Laurence Trochu : « Donner la mort au nom de la souffrance est une défaite ! »
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La « Convention des droites » organise, ce samedi 18 mars, un colloque « contre la légalisation de l’euthanasie ». Une initiative commune de Reconquête, du Mouvement conservateur et de VIA, la voie du peuple, avec un discours de clôture de Marion Maréchal. Explications avec Laurence Trochu, présidente du Mouvement conservateur
Sabine de Villeroché. Pourquoi un colloque sur ce sujet ?
Laurence Trochu. La date de notre Convention des droites contre l’euthanasie n’est pas un hasard. Le lendemain, la Convention citoyenne rendra son avis au gouvernement. Les scandales qui entourent son déroulement ont fait perdre à cette dernière toute crédibilité et toute fiabilité : manipulations, questions biaisées, débats orientés, instrumentalisation, erreurs de vote, les citoyens eux-mêmes se sont rendu compte que les dés étaient pipés.
Il nous a donc paru nécessaire de proposer un espace de discussion apaisé et réfléchi pour aborder ce délicat sujet de la fin de vie et exposer pourquoi nous nous opposons franchement à l’euthanasie sous toutes ses formes.
On dit du Mouvement conservateur, Reconquête et VIA, la voie du peuple, qu’ils incarnent la droite civilisationnelle. Cette définition nous va bien ! La droite civilisationnelle marche sur ses deux jambes. Nous avons entendu le cri du cœur des Français attachés à leur identité, leur mode de vie, leur culture. Cet instinct de conservation est d’autant plus puissant que les menaces sont grandes vis-à-vis de ce que nous sommes. Qu’il s’agisse du wokisme ou du rapport de toute une société à la mort, c’est notre identité collective qui est visée.
Nous ne devons donc pas oublier que cette droite civilisationnelle que nous représentons défend une culture qui a aussi inspiré une conception de l’Homme et de la société. Parce que nous sommes cohérents, nous devons à temps et à contretemps réaffirmer que la personne humaine n’est pas un objet qu’on achète, une chose qu’on bricole, un produit périmé qu’on jette. Il est, par conséquent, impossible de déserter ce combat pour la dignité inconditionnelle de la personne humaine : la dignité ne se mesure pas au degré d’autonomie d’une personne. Dans une société de la performance où il faut être le plus beau, le plus fort, le plus intelligent, la question posée par l’euthanasie est en fait celle de la vulnérabilité et de la dépendance.
L’euthanasie apporte une réponse inhumaine : certaines vies ne valent pas la peine d’être vécues ! On désigne les coûteux et les inutiles et on les incite à mourir. Cette loi, en délivrant des permis de tuer, va en miroir seulement tolérer des permis de vivre quand on est vieux ou dans un état dégradé.
Nous réaffirmons que donner la mort au nom de la souffrance est une défaite de la solidarité. À l’inverse, prendre soin des plus faibles et des plus fragiles en leur manifestant un respect sans condition, c’est faire preuve d’humanité.
C’est aussi un renoncement scientifique. Oui, toute souffrance, qu’elle soit physique ou psychologique, doit être soulagée et nous avons la chance d’avoir une médecine efficace dont les progrès permettent la maîtrise de la douleur. Les promoteurs de l’euthanasie semblent vivre au Moyen Âge, avant toutes les grandes découvertes médicales ! Ils enferment les Français dans une fausse alternative : souffrir ou mourir. Quel mépris pour la recherche médicale et les soignants ! Les soignants sont, d’ailleurs, en très grande majorité opposés à l’euthanasie, incompatible avec les métiers du soin. 800.000 d’entre eux sont signataires d’un texte expliquant leur refus de l’euthanasie.
Aujourd’hui, seuls nos trois partis s’engagent clairement pour la défense d’une conception humaine de la fin de vie avec une ligne claire « Ni acharnement thérapeutique, ni euthanasie ». Notre projet politique présidentiel portait d’ailleurs une troisième voie, celle des soins palliatifs, pour ajouter de la vie aux jours qui restent à vivre.
S. d. V. Ne pensez-vous pas qu’il est temps que la société française se penche sur le sujet de la fin de vie ? Ne faut-il pas changer la loi ?
L. T. Il est surtout grand temps que la loi soit appliquée ! Ca fait 24 ans, en 1999, qu’est écrit, dans un texte de loi, que « toute personne malade dont l’état le requiert a le droit d’accéder à des soins palliatifs et à un accompagnement ». Concrètement, cela signifie que doivent pouvoir en bénéficier les patients atteints de maladie grave, chronique, évolutive ou terminale mettant en jeu le pronostic vital, en phase avancée ou terminale, quel que soit l’âge du patient.
