L’allocation de rentrée scolaire a 50 ans

CARTABLE

Qui dit fin des vacances d’été dit, aussi, préparation de la rentrée scolaire. Pour cela, parents et enfants s’attèlent à remplir aux mieux cartables et trousses. Cependant, tous en France n’ont pas la chance ou les moyens d’avoir tout ce qu’il faut afin d’assurer un retour convenable à l’école pour leur progéniture. Pour les aider, la République propose, cette année encore et comme depuis cinquante ans, une allocation de rentrée scolaire afin d’aider les foyers les plus modestes et de garantir l’égalité des chances à tous nos petits Français.

Un appel à l’aide

L’origine de la création de cette allocation remonte à septembre 1973. Lors de l’émission télévisée Feux croisés, le ministre de l’Enseignement public Joseph Fontanet est interpellé par une mère de famille, Mme Lacombe, membre du Conseil national de l'Union des femmes françaises. Celle-ci demande au ministre de Georges Pompidou d’aider les ménages les plus faibles qui subissent une inflation grandissante. Elle rappelle alors à son interlocuteur qu’il « est inscrit dans la loi : l’organisation de l’enseignement public, gratuit et laïc à tous les degrés, est un devoir de l’État […] L’enseignement obligatoire public assure à tous les enfants des conditions égales devant l’instruction […] notamment par la gratuité des transports, des fournitures scolaires et par la prestation de service réalisant cette pleine égalité […] Monsieur le Ministre, pourquoi le gouvernement et vous-même n’appliquez-vous pas la loi ? » À cela s’ajoute la réflexion d’André Bergeron, le secrétaire général de Force ouvrière de l'époque : « Il est sûr qu’on parle beaucoup de démocratisation de l’enseignement, mais la démocratisation de l’enseignement n’est pas tout à fait réalisée et tout le monde ne dispose pas des mêmes moyens […] ne pensez-vous pas qu’il serait nécessaire de décider la création d’une allocation de rentrée ? » Joseph Fontanet, soulignant que « l’Éducation nationale n’est peut-être pas le ministère qui doit résoudre tout seul le problème d’une aide aux familles », rappelle la part déjà importante de la gratuité assurée par l’État pour chaque enfant jusqu’à l’âge de 16 ans. Cependant, l’idée d’une ARS entre dans les esprits et va faire son petit bonhomme de chemin jusqu’à l'Assemblée nationale.

Une loi votée mais contestée

Ainsi, pendant l’été 1974, un texte de loi « fixant les mesures d'application des articles […] du Code de la Sécurité sociale relatifs à l'allocation de rentrée scolaire » est voté. S’élevant à 100 francs de l’époque (soit 89,86 euros d'aujourd’hui, selon le convertisseur de l'INSEE), cette aide financière ne va pas cesser d’augmenter avec les années, jusqu’à aujourd’hui. Ainsi, pour la rentrée 2024, l’allocation, atteignant 416 euros pour un enfant de primaire et 454 euros pour un lycéen, a été versée à près de 3 millions de familles en France.

Cependant, l’augmentation de l’ARS va aussi de pair avec celle des critiques. En effet, les dépenses faites avec cet argent public, son possible détournement, entremêlé avec l’idée d’assistanat constant, entraînent des questions mais aussi déclarations comme celle de Barbara Lefebvre au micro des Grandes Gueules, ce 19 août : « Quand tu achètes une veste à 600 euros, ne viens pas me dire que tu as du mal à joindre les deux bouts pour t'acheter un tube de colle. » Cette pensée avait même poussé Jean-Michel Blanquer à vouloir passer le versement de l’ARS sous la forme de bons d’achat après avoir remarqué « qu’il y a des achats d’écrans plats plus importants au mois de septembre qu’à d’autres moments ». Malgré les critiques virulentes d’une gauche craignant « une suspicion envers les familles précaires », le président de la République s’était déclaré favorable à cette idée : « Il ne faut avoir aucune stigmatisation mais il est important que les parlementaires vérifient que l’argent des contribuables va bien au bon endroit, […] je pense que c’est de salubrité publique. »

Cependant, trois années après cette déclaration et avec un nouveau mandat présidentiel en poche pour Emmanuel Macron, aucun changement, aucune réforme n’a été faite.

Eric de Mascureau
Eric de Mascureau
Chroniqueur à BV, licence d'histoire-patrimoine, master d'histoire de l'art

Vos commentaires

23 commentaires

  1. Non seulement tout est gratuit ou presque en France mais la majorité des Français ne payent pas d’impôt. Comment voulez-vous qu’on ne soit pas en déficit?

  2.  » et tout le monde ne dispose pas des mêmes moyens » Mon Dieu quelle horreur!
     » il est important que les parlementaires vérifient que l’argent des contribuables va bien au bon endroit » Qu’elle est bonne cette idée, mais encore meilleure quand elle sera appliquée.

  3. Il n’y a pas lieux à faire une diférence, entre les français de souches et les français issue de l’immigration ! A partir du moment où des Français, peux importe leurs origines, ont des enfants ! Ils ont droit à l’allocation de rentré scolaire ! Même si un doute raisonnable est permis, sur la réelle utilisation de cette allocation ! Il faut tout même accepté ce risque ! Parce que si une minorité fraude, sur l’utilisation de cette allocation de rentré scolaire ! Il n’y a aucune raison de pénaliser les autres français, qui sont honnête et joue le jeux ! Amitiés à tous ! Hervé de Néoules !

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