L’argent magique
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À peine théorisé, le « merveilleux » monde d’après que nos vendeurs de soupe (populaire) appellent de leurs vœux est en train de prendre naissance avec au moins une certitude : l’argent magique existe. Et vous en bénéficiez déjà tous les jours.
Si vous êtes soignant, c’est le graal depuis le 17 mars. Vos repas sont concoctés par un grand chef. Votre transport est gratuitement uberisé. Vos enfants ont pu continuer leur scolarité presque normalement. Les gratifications de celles et ceux de la « première ligne de front » tombent. Les engagements d’augmentation de salaires et d’amélioration des moyens tomberont rapidement aussi, aux dires du ministre Olivier Véran. Les deux promesses du prince, défiler le 14 juillet sur les Champs-Élysées et être récompensé d’une médaille, sont à l’étude. À vrai dire, en excellents professionnels qu’ils sont, les soignants n’ont fait que leur travail. Et ils ont dû pallier les carences de l’état hospitalier.
Les vieilles lunes obsessionnelles de certains, comme Thomas Piketty, sont très vite réapparues. Il faut « rétablir l’ISF et lutter contre la fraude fiscale ». Une façon, certes, plus à gauche de trouver de l’argent magique. Mais, in fine, qui paiera ? Nous tous, bien sûr.
Si vous vivez dans la périphérie cosmopolite de nos métropoles, rassurez-vous. À défaut de passer l’été au pays, qui en Algérie ou au Maroc, qui au Sénégal ou encore en Turquie, pour cause d’avions cloués sur le tarmac, vous pourrez découvrir votre splendide et pittoresque pays d’accueil : la France. Notre État omnipotent et bienveillant va vous arroser d’argent magique avec ses passeports pour le soleil : les Chèques-Vacances.
Mais si l’argent magique, autrement dit nos impôts d’aujourd’hui et ceux de nos enfants demain, ruisselle, irrigue et diffuse, il le fait à mi-temps. J’ai découvert que tous les services préfectoraux de mon département étaient fermés au public depuis le 17 mars, et ce, jusqu’au 15 juin 2020. Idem pour les deux sous-préfectures. Quant aux agences postales, elles ne semblent fonctionner désormais qu’à mi-temps. Mais j’ose espérer, pour les postiers et les employés préfectoraux, que l’argent magique continue de leur octroyer leur salaire à temps plein.
À la crise sanitaire succédera irrémédiablement une crise économique cataclysmique. La décision de confiner a donc conduit très brutalement à détruire notre économie. Et, je crois, pour longtemps. Air France, 7 milliards d’euros d’aide. Le tourisme, 18 milliards d’euros. Le coût du chômage partiel est estimé à 25 milliards d’euros à fin mai. Les prémices de la catastrophe sont annoncées chez Renault et chez Airbus. L’argent magique distribué grâce à l’endettement supplémentaire de l’État et des collectivités territoriales dissimule, tel un airbag protecteur, la réalité aux Français alors que l’accident s’est déjà produit.
Thématiques :
fiscalité
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