L’aménagement intérieur de Notre-Dame par le diocèse laisse des zones d’ombre
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Plusieurs jours de commentaires acerbes dans les médias et sur les réseaux sociaux, suite aux indiscrétions du quotidien anglais The Telegraph dénonçant un « Disneyland politiquement correct ». Une tribune publiée dans Le Figaro et la Tribune de l’art sous le titre « Une nouvelle menace plane sur Notre-Dame de Paris : ce que l’incendie a épargné, le diocèse veut le détruire ». Le réaménagement de l’intérieur de la cathédrale de Paris voulu par le diocèse n’était pas encore présenté qu’il faisait déjà des vagues. Le diocèse a présenté, ce jeudi 9 décembre, le plan de réaménagement intérieur de la cathédrale à la Commission nationale du patrimoine et de l’architecture. Cette émanation du ministère de la Culture est présidée par Albéric de Montgolfier, sénateur LR, ancien président du conseil départemental d’Eure-et-Loir (il a donc siégé à Chartres, dominée par sa cathédrale) et fin connaisseur du patrimoine. Déjà, sous la présidence Sarkozy, Montgolfier avait été chargé de remettre au Président un rapport portant sur « le bilan et les perspectives des politiques de valorisation économique du patrimoine en France ».
Beaucoup de bruit pour rien ? Les mots restent encore très vagues et ne permettent pas, pour l’instant, de confirmer ou d’infirmer les folles rumeurs évoquées par The Telegraph. À la fin de la journée, les experts de la Commission ont validé le projet, avec seulement quelques réserves qui en disent long, cependant, sur le projet initial. Pour le déplacement de statues de saints des chapelles vers les piliers de la cathédrale, c’est non, a dit la Commission. Quant aux bancs à roulettes dotés de lumignons, méfiance : les experts veulent voir un prototype avant de donner leur accord.
Sur cette base, le ministère de la Culture a publié un communiqué approuvant le plan du diocèse.
On peut, cependant, affirmer avec une quasi-certitude qu’il ne s’agira pas d’une reconstruction semblable à celle de Viollet-le-Duc qui, au XIXe siècle, avait veillé à ce que ses travaux soient en conformité avec les origines médiévales de la cathédrale. Sa patte a été contestée mais elle s’inscrivait dans une aspiration vers la redécouverte du Moyen Âge. Cette fois, le ministère parle de « recours à la création artistique pour les nouvelles composantes de l'axe liturgique et les nouvelles œuvres prévues dans les chapelles ». Aucun nom n’est avancé officiellement, mais certains artistes sont évoqués « à titre d’exemples ».
Si les œuvres d’Ernest Pignon-Ernest et d’Anselm Kiefer peuvent laisser espérer un effort de respect envers ce qu’était Notre-Dame, le nom de Louise Bourgeois est plus inquiétant. Il suffit de jeter un coup d’œil à ses œuvres très kitsch pour s’en convaincre. La tribune signée le 8 décembre par diverses personnalités comme Stéphane Bern, Jean-Marie Rouart ou encore Alain Finkielkraut affirmait que « bien souvent, la niaiserie le dispute au kitsch ». Les craintes de Boulevard Voltaire sont loin d’être dissipées. On voit mal comment ces fantaisies artistiques « dialogueront » avec les Mays du Grand Siècle.
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