« L’âme du village arrachée » : mutilation d’un calvaire en Loire-Atlantique

© Crédits photo : Nicolas Criaud - Facebook
© Crédits photo : Nicolas Criaud - Facebook

« Quelle honte ! Ce monde ne tourne vraiment pas rond ! » Plusieurs jours après la disparition mystérieuse de la croix du calvaire de Miroux, l’émotion ne retombe pas, à Guérande (Loire-Atlantique). Une plainte a été déposée par la mairie et une enquête ouverte pour tenter de retrouver la croix en fonte, portée disparue depuis la fin du mois d’août.

Une enquête ouverte

À la sortie de Guérande, le socle en granit du calvaire est toujours là. Mais la croix en fonte, installée sur ce socle en 1883, a été arrachée. C’est un agent municipal qui, le premier, a constaté à la fin de l’été l’absence du crucifix. Ce 10 septembre, Nicolas Criaud, maire Horizons de la ville, a confirmé la « disparition de la croix de Miroux ». Elle aurait, selon l’édile, été « dérobée ». Dans un communiqué, il « déplore ce vol ». « Les statues, les croix et les calvaires, comme l’ensemble de notre patrimoine, forgent l’identité culturelle de notre cité et demeurent des témoins silencieux de notre passé », rappelle l’élu. Une plainte a été déposée et la gendarmerie enquête désormais pour tenter de « retrouver ce bout d’âme de notre commune qui vient de disparaître ». Mais les investigations s’annoncent compliquées, tant les éléments sont minces voire inexistants…

En réaction à ce communiqué, nombreux sont les habitants de la commune à partager leur indignation sur les réseaux sociaux. « Aucun respect, c’est lamentable ! », écrit l’un d’eux. « Le sacré a disparu… », regrette un autre. Et un dernier de déplorer : « C’est vraiment honteux et triste à la fois. Nous vivons vraiment dans un drôle de monde où le respect n’existe plus. »

Guérande n’est malheureusement pas la première commune a être confrontée à ce genre de « vol ». En juin 2023, la croix du coq sur un calvaire de Crillon-le-Brave (Vaucluse) avait aussi été portée disparue. Désolidarisé de son socle après un accident de voiture, le crucifix avait été dérobé. Quelques mois plus tard, c’est une croix en granit qui a été volée dans un village d’Ille-et-Vilaine.

Les calvaires, cibles de dégradations

Contacté par BV, Alexandre Caillé, directeur général de l’association SOS Calvaires, peine à croire que la croix de Guérande ait pu être volée. « On dit vol pour ne pas dire dégradation et parce que la croix a disparu, suppose-t-il. Mais qui vole une croix ? C’est absurde ! » Pour le jeune homme, qui avec son association restaure entre un et deux calvaires par jour, il s’agirait plutôt d’une « dégradation ». L'enquête suit son cours, aucun élément n'a pour l'heure été dévoilé.

« Ces dégradations ne sont pas toutes intentionnelles, explique Alexandre Caillé. Beaucoup sont le résultat d’accidents de chantier ou de voiture, notamment lorsque le calvaire se trouve sur une sortie de champ. » Mais il y aussi les « dégradations faites par des "illuminés" qu’on ne peut pas tracer et sans aucune revendication ». Et - cas plus rares, selon le jeune homme -, il y a, enfin, des « dégradation signées », quand « le calvaire devient le réceptacle des revendications personnelles de tous bords comme des tags "Convertissez-vous !" ou "Ni Dieu ni maître". »

Comme à Guérande, chacune de ces dégradations suscite un émoi particulier au sein des villages concernés. « Les gens, qu’ils soient croyants ou non, sont touchés et c’est normal. C’est une partie de l’âme du village qui est arrachée », note Alexandre Caillé. « Souvent, les habitants du village ne prêtent même plus attention à ces calvaires, sauf quand ceux-ci sont dégradés ou restaurés. D’un côté, c’est rassurant, parce que ça veut dire que le calvaire appartient à leur patrimoine quotidien, mais de l’autre, cela signifie qu'ils les entretiennent souvent peu ou pas », conclut-il.

Clémence de Longraye
Clémence de Longraye
Journaliste à BV

Vos commentaires

20 commentaires

  1. Je suppose que si cela avait été un croissant musulman, il serait encore en place. Les français sont respectueux, jusqu’à une certaine limite qu’il ne faut pas franchir. J’attends cette réaction, ce sursaut de notre patrimoine bafoué, foulé aux pieds. (membre du parti Reconquête).

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