L’Autriche suspend le regroupement familial. À quand, la France ?

Une mesure qui devrait garantir « une maîtrise stricte des flux migratoires » et préserverait « notre modèle social ».
Capture écran Euronews
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L’Autriche l’a fait, pourquoi pas la France ? Le nouveau gouvernement autrichien du conservateur Christian Stocker a annoncé la suspension du regroupement familial dans son pays. Motivée par les « capacités limitées » et afin « d’empêcher toute surcharge [migratoire] supplémentaire », cette décision est inédite au sein de l’Union européenne. Lors d’un Conseil des ministres tenu à Vienne, le ministre de l’Intégration Claudia Plakolm a promis qu’un décret serait publié « d’ici le mois de mai », assurant que « la probabilité d’une intégration réussie diminue à chaque nouvelle arrivée ». Cette mesure d’une durée de six mois, prolongeable jusqu'en 2027, aura pour effet d’encore diminuer les flux migratoires dans un pays qui a déjà connu une baisse de son nombre de primo-demandeurs d’asile de 61,1 %, en 2024. Mis en place depuis 1976 en France, le regroupement familial fait régulièrement débat. De fait, 61 % des Français sont favorables à sa suppression complète, d'après un sondage CSA pour CNews paru en 2023.

Une décision « pertinente pour la France »

En France, la décision de Vienne fait des envieux, à droite. Peu de temps après l'annonce du gouvernement autrichien, Éric Ciotti, président de l'Union des droites pour la République (UDR), demande que la France suive les pas de l'Autriche, sur X : « Qu’attend le gouvernement français pour mettre fin au regroupement familial à son tour ? » Au Rassemblement national (RN), on félicite une mesure qu’on estime aller dans le bon sens. Contactée par BV, Angéline Furet, eurodéputée RN du groupe Patriotes pour l’Europe, juge cette suspension « pertinente pour la France ». La mesure, selon l’élue, garantirait « une maîtrise stricte des flux migratoires » et préserverait « notre modèle social ».

Même son de cloche pour le député européen RN Aleksandar Nikolic, qui appelle à ce que la France « [suive] cette voie ». « Alors que de nombreux pays européens tels que l'Allemagne, le Danemark ou encore l'Italie durcissent leurs règles, la France prend le risque de devenir le dernier pays ouvert à tous les vents et, donc, un véritable eldorado pour les migrants du monde entier », souligne l’eurodéputé. Pierre Pimpie, élu RN au Parlement européen, emboîte le pas de son confrère, considérant que la présence « des bénéficiaires du droit d’asile » en France « n’a pas vocation à être permanente et ne doit pas se transformer en une immigration de peuplement ».

Des répercussions néfastes pour la France ?

L’Autriche est avant tout un point de passage pour les clandestins qui souhaitent s’installer en Allemagne ou en France. Par ailleurs, la France reste le premier pays d’Europe pour les arrivées liées à un motif familial avec 41 % des motifs depuis 2005. Christophe Bay, eurodéputé mariniste, nous indique que « la France a enregistré 11.000 décisions de regroupement familial en 2022 ». « À chaque décision, plusieurs personnes sont rattachées au foyer », rappelle l’élu, qui ajoute que ce sont surtout « les maires qui portent le poids financier du regroupement familial, [mettant ainsi la pression] sur les groupes scolaires, les logements et les services sociaux ».

Bien que salué, l’arrêt - même temporaire - du regroupement familial en Autriche génère des inquiétudes quant à ses possibles répercussions dans l’Hexagone. « Le fait que l'Autriche communique sur une limitation du regroupement familial donnera sûrement un signal de fermeté aux ONG et aux clandestins, qui se rabattront peut-être sur des pays plus laxistes sur la question migratoire en premier lieu desquels, hélas, la France », déplore auprès de nous Mathilde Androuët, députée européenne RN, qui s’avère plus critique que ses confrères : « Le gouvernement autrichien suit la stratégie Retailleau en jouant les durs. »

Vos commentaires

88 commentaires

  1. Avec 3 décennies de gouvernance par des politiques pleutres nous sommes déjà trop submergés par la vague migratoire et si nous ne changeons pas les principaux élus par des gens capables et courageux nous sombrerons…

  2. Le regroupement familial en France, ce n’est pas Giscard d’Estaing qui a pris cette décision, mais le Conseil d’Etat , le pouvoir des juges .
    Par l’arrêt GISTI, (1978) considéré comme un « Grand arrêt du droit administratif », le Conseil d’Etat a affirmé le principe général du droit à mener une vie familiale normale dans le cadre du regroupement familial des travailleurs immigrés.
    Il a ainsi annulé un décret de 1977 par lequel le gouvernement subordonnait l’entrée des conjoints et enfants de travailleurs immigrés à la promesse que ceux-ci ne tenteraient pas d’y chercher un emploi.
    Cet arrêt du Conseil d’État, maintenant conforme à la Convention européenne des droits de l’homme, a marqué un revirement de jurisprudence important.
    Les juges peuvent prendre des décisions plus importantes, que le système politique, pour l’avenir d’un pays..

  3. Pourquoi faire ? Tout va bien en France ! Il ne se passera rien comme d’habitude ! La messe est dite définitivement et j’ose espérer que les français se souviendront de tous les acteurs qui auront de près ou de loin participé à cette farce.

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