Dans les faits, il y a de grandes inégalités territoriales puisque 26 départements sur 101 n’ont pas de services de soins palliatifs. Les soins palliatifs aident ceux qui vont mourir à mieux vivre. Il est scandaleux que notre pays dit développé n’ait pas réussi, en 24 ans, à répondre aux besoins. J’y vois, en fait, un renoncement, sous la pression de ceux qui s’agitent pour légaliser l’euthanasie et savent montrer qu’il est économiquement plus efficace de faire mourir - et, disons les mots, de tuer - plutôt que de prendre soin. Quand on lit que des personnalités de la Mutualité française sont favorables à l’euthanasie et en font la promotion, il y a de quoi s’inquiéter alors qu’aucune mutuelle n’a cherché à rencontrer la SFAP (Société française d’accompagnement et de soins palliatifs).
S. d. V. Quels seront les participants et les thèmes du colloque « contre la légalisation de l’euthanasie » ?
J’aurai l’honneur d’introduire la Convention qui se poursuivra par une table ronde composée de juristes et d’un philosophe pour aborder le basculement anthropologique inédit que créerait l’euthanasie. Louis-André Richard, philosophe québécois, pourra témoigner de ce qui se passe au Canada, qui vient d’autoriser l’euthanasie des enfants dépressifs, avec ce droit de mourir qui devient en fait un devoir de mourir. Jean-Paul Van De Walle, juriste qui a défendu le cas Mortier dans lequel la Belgique a été condamnée par le Cour européenne des droits de l’homme, et Nicolas Bauer, expert au Centre européen pour le droit et la justice, montreront combien l’euthanasie vient dans les faits s’opposer aux droits de l’homme.
Jean-Frédéric Poisson, dont le livre sur la fin de vie (Soins palliatifs, la vraie alternative à l'euthanasie aux Éditions Mame) vient de sortir, prendra la parole pour asseoir les fondements des soins palliatifs et nous aider à comprendre en quoi ils sont une des plus belles preuves de fraternité. S’ouvrira ensuite la table ronde réunissant médecins, infirmières, directeurs d’EHPAD et coordonnateurs d’équipes de soins palliatifs à domicile. Leur expérience, au plus près de la réalité des patients en fin de vie, abordera le sujet de l’ambivalence des demandes d’euthanasie, guidées par la peur et le désespoir, souvent liés à la solitude. Dans le contexte d’un système hospitalier en plein naufrage, il s’agira aussi de comprendre pourquoi les médecins sont opposés à l’euthanasie.
La journée sera clôturée par Marion Maréchal, qui s’appuiera sur les éclairages apportés par les intervenants pour guider le législateur. Elle annoncera les propositions politiques que nos trois partis veulent porter dans ce débat sur la fin de vie.
S. d. V. Pourriez-vous rappeler à nos lecteurs comment suivre ce colloque ?
L. T. Le colloque affiche complet ! Très rapidement, les adhérents de nos trois partis se sont inscrits, montrant par là même l’intérêt qu’ils portent à ce grave sujet civilisationnel. Une vidéo de la Convention sera cependant disponible pour que le plus grand nombre y ait accès et puisse approfondir cette vision que nous sommes les seuls à défendre : la vie d’une personne en fin de vie, malade ou handicapée, a toujours de la valeur et notre devoir est de donner aux soignants les moyens d’exercer ce beau métier pour soulager leurs patients et accompagner leurs proches.
22 commentaires
Et laisser crever dans la souffrance, c’est une victoire?
Je suis entièrement d’accord avec vous.
La vieillesse et la maladie incurable entraînent inévitablement la mort, car cette dernière fait partie de notre vie, et lorsqu’elle qu’elle constitue une délivrance, pourquoi ne pas accorder cette faveur au lieu de la souffrance?
Curieusement, cela paraît normal lorsqu’il s’agit d’abréger les souffrances de notre animal de compagnie pour qui nous avons amour et compassion!
De quel droit Madame, sauf au nom d’un conservatisme intégriste, vous arrogez vous celui de décider qui doit
ou non bénéficier de l’euthanasie ? Pour ma part mon corps m’appartient et j’en fais ce que je veux. SI les souffrances
sont trop atroces, s’il n’y a aucun espoir de guérison, pourquoi refuser à quelqu’un qui en a exprimé le souhait
en pleine conscience, d’être euthanasié ? Ne me dites surtout pas que les soins palliatifs sont une solution. C’est totalement faux; bourrer qqun de morphine ne résoud rien .
