Laurent Wauquiez peut-il sauver la droite de la macronisation ?

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Laurent Wauquiez vient d'accorder un long entretien au Figaro Magazine. Prélude à l'annonce de sa candidature ? Pour le moment, il se montre prudent et botte en touche, expliquant, à juste titre, que « toute candidature précipitée n’aide pas au collectif ». L'intérêt principal de cet entretien, c'est l'affirmation selon laquelle « la prochaine élection présidentielle sera un rendez-vous de civilisation ». Le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes parviendra-t-il à redonner à la droite un élan salvateur ?

Quand il déclare que la France est menacée de « déconstruction » et de « déclin » ou, encore, que « la prochaine élection présidentielle sera un rendez-vous de civilisation », comment ne pas l'approuver ? Quand il explique vouloir « arrêter l’immigration le temps d’assimiler ceux qui sont chez nous », on se dit que la droite retrouve son bon sens et que tout n'est peut-être pas perdu.

Il faut reconnaître, aussi, que Laurent Wauquiez est plus constant dans ses positions que ses principaux rivaux. Il est plus crédible qu'un Xavier Bertrand, qu'on a du mal à prendre au sérieux quand il joue les durs, ou que Valérie Pécresse, qui navigue de plus en plus entre deux eaux. Il ne fait aucun doute que ces deux derniers sont Macron-compatibles et s'empresseraient d'appeler à voter Macron au second tour, s'ils n'étaient pas eux-mêmes qualifiés.

Avec Laurent Wauquiez, le doute subsiste. Il semble proche de la ligne de François-Xavier Bellamy, qu'il avait choisi pour conduire la liste des Républicains aux élections européennes. Mais le courant qu'il représente est loin d'être majoritaire. Il offre, pour son parti, l'intérêt de pouvoir mordre sur l'électorat du Rassemblement national. Après tout, cette tactique a marché pour Nicolas Sarkozy, en 2007 ! Mais ça ne marche qu'une fois, le temps que les électeurs trop naïfs se rendent compte qu'ils se sont fait abuser.

Une fois parvenu au pouvoir, Nicolas Sarkozy ne s'est pas montré aussi combatif que ne le laissaient croire ses déclarations antérieures. Il a oublié son Kärcher™, s'est entouré de quelques ministres de gauche, ses bonnes intentions en matière de sécurité et d'immigration sont passées à la trappe. Rien ne permet de penser que Laurent Wauquiez serait plus fiable. À supposer qu'il soit totalement sincère et fidèle aux positions qu'il affiche, d'autres obstacles surgiraient sur son chemin.

Les Républicains, à quelques exceptions près, sont plus tournés vers le centre, voire la gauche modérée, que vers la droite véritable. Les uns lorgnent vers Macron, les autres ne se résignent pas à ne plus exister. Laurent Wauquiez serait contraint de tenir compte de la diversité de ces tendances et devrait, pour avoir une chance d'être désigné, composer avec ses convictions. Xavier Bertrand se droitise pour séduire le maximum de Républicains, Laurent Wauquiez serait contraint de faire le mouvement inverse.

Le parti LR semble se soucier plus de défendre sa boutique que la souveraineté de la France et la sécurité des Français. Tant qu'une grande partie de ses cadres ne rueront pas dans les brancards, poussés par leurs électeurs, rien ne changera, les Républicains et les Marcheurs seront plus ou moins interchangeables. Laurent Wauquiez sera-t-il le sauveur de la droite ? Il a sans doute les qualités nécessaires pour y arriver, mais en aura-t-il le courage politique ?

Philippe Kerlouan
Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

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