Le califat est mort, mais pas son calife : il nous promet une guerre d’usure
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La fin du califat en Syrie et en Irak ne signifie pas la fin de Daech, loin s’en faut. Pour ceux qui en douteraient, le sympathique Abou Bakr al-Baghdadi s’est rappelé à notre bon souvenir par une vidéo de treize minutes suivie d’un enregistrement de six minutes.
Dans ces documents enregistrés courant avril, dans un lieu inconnu, bien sûr (mais très probablement en Syrie ou en Irak), il évoque la bataille perdue de Baghouz et ses nombreux militants tués. Cela ne semble pas l’affecter outre-mesure, car « la guerre d’usure » qu’il nous annonce va, selon lui, s’étendre largement dans l’espace et dans le temps. Pour une fois, nous sommes d’accord : le fléau du djihadisme n’en est qu’à ses débuts et ses exploits barbares se multiplieront assurément.
Le bon calife se réjouit, d’ailleurs, des attentats antichrétiens commis au Sri Lanka - preuve que la vidéo est très récente. Il annonce, également, le ralliement de plusieurs cellules situées au Mali, au Burkina Faso, en Somalie, en Afghanistan et en Turquie. Le fait est déjà bien connu pour ces trois pays africains (nos militaires en savent quelque chose pour les deux premiers). En ce qui concerne l’Afghanistan, on a, en effet, pu observer, ces derniers mois, une activité soutenue de nouveaux groupes ayant fait allégeance à Daech. Composés de combattants aguerris, dont un certain nombre viennent directement de Syrie, ils se sont attaqués aussi bien à la piteuse armée afghane qu’aux talibans, avec qui ils sont évidemment en concurrence directe.
C’est, d’ailleurs, cette nouvelle menace qui a poussé les Américains à entreprendre des négociations avec les talibans. Trump veut, en effet, quitter ce pays où l’échec américain est total, mais un départ immédiat de leurs 15.000 hommes entraînerait une chute presque immédiate du régime corrompu et discrédité qu’ils ont mis en place. Alors, des discussions ont lieu depuis plusieurs mois entre talibans et Américains afin de préparer un futur accord de paix. Inquiets de la teneur d’un éventuel accord précipité, les Russes ont invité à Moscou, le 25 avril, lesdits talibans et de nombreuses personnalités politiques afghanes non issues du gouvernement. Les Américains ont été, bien sûr, très mécontents de cette rencontre mais ils n’ont guère le choix : c’est la Russie qui est voisine de l’Afghanistan, et non l’Amérique. En attendant, Daech se renforce sur le terrain.
Il est plus surprenant que Baghdadi ait cité la Turquie, où l’État islamique fait moins parler de lui depuis un certain temps. Erdoğan a du souci à se faire.
Baghdadi est donc vivant et, apparemment, en bonne santé. Cela ne change, en réalité, pas grand-chose : les morts de Ben Laden et de Zarqaoui ont immédiatement été comblées sans affecter les capacités opérationnelles des groupes qu’ils ont créés.
La menace islamiste, on le sait maintenant, n’est pas intacte mais croissante. Ce que nous avons vécu en Europe n’est rien à côté de ce qui nous attend. Beaucoup de Baghdadi sont déjà chez nous.
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