L’annuaire des phobies s’enrichit d’un petit nouveau : la glottophobie
2 minutes de lecture
Le député de l'Hérault Christophe Euzet s'ennuyait, sur les bancs de l'Assemblée. En tant que membre actif de la majorité dormante, il lui fallait trouver un moyen de se distinguer. La liste des discriminations punies par la loi était déjà longue mais il pouvait, avec un peu d'imagination, en trouver une nouvelle qui viendrait se joindre au Bottin® des phobies déjà mises en place par les gendarmes de la bien-pensance. Origine, orientation sexuelle, handicap, patronyme, grossesse, croyance religieuse : tout ce fatras d'intouchables était déjà pris. Que faire ? Et soudain l'éclair, la fulgurance : la discrimination à cause de l'accent. Ah, nom de diou ! Il tenait là une de ces idées qui allaient dans le sens de la culpabilisation généralisée, un moyen supplémentaire d'instaurer un climat orwellien sur l'ensemble du pays.
Mais encore fallait-il trouver un nom à ce racisme interrégional. Et c'est à ce moment que surgit un mot inventé, en 2008, par un sociolinguiste créatif : la glottophobie. Des employeurs rechignaient à engager des postulants dont la glotte ne leur revenait pas. Après examen de la gorge, ils s'apercevaient que la déformation de cet appendice donnait lieu à des accents très marqués et tout à fait contre-indiqués pour le poste proposé. La voix d'un aéroport ne pouvait pas annoncer : « Putaing con, le vol à destinationg de Berling aura 20 minuteux de retard, peuchère. »
Discrimination prochainement interdite grâce à Christophe Euzet, membre actif de « Agir », groupuscule anarcho-conformiste détaché de la fusée « En marche ! » qui ne comptait qu'un étage.
L'heureux homme justifie sa lubie du moment par la trouvaille d'un terrain encore inexploité : « À l’heure où les minorités “visibles” bénéficient de la préoccupation légitime des pouvoirs publics, les minorités “audibles” sont les grandes oubliées du contrat social fondé sur l’égalité. » Une mine d'or.
Après avoir écumé le réservoir de la minorité audible, le député pourrait s'attaquer aux minorités olfactives. Trop de Français sont discriminés en raison des plats fortement aillés qu'ils ont ingérés quelques minutes avant leur entretien d'embauche. Effluves divers, odeurs intempestives, émanations suspectes... Des députés du groupe « Agir » planchent sur ce sujet qui voit des emplois échapper à des personnes pourtant très compétentes. Comme l'a déclaré un député En marche ! qui a souhaité garder l'anonymat : « Le compétent se trouve bien souvent exclu du monde du travail notamment dans le secteur de la parfumerie. » Il va sans dire que les minorités cumulant l'audible et l'olfactif seront traitées avec tous les égards dus à leur rang.
Au terme de cet inventaire de particularités à protéger, chaque Français pourra se prévaloir d'appartenir à une catégorie. Les exceptions s'annulant les unes les autres, les autorités moralisatrices auront ainsi fait la démonstration de l'ineptie de leur idéologie. Un peu de patience...
Pour ne rien rater
Les plus lus du jour
LES PLUS LUS DU JOUR
Un vert manteau de mosquées
BVoltaire.fr vous offre la possibilité de réagir à ses articles (excepté les brèves) sur une période de 5 jours. Toutefois, nous vous demandons de respecter certaines règles :