Si une personne souffre le martyre et que les soins palliatifs ne diminue pas ou peu sa souffrance quand la maladie n offre aucun espoir de guérison si cette personne en pleine possession de ses facultés mentales réclame le droit de mourir je ne m oppose pas à ce fait, faire du cas par cas bien encadrer chaque situation Par contre légaliser l euthanasie dans un pays malade socialement comme le nôtre pourrait générer d atroces dérives. Donner la mort sans consentement à des plus faibles les seniors par exemple les dépressifs les personnes dont des familles veulent se débarrasser… Et je n imagine même pas ce que l euthanasie légalisée pourrait devenir dans les mains d un pouvoir totalitaires
Cette femme ne sait pas ce que c’est que la souffrance. Quand vous aurez entendu comme moi enfant une femme hurler à longueur de journée (on l’entendait de la rue) parce que la morhine ne faisait plus effet, ou vu un ami policier caresser son arme , tenté de tuer sa femme qui n’en pouvait plus de souffrir , vous changerez d’avis…
L’euthanasie n’est pas une réponse inhumaine, bien au contraire. Elle donne un choix de fin de vie et apporte un soulagement à la personne qui la demande. En Belgique, 20 ans après le vote de la loi seulement 2.5% des belges la demandent et les soins palliatifs ont continué de se développer. Ce qui est inhumain c’est de forcer les gens à aller au bout du bout d’une pathologie sans espoir. N’oubliez pas que la sédation profonde et continue est seulement envisageable en fin de parcours, quasi à l’agonie et que la suppression de l’hydratation qui va avec est une erreur. Donnons un choix à nos compatriotes et surtout que les opposants dont je respecte les convictions respectent les miennes. Au fait « tuer » c’est donner la mort à quelqu’un qui n’a rien demandé…rien à voir avec l’aide médicale à mourir.
Nathalie Andrews
Oui Madame. j’aime votre texte !
Excellent,c’est affaire de tout un chacun,et il y loin « de la coupe aux lévres,en la matiére »!Quant on voit que meme « le médecin est juge tout puissant,puisque:les directives anticipées s’imposent au medecin pour toute decision….et lorsque ces memes directives jugées par le medecin apparaisent -Inappropriées,OU NON conforme a la situation médicale du patient ».Il me semble là,quelque chose, qui me laisse bien perplexe »Tout a fait d’accord avec Dominique Montillot,ou Pyrus Commnis.
Désolé, mais moi et moi seul prendrai la décision d’interrompre ma vie si je la juge physiquement ou psychiquement insupportable. Seul problème c’est d’en être empêché (AVC ou Alzheimer brutal).
Excellent article.
Pas un seul mot à enlever, tant c’est exactement la vérité, notamment celle ci : « Oui, toute souffrance, qu’elle soit physique ou psychologique, doit être soulagée et nous avons la chance d’avoir une médecine efficace dont les progrès permettent la maîtrise de la douleur. Les promoteurs de l’euthanasie semblent vivre au Moyen Âge, avant toutes les grandes découvertes médicales ! Ils enferment les Français dans une fausse alternative : souffrir ou mourir. Quel mépris pour la recherche médicale et les soignants ! »
Il n’y a que les thérapeutes ignorants (je croyais que la formation continue était obligatoire pour tous)!:
Vous faites visiblement partie des profanes ignorants. Non, la médecine est très, très loin de pouvoir supprimer toutes les douleurs et concernant les personnes en fin de vie qui n’ont plus aucun espoir et qui ont clairement manifesté leur désire d’en finir vous les torturez et les privez de la dernière de leur liberté en le maintenant en vie de force.
Dans « soin » je vous signal qu’il y a la notion d’aller mieux un jour, pour une fin de vie ce ne sont pas des « soins », il n’y a pas de guérison possible.
On ne parle que de « fin de vie » , le mot « mort » n’est plus utilisé, il fait peur, et maintenant , après avoir légiféré le droit de mort avant la naissance, on le légalise pour le terme de la vie. Quelle société!!!
Liberté, liberté mais encadrée pour éviter des dérives
Quand on est élu et que l*on joue à faire le Clown; Evidement que le Baton n*est pas loin.
Tout ce qui se prépare est contraire au serment d’Hippocrate, à la religion et au bien être des patients .
Encore un choix économique .C’est pour cela que l’on empêché les soins palliatifs de se développer
Ce sujet est trop sérieux pour qu’on en débatte en public . L’euthanasie est devenue inéluctable dès lors que l’on a admis de tuer les enfants dans le ventre de leurs mères avec l’aide de Médecins de surcroît . Seuls les criminels sont dispensés de la menace d’une telle mort désormais .
J’ai appris il y a bien longtemps de mes Maîtres que le premier devoir d’un médecin est : » Primum non Nocere ».
Moi aussi.
En principe ; Maintenant, l’application…
Quand un personne souffre et n’a plus que quelques mois à vivre sans espoir et de plus en plus fréquemment sans proches aimants, la médecine « nocere », en les maintenant en vie de force.
C’est tout simplement de la torture avec privation de liberté quand la personne a clairement indiqué son choix de mourir.
Le serment d’Hippocrate est bafoué ! Quelle tristesse ! ! En effet, Il est urgent de développer les soins palliatifs, la loi Leonetti est bien faite
Non ! Mourir en dormant assommé par des gélules, avec une perf et/ou un cathéter agressif planté dans le bras voire la main, ou déshydraté ? : Forcer le malade à sombrer dans le gagatisme qu’ il n’aurait pas eu sauf à être Alzheimer ?. Lui infliger la visite de pseudos psychologues ignares à défaut de curé ? Non et non ! Mourir éveillé comme les saints martyrs, ou en règlant leur compte définitif à tous ceux qui nous ont fait chier dans la vie !