Le cardinal Sarah voit en l’Afrique le poumon spirituel de l’humanité

Le cardinal Sarah appelle avec force à un renouveau liturgique de qualité.
Capture d'écran ECCLESIA TV Côte d'Ivoire
Capture d'écran ECCLESIA TV Côte d'Ivoire

Le pape François s'est éteint, ce lundi de Pâques : les 135 cardinaux électeurs seront donc bientôt réunis pour choisir son successeur. Sur la liste des papabile figure le nom du cardinal Sarah. Il aura 80 ans, le 15 juin prochain, et, donc, va participer de justesse au conclave qui élira le successeur du pape François. Très populaire en Afrique, il a aussi, en France, la faveur des catholiques conservateurs, comme le rappelait Gabrielle Cluzel, ce 21 avril. Jean-Michel Lavoizard, qui l'a entendu en Côte d'Ivoire lors d'une série de conférences en février, brosse pour BV le portrait de ce prélat hors du commun.

La semaine du 24 février a été marquée, en Côte d’Ivoire, par des conférences-débats de haute volée intellectuelle et spirituelle, organisées par l’Association des anciens du petit séminaire de Bingerville, près d’Abidjan, à l’occasion de son Jubilé d’or. La présence de Son Éminence Robert Sarah, originaire de Guinée Conakry et séminariste ici en 1957, a comblé les attentes générales envers cette haute autorité morale qui voit en l’Afrique le poumon spirituel de l’humanité ; sous condition.

Créé cardinal par le pape Benoît XVI dont il se dit le fidèle prolongateur de la pensée doctrinale, Robert Sarah a occupé, de 2014 à 2021, la fonction de préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements. Retraité inlassablement actif et engagé, à quatre-vingts ans, il est l’auteur à succès d’essais profonds, lucides et éclairants, ainsi que de prises de position courageuses car à contre-courant de l’air du temps. Son franc-parler, maîtrisé et respectueux, dérange parfois ceux qui ne l’ont pas lu, ou mal entendu.

Choisi très jeune et édifié par le cardinal Ratzinger devenu le pape Benoît XVI, la foi du cardinal Sarah est indéfectiblement fidèle à la Révélation, au Magistère et à la Tradition. Elle s’est affermie face au spectacle continuel d’influences personnelles néfastes et de courants doctrinaux délétères autour et au sein de l’Église, qui ont trahi l’esprit et parfois la lettre du concile Vatican II (1962-65). Conservateur ouvert et accueillant, orateur charismatique, d’une radicalité assumée qui plonge à la racine des sujets, il cultive en toutes circonstances un style d’expression simple et sobre, clair et précis, accessible à tous. Il endosse avec abnégation le rôle de gardien de l’orthodoxie catholique, décalé de la doxa idéologique de notre époque sur les sujets de société les plus sensibles, sans tabou ni totem.

Photo J.-M. Lavoizard

Signes des temps, les conférences ont porté sur le dialogue interreligieux en Afrique, ferment de paix dans des sociétés diversifiées en effervescence dont les communautés veulent cohabiter sans renier leurs identités, ainsi que sur la diplomatie active du Saint-Siège, politiquement neutre, qui met son expérience en humanité au service de l’Espérance et du Bien commun. Le cardinal Sarah a partagé de nombreux témoignages de vie et enseignements de foi, empreints de réflexions pénétrantes, documentées et argumentées. Il actualise la révélation de saint Jean-Paul II sur la mission évangélisatrice de l’Église en Afrique ; puis de Benoît XVI qui, en 2009, décelait déjà en ce continent « le poumon spirituel de l’humanité ».

Toutefois, lors d’une conférence magistrale sur « le silence dans la liturgie et l’inculturation du message chrétien », il a édifié, parfois surpris, un large auditoire de laïcs et de religieux africains par des propos sévères sur une « désastreuse tendance » africaine à l’exagération dans l’expressivité de la foi, par une musique omniprésente, des chants envahissants, des danses exubérantes, des bavardages creux. Il rappelle que ces manifestations superficielles d’excitation corporelle, imitations de pratiques non catholiques (mais absentes du culte musulman), nuisent au recueillement nécessaire à un dialogue intime avec Dieu et au ressourcement du fidèle ; à la contemplation divine et à la respiration spirituelle que seul permet un silence plein et substantiel, « colloque personnel et intime avec Dieu ». De même, l’inculturation ne doit pas se traduire par un folklore religieux ni surévaluer les cultures, qui ne sont que des productions humaines. Elle doit préserver la force de la cellule familiale comme acquis fondamental.

Le cardinal Sarah appelle ainsi avec force à un renouveau liturgique de qualité et à une inculturation qui laisse Dieu descendre et entrer dans les cultures locales pour les transformer sans en détruire la substance, les rendre compatibles avec l’Évangile et permettre leur communion avec l’Église universelle, condition nécessaire pour que l’Afrique s’affirme comme poumon spirituel de l’humanité. Par là, ce conservateur ouvert se montre plus révolutionnaire que les courants idéologiques prétendument progressistes - de fait régressifs. Car « le progrès est une réalité qui s’augmente et s’améliore tout en restant elle-même », nous dit le cardinal, dans Le soir approche et déjà le jour baisse. Nul doute que son prochain essai sur l’âme apportera un nouvel approfondissement salutaire.

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Jean-Michel Lavoizard
Ancien officier des forces spéciales. dirige une compagnie d’intelligence stratégique active en Afrique depuis 2006

Vos commentaires

2 commentaires

  1. La cardinal Sarah est le seul qui pourrait sauver l’Europe car il est le seul à faire le vrai constat. Lui seul aussi pourra sauver l’Afrique. Mais je doute fort que les mondialistes lui ouvrent la voie papale. Et pourtant, c’est lui le pape qu’il faudrait.

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