Le chant des guides dans Toulon : parenthèse enchantée un jour de Toussaint

scouts

C’est une Toussaint ensoleillée qui s’est levée ce matin sur Toulon. L’air a fraîchi, le ciel est d’un bleu intense, ça sent enfin l’automne. Il n’est que 8 heures. Sur le marché, les forains finissent de monter leur étal quand on entend, portées par le vent léger, des voix de jeunes filles.

C’est une polyphonie claire, joyeuse, et juste ! Ce sont des Guides, jupe marine et chemisier clair, qui descendent le cours Lafayette derrière l’adolescente qui porte haut sa bannière. C’est d’une fraîcheur inouïe.

A cette heure matinale, il n’y a que des familles en route pour la messe de Toussaint et des retraités pour arpenter la ville. A Toulon, comme partout maintenant, la partition s’est faite entre les populations, géographique et temporelle : chacun ses lieux et chacun son moment. Ainsi, dans deux heures, il y aura sur ce marché une grosse majorité de femmes voilées poussant leur caddie, tandis que leurs maris et fils seront attablés aux terrasses des cafés.

Une bouffée de la France d’hier

Ces jeunes filles qui s’avancent, portant fièrement par leur uniforme les valeurs du scoutisme, c’est une bouffée de la France d’hier. Les vieux s’arrêtent, souriant aux anges. On leur dit bonjour, un petit bravo même, quand un forain qui installe ses courges lance un retentissant « Allah Akbar ! ». Tout est dit.

Les chants nous suivent dans la promenade matinale qui nous conduit le long du Port marchand, puis sur l’avenue de l’Infanterie de marine. Les scouts remontent le boulevard de Grignan. Elles vont à Sainte Philomène, une église de la Fraternité Saint-Pie X ; de celles qui ne plaisent pas au pape.

Sur ce plan du renouveau religieux, il faut le dire, Toulon plaît-il au pape actuel ? Ses bénédictions des rameaux sur le vieux port, ses processions qui remontent de Saint-François de Paule vers la cathédrale, la troupe des jeunes Missionnaires de la Miséricorde divine – basés à Fréjus et à Toulon – qui sont chargés d’évangéliser en terre musulmane. Pour tout dire, Mgr Rey, évêque du lieu, ne semble pas être en odeur de sainteté à Rome. Comme nous l’écrivions ici même à Pâques dernier, dans une Eglise qui a depuis longtemps viré à gauche et fait de l’immigré l’intouchable figure christique, la communauté des Missionnaires de la Miséricorde divine n’a pas bonne presse. On n’ose pas traiter ouvertement ses membres de fachos mais on sent que ce n’est pas loin.

Oser relever la tête

On se prend à songer que ces jeunes filles qui marchent en chantant ont bien du courage. Elles incarnent la France qui relève la tête, comme cet ami, Français de confession juive, rencontré hier. Un grand gaillard qui servit voilà trente ans sur le plateau du Golan et ne supporte plus les hordes braillardes qui traversent le centre historique de la ville, chaque samedi après-midi, depuis le 7 octobre. Excédé par les cris et la forêt de drapeaux palestiniens, il a l'autre jour entonné Hatikva (L’espoir), l’hymne national d’Israël. « Notre espoir n’est pas encore perdu, un espoir vieux de 2000 ans, être un peuple libre sur notre terre », disent les paroles.

Sidérés, les manifestants ont baissé d’un ton et des applaudissements ont commencé à monter timidement des terrasses alentour. Preuve que notre espoir n’est pas encore perdu…

Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

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