Le 29 juin, avec Emmanuel Macron et Édouard Philippe, tout sera « nouveau » !

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Le Monde nous le dit : le 29 juin, tout sera nouveau au pays d'Emmanuel Macron. Soyez patients, votez comme il vous plaît aux municipales, mais, de toute façon, l'objectif étant de refermer la « mauvaise séquence », dès le lendemain, promis, on ne parlera plus ni de masques, ni de protocole sanitaire, ni d'autorisation Castaner, ni de Castaner du tout d'ailleurs. Tout sera « nouveau ».

Tout sera nouveau. Le Monde n'a réussi à caser que « nouveau chemin » et « nouveau gouvernement » dans son titre. Mais dans le courrier adressé, le 3 juin, par Emmanuel Macron à Gérard Larcher, Richard Ferrand et Patrick Bernasconi (le président du Conseil économique, social et environnemental) et que révèle le journal, il n'a que le mot « nouveau » à la bouche. Le président de la République a en effet demandé aux trois présidents des assemblées de lui faire « d’ici à un mois » des propositions « pour contribuer à l’élaboration indispensable du nouveau dessein français ». Selon lui, « pour servir au mieux [ses] compatriotes, la nécessité s’impose à nous de tracer de nouvelles perspectives, redéfinir les solidarités, dessiner un nouvel horizon ». Nouveau, nouvel, nouvelles. Que du neuf !

Une chose semble acquise sur les personnalités sortantes, une seule : Christophe Castaner, comme l'écrivait, vendredi, Nicolas Gauthier. À l'Élysée, les propos sont - enfin ! - cash : Christophe Castaner est considéré comme « le plus problématique ». « Même sur Dijon, il a été peu présent […] Ce n’est pas possible de continuer avec Beauvau quasi déserté. C’est même hyper dangereux. Comment ferait-on pour affronter une crise sécuritaire de grande ampleur avec un ministre qui n’a plus d’autorité sur son administration ? » confie, au Monde, un conseiller du Palais. Il aura donc fallu tout ça : les dizaines d'éborgnés des gilets jaunes, l'Arc de Triomphe saccagé, les numéros en liberté des antifas et des Black Blocs depuis trois ans n'avaient pas réussi à le débarquer. Même l'attaque au cœur de la préfecture de police de Paris l'avait laissé à son poste. Il aura donc fallu une police lâchée et révoltée par ses soins pour qu'on daigne enfin se défaire de M. Castaner. Mais peut-être un nouveau poste lui sera-t-il proposé, en remerciement de tant de services rendus ?

Mais ensuite ? Qui de neuf ? Il semblerait qu'Emmanuel Macron ne puisse se séparer d'Édouard Philippe, qui devient plus populaire que lui et qui devrait être réélu au Havre, le 28 juin. Et puis les Français, selon un sondage BVA, seraient 61 % à vouloir le maintenir à Matignon. Selon la vieille règle de la Ve République, le Président n'a pas intérêt à se séparer d'un Premier ministre pour le moment plus populaire que lui. Tout se passe comme si la fonction de « fusible » avait changé de tête. Ce qui est sûr, c'est que, le 29 juin, les nouveaux horizon, dessein, chemin, gouvernement, etc., se feront avec de vieilles outres : Emmanuel Macron et Édouard Philippe.

Mais reconnaissons qu'à l'Élysée, il leur arrive parfois de bien interpréter l'humeur des Français, si l'on en croit cet autre conseiller cité par Le Monde : « Les Français ont l’impression qu’en ce moment on ne s’occupe que de nous-mêmes et de nos postes. Ce n’est pas bon. »

Frédéric Sirgant
Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

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