L’Assemblée en veillée d’armes !

Assemblée nationale

Le sort des retraites des Français entre dans son ultime phase. Alors que la fin des travaux et des débats va bientôt sonner, certains groupes risquent de trouver à cette sonnerie des allures de glas. Après des semaines de débats enfiévrés, d’escarmouches et de crises de nerfs, la représentation nationale va se confronter une dernière fois avec l’écho des presque deux millions de manifestants. Que va-t-il se passer ? Quelle est la position des différents groupes ? On fait le point.

Prochaine étape : la commission mixte paritaire

Cette commission, qui siégera ce mercredi matin, rassemblera sept députés et sept sénateurs. Du coté de l’Assemblée, les sept députés seront Fadila Khattabi, présidente Renaissance de la commission des affaires sociales, Stéphanie Rist, rapporteur général (Renaissance) du budget de la Sécurité sociale et du projet de loi, Sylvain Maillard (Renaissance) et Philippe Vigier (MoDem). Du côté de l’opposition, Olivier Marleix, président du groupe LR, représentera les députés d’opposition favorables à la réforme. Même si, chez LR, c’est tout sauf simple. La NUPES sera représentée par Mathilde Panot, chef de file de LFI et, au RN, c’est le député du Loiret Thomas Ménagé qui représentera son groupe.

Côté Sénat : Catherine Deroche, présidente LR de la commission des affaires sociales, René-Paul Savary, rapporteur LR de la branche vieillesse et du projet de loi, Élisabeth Doineau, rapporteur général (centriste) du budget de la Sécurité sociale, et Philippe Mouiller (LR). À noter que le Sénat est majoritairement LR, la majorité présidentielle est donc en minorité. Elle sera représentée par Xavier Iacovelli. Les sénatrices socialistes Monique Lubin et Corinne Féret porteront la voix de l’opposition de gauche à la réforme des retraites.

Malgré les demandes de la NUPES et le soutien du Rassemblement national, les débats de cette commission mixte paritaire ne seront pas retransmis publiquement en direct.

Le point sur les groupes

Du côté de la NUPES et du Rassemblement national, la question ne se pose pas. Les deux groupes voteront contre à l’unanimité. « Nous proposerons une motion de censure et sommes prêts à signer toutes celles que présenteraient les différents groupes », affirme la porte-parole du RN Laure Lavalette, confirmant ainsi les propos tenus par Marine Le Pen, ce lundi, en conférence de presse. Des motions que la NUPES serait prête à cosigner avec tous les groupes, RN exclu.

Du côté de Renaissance, on sait que la partie sera tendue. Le groupe de la majorité et ses alliés savent qu’ils ne pourront compter sur 100 % des voix. « Il nous en manque cinq ou six pour être serein », confie un élu de la majorité. Cette dernière guette avec espoir et angoisse chez les LR qui, une fois de plus, vont s’avérer décisifs dans l’adoption ou non de ce texte. « Cela risque de finir en 49-3 », craint cette même source de Renaissance.

LR : Le grand écartèlement

Ils étaient tout sourire après l’accord trouvé entre Éric Ciotti, Olivier Marleix et Élisabeth Borne. Les LR étaient revenus heureux de Matignon et tout laissait à penser que le groupe de la droite et du centre allait ratifier la réforme, facilitant grandement le travail de l’exécutif. Las ! Le retour en circonscription a été houleux et nombre de députés LR sont rentrés du terrain les joues rouges. Le cabrage d'Aurélien Pradié qui lui a valu son poste de vice-président a fait des émules. Sur les 61 députés du groupe LR, une grosse dizaine pourrait voter contre, à l’image du député de Belfort Ian Boucard, notamment. « C’est très simple, les députés LR issus de zones rurales sont vent debout contre la réforme », réagit un fin connaisseur de la droite parlementaire. Présents dans des territoires majoritairement RN ou NUPES, certains élus LR savent qu’ils doivent leur élection en grande partie grâce à leur statut d’opposant. Une situation qui a poussé Olivier Marleix à clarifier les choses : si un député LR s’avisait à soutenir une motion de censure, il serait exclu du groupe.

Le spectre de la dissolution

Emmanuel Macron l’a annoncé à plusieurs reprises. Si son gouvernement tombait, il dissoudrait l’Assemblée nationale. Si, du côté du RN, on attend avec impatience ce scénario, la majorité craint un effet boomerang immédiat dans les urnes qui verrait la majorité relative devenir une minorité totale. Un scénario que LR redoute également. Car la situation politique des plus fracturées n’est pas favorable aux situations ambiguës. Olivier Marleix sait que cela se ferait au détriment de son groupe. Car la politique est comme la nature, elle a horreur du vide. Qu’il soit idéologique ou physique.

Marc Eynaud
Marc Eynaud
Journaliste à BV

Vos commentaires

25 commentaires

  1. Ne rêvez pas! pour un élu la soupe est bien chaude et délicieuse. Ils ne vont pas voter et se retrouver dissous. Et d’autre part les francais ont une mémoire de poisson rouge, dans 3 semaines c’est oublié. On parlera d’autre chose.
    Et surtout n’oubliez pas que ceux qui gueulent le plus fort ont tous appelé à voter Macron….
    Bref c’est plié

  2. Une fois de plus, il faut sans cesse le répéter: le macronisme est comme un moteur et il a besoin d’oxygène. on sait que LFI est la soupape estampillée  » gauche du capital », ce n’est pas nouveau et beaucoup l’ont compris. Démonstration récente avec blocage des débats. En gros les chiens aboient, la caravane passe. LR se distingue également de manière exemplaire comme parfaite courroie de transmission toujours prête à servir l’occupant. Ces derniers gagnent véritablement le grand prix de l’ignominie envers le peuple. Non seulement ces gens là ne pensent qu’à la gamelle mais de plus ils trahissent leurs électeurs. Il faut rapidement qu’ils rejoignent la macronie ce sera beaucoup plus clair et il faut déconseiller fortement aux nationaux de récupérer pareilles éponges usagées.

  3. Bah, la Nupes, fausse opposition au parlement et de ses syndicats au dehors. Ils ont raté le train de la proposition référendaire du RN et la réforme va passer tranquillement. La Gauche dira aux Français « qu’elle s’est bien battue » alors qu’elle les a sacrifiés (car ça reste une réforme pernicieuse) à ses tous petits principes. Un vain bruit.

  4. Monsieur Marleix, c’est vous qui, au terme de vos enquêtes parlementaire avait dénoncé un pacte de corruption entourant Emmanuel Macron. C’est vous qui avec votre parti allez permettre au même Emmanuel Macron de faire passer « sa » réforme et de maintenir en place son funeste gouvernement. Vos électeurs jugeront.

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