitable entre SPD et CSU, sur fond d'accroissement des agressions (notamment contre des femmes), alimentera à terme l'AfD. Merkel, accro au pouvoir, n'a pas compris qu'en refusant de nouvelles élections, elle alimente ce qu'elle dit redouter.
De plus, une autre bombe à retardement menace son bricolage : Martin Schulz, ancien président du Parlement européen, est un extrémiste européen rallié au "macronisme" sur la création d'un budget fédéral européen et d'un grand argentier pour l'euroland. Ce que les caciques, les sponsors et les électeurs de la CDU refusent.
La survie de ce gouvernement sans cohérence politique est très incertaine : une paralysie du Bunsdestag serait, pour Merkel, une fin de carrière sans gloire. Avec, de toute façon, de nouvelles élections dont seule la droite nationale (AfD) profiterait. Immobiliste ou explosif, ce gouvernement bricolé révélera que la fracture politique allemande est grave. Ce gouvernement de dernière heure est le produit fragile des partis perdants, très faibles tant sur la scène politique qu'en leur sein. Les chefs des partis coalisés sont confrontés à un fort rejet par leurs troupes. Que ce soit Schulz au SPD, Seehofer à la CSU bavaroise et Merkel à la CDU. Comme la France, l'Allemagne, en s'inventant des discours "populistophobes", fait progresser ses concurrents sans réaliser qu'ils répondent pourtant, eux, bien ou mal, aux aspirations des gens. Une situation à la française : les mêmes causes bruxello-mondialistes produisent les mêmes effets sur les deux rives du Rhin.
Brexit, crises écossaise, catalane et corse, coalition nationale autrichienne, groupe de Visegrád, chômage, tsunami migratoire, paupérisation contre enrichissements colossaux et frauduleux, TAFTA, CETA, Ukraine, Russie : nous changeons rapidement et très profondément d'Europe sociologique. Espérons que des chefs d'État encore inconnus s’attelleront au plus tôt à rebâtir intégralement une Europe adaptée aux nouvelles conjonctures, aimée des peuples, à l'unisson de leurs profondes demandes.
Seule une presse convenue croit voir dans l'affaiblissement politicien allemand une illusoire nouvelle puissance de la France et du junior de l’Élysée.
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