Le château d’If, la prison du comte de Monte-Cristo, fait cellule comble

© CMN
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Départ du Vieux-Port, direction le château d’If. La traversée se fait en navette maritime. Très vite, l’île se détache dans le paysage bleu azur. Entre le ciel et la mer, le rocher surplombé de son château couleur sable attire la lumière et les touristes. Vingt minutes après l’embarquement, le bateau accoste. Les passagers sont débarqués sur un quai étroit, en contrebas du monument. À peine le pied posé sur la terre ferme, ils empruntent une chemin d'accès aménagé le long des remparts pour se rendre à l'intérieur de l’édifice. Les touristes du jour se pressent, encouragés par les cris des goélands qui tournoient autour de l’île. Il fait chaud, ils cherchent l’ombre. Ils la trouvent dans la cour de la forteresse militaire construite par François Ier dans le but de protéger la cité phocéenne, une fonction qui a rapidement été abandonnée. Au cours du XVIe siècle, le château a été transformé en prison d’exception. Une nouvelle vocation qui a fait sa renommée.

La geôle de l’archipel du Frioul est célèbre pour les conditions de vie déplorables qu'elle offrait aux détenus (ils étaient près de deux cents entassés dans les cellules), mais aussi pour ses prisonniers réputés. Le comte de Mirabeau, le général Kléber et le marquis de Sade en sont, mais le plus connu de tous est sans aucun doute Edmond Dantès. C’est pour lui que les foules se déplacent.

Une fiction des plus réelles

Les visiteurs veulent voir l’endroit où le comte de Monte-Cristo a passé quatorze ans de sa vie avant de s’évader. Ils observent le trou par lequel le jeune marin communiquait avec son compagnon d’infortune, l’abbé Faria. Ils s’attardent dans la minuscule pièce à laquelle l'épaisseur des murs apporte un peu de fraîcheur et s'interrogent sur la façon dont l’évasion s’est déroulée. Antoinette Gorioux, chargée d’action culturelle et de communication au château d’If, raconte à BV : « On a beaucoup de visiteurs qui n'assimilent pas toujours que Monte-Cristo est un personnage de fiction. » Ils pensent qu’Alexandre Dumas s’est inspiré de faits réels. Sur place, ils découvrent avec un peu de déception que « le type d’évasion qui est décrit dans le roman est quasiment irréalisable ».

Malgré cela, le lieu garde tout son intérêt. Les visiteurs y circulent comme dans un décor. Alors qu’il sort d’une cellule, un jeune couple se remémore des scènes du livre. Pour Romain, « le meilleur passage est de loin la rencontre entre Dantès et Faria ». Les souvenirs sont parfois lointains, mais ils sont ravivés par le lieu car « le roman est très proche du château », comme l’indique Antoinette Gorioux.

Un engouement renouvelé

Chose moins vraie s’agissant du film sorti en salle le 28 juin dernier, avec Pierre Niney dans le rôle d’Edmond Dantès. Ce que regrette la chargée de communication : « On a des visiteurs qui ont vu le film et qui viennent chercher les espaces qu’il y avait à l’écran mais ils ne les trouvent pas. » Elle précise : « Il y a pas mal de différences. Au château, les cachots ne sont pas du tout enterrés comme dans le film. Il y a aussi une impression de grandeur, ce qui n’est pas le cas dans la réalité. » Des différences dont l’équipe du monument essaye de tirer profit en les « tournant en jeu ». Les visiteurs sont invités à repérer les contradictions entre le long-métrage et ce qu’ils ont sous les yeux. Ils s’y prêtent volontiers.

Elles sont nombreuses, car le film n’a pas été tourné au château et qu’« il n’y a pas eu de repérage » de la part de l’équipe de tournage. Cependant, le long-métrage renouvelle l’engouement suscité par l’histoire d’Edmond Dantès. Une bonne chose pour l’édifice car, ici, « les gens viennent pour le comte de Monte-Cristo », quasi exclusivement. Pour le moment, le succès en salle (4,5 millions d’entrées) n’a pas de retombées sur la fréquentation du château d’If car, en période estivale, « les deux navettes maritimes tournent à plein régime ». Le château accueille 1.200 visiteurs par jour, ce qui est un maximum. En revanche, Antoinette Gorioux s’attend à ce que la rentrée soit intense. Les demandes scolaires et les rééditions du livre, attendues suite au succès du long-métrage, devraient attirer plus de visiteurs sur l’île.

Le Comte de Monte-Cristo fait partie de ces œuvres qui marquent un lecteur et lui donnent envie d'en savoir plus sur son héros, de le comprendre, de le connaître, au-delà des mots couchés sur le papier par son auteur. Pour Edmond Dantès, cela passe évidemment par le château d’If, le lieu où le personnage prend toute son ampleur. Arnaud, un Marseillais, grand amateur du roman, confie : « Quand on a lu le livre, la visite est très différente. La fiction devient presque réalité. C’est incroyable. » Autre intérêt, et non des moindres, à quitter le tumulte du centre-ville pour se rendre sur le rocher : voir la cité phocéenne sous un autre angle. Du haut de la tour Saint-Christophe, la vue sur la rade de Marseille est à couper le souffle. Elle rappelle que Marseille n’est pas uniquement une ville qui fait la une de l’actualité et qu’il est possible de s’y offrir des parenthèses rafraîchissantes, malgré la chaleur.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 05/08/2024 à 14:28.

Vos commentaires

5 commentaires

  1. À partir du XVIII e siècle, le château d’If sert de prison pour 3 500 protestants . Il s’agissait de galériens huguenots arrêtés sur l’ordre du roi Louis XIV après la révocation de l’édit de Nantes (1685), et qui se trouvaient en transit avant d’être enchaînés sur les galères de Marseille jusqu’à leur mort …

  2. Dans les années 1980, j’ai passé mes vacances d’été à l’Ile-d’Elbe avec ma famille. Après avoir fraternisé avec un pècheur de Porto-Ferraio ( Port-la-Ferraille ) , il nous a emmenés sur l’Ilot de Monte-Cristo. Nous avons retrouvée une partie du trésor qu’Edmond Dantès n’avait pas pu emporter !!

  3. Non, monsieur, répondit Monte-Cristo, à la simple condition qu’ils me respecteraient toujours, moi et les miens.
    Peut-être ce que je vais vous dire vous paraîtra-t-il étrange, à vous, messieurs les socialistes, les progressifs, les humanitaires; mais je ne m’occupe jamais de mon prochain, mais je n’essaye jamais de protéger la société qui ne me protège pas, et, je dirai même plus, qui généralement ne s’occupe de moi que pour me nuire; et, en les supprimant dans mon estime et en gardant la

    neutralité vis-à-vis d’eux, c’est encore la société et mon prochain qui me doivent du retour

    Le Comte de Monte-Christo Tome 2

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