Laurent Wauquiez en toute sincérité, Marion Maréchal-Le Pen auditionnée par les conservateurs américains : les prémices d’un bouleversement à droite ?
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En politique, deux événements distincts ne signifient pas forcément grand-chose, surtout lorsqu'ils paraissent a priori anodins. Pourtant, une fois mis en regard, ils sont susceptibles d’en dire plus qu’on l’imaginerait au premier abord.
Ainsi, à droite, un Laurent Wauquiez qui dit ce qu’il pense et une Marion Maréchal-Le Pen qui ne dit pas forcément ce qu’elle pense, alors que les deux pensent manifestement ce qu’ils disent. Ou ne disent pas.
On ne saura jamais vraiment si Laurent Wauquiez savait qu’il était enregistré et que ses propos seraient ensuite rendus publics, lors de cette discussion à bâtons rompus avec les élèves de l’École de management de Lyon, ce week-end dernier. Peu importe, finalement. Seule compte la sincérité éventuelle des propos.
Alain Juppé ? "Une personnalité éminemment respectable" mais "qui a totalement cramé la caisse..." En effet : « À Bordeaux, il a fait des miracles, Bordeaux est très bien géré. Mais il a fait exploser les impôts et il a fait exploser la dépense publique et il a fait exploser l’endettement. Moi, ma conviction, c’est que quand vous faites ça, vous n’avez à l’arrivée plus aucune forme de crédit. »
La France ? « Une dictature. » Les députés macronistes ? « Des guignols, tous avec le petit doigt sur la couture et qui doivent tous voter la même chose. Quand ils osent apporter la moindre dissonance, ils se font taper dessus avec une matraque. Il n’y a aucun équilibre des pouvoirs en France. »
Existe-t-il pire que la CGT ? Oui, le MEDEF et la CGPME : « Eux, ils n’en ont rien à foutre de savoir si on augmente les cotisations sur les entreprises, si on augmente le truc. La seule chose qu’ils veulent, c’est encaisser l’argent. »
Justin Trudeau, le Premier ministre canadien, idole progressiste du moment ? « Lui, en gros, c’est simple. Tout ce qui est mainstream, tout ce qui est bonne pensée, je prends tout. Et donc, l’objectif, c’est : je suis à fond dans tout, tout est nickel, tout est ripoliné, il n’y a pas un cheveu qui dépasse, je suis le mec cool, gentil, complètement dans le mainstream des médias. »
Voilà qui s’appelle brûler ses vaisseaux. Bien sûr, l’affaire fait un raffut du diable et Laurent Wauquiez paraît, aujourd’hui, faire patte de velours. Il n’empêche que ce qui a été dit est dit. Et que les Français ne semblent pas s’en offusquer plus que ça.
Au même moment, on apprend que Marion Maréchal-Le Pen devrait s’exprimer, ce jeudi, aux USA, devant la CPAC (Conservative Political Action Conference), événement auquel sont censés participer Donald Trump et Mike Pence, son vice-président. But de la causerie : nouer des rapports entre « conservateurs des deux rives ».
Intéressant, pour ce jeune espoir de la politique qui, précisément, annonçait vouloir arrêter d’en faire. Comme quoi, en politique, il ne faut jamais dire jamais. Esquisse d’un possible retour au Front national, quelle que soit son appellation future ? Nul ne le sait pour le moment.
En revanche, ce que l’on ne saurait ignorer, c’est qu’une telle éventualité permettrait à Jean-Marie et Marine Le Pen de sortir par le haut de la crise ouverte les opposant tous deux depuis des années. On sait que jamais Marion ne s’opposera à Marine, pour des raisons intimes et familiales ; mais si cette dernière passait la main – elle a rendu publics ses doutes quant aux prochaines échéances électorales, européennes et présidentielles, sans oublier des déboires judiciaires qui pourraient conduire à une inéligibilité, même provisoire –, voilà qui solderait aussi définitivement les comptes du débat manqué de l’entre-deux-tours et de son modeste résultat final contre l’actuel Président.
Sans compter que la question de possibles alliances politiques serait à nouveau envisageable. Surtout avec un Laurent Wauquiez manifestement décidé à rompre avec la traditionnelle langue de bois de son camp d’origine.
Cela fait, évidemment, beaucoup de supputations. Mais qui vont toutes dans le même sens. À savoir celui d’un arc conservateur qui irait au-delà des clivages traditionnels. Et qui, au lieu du "ni droite ni gauche" d’antan, se situerait "à la fois à droite et à gauche". Et si les hasards du calendrier n’étaient pas que des hasards ?
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