Le choc Bayrou-Le Pen à l’Assemblée : constat de noyade du rêve mondialiste

En quelques minutes, on a vu tomber l’épais manteau d’illusions dont s’étaient couverts nos eurobéats.
Capture écran Le Figaro sur YouTube
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Le Premier ministre François Bayrou a adressé, ce lundi après-midi, à une Assemblée nationale plutôt clairsemée, des mots révélateurs, des mots de rupture. En quelques minutes, on a vu tomber l’épais manteau d’illusions dont s’étaient couverts nos eurobéats, avant que Marine Le Pen ne rappelle utilement les bienfaits d’une nation qui s’assume. Scène centrale, qui restera sans doute dans les annales. Le président américain l’avait pourtant annoncé urbi et orbi : il forcerait les belligérants en Ukraine à signer la paix dans des délais record. Les Européens, toujours entre deux états gazeux, y voyaient un bluff, une parole en l’air. Les choix radicaux de Trump en faveur de ceux qui l’ont élu estomaquent toujours, en Europe, les politiciens qui ont pris l’habitude de trahir leurs électeurs, à peine élus. Les écailles tombent ainsi des yeux de François Bayrou tandis qu’il s’exprime au perchoir. Nous vivons la crise « la plus grave et la plus dangereuse que notre pays a connue depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale », constate avec raison le Premier ministre, sur le ton du « Que d’eau, que d’eau ! »

L'Europe, utopie dangereuse

Il a choisi son camp, François Bayrou. Le centriste va manifester sa foi irraisonnée dans une Europe quasi divinisée. Pour lui, avant l’invasion de l’Ukraine en 2022, dans le cadre des relations apaisées entre États, « la prospérité du monde libre se développait ». Les grandes puissances respectaient les grands principes. On avait « la conviction que demain serait plus sûr qu’aujourd’hui », explique Bayrou, qui n'a pas lu les sondages sur l'insécurité en France... Que « les grands ensembles respecteraient les grands principes » : il cite la Russie, l’Inde, même, « à certains égards », la Chine, le Moyen-Orient. « Cette symphonie d’espoirs a volé en éclats en février 2022 » avec le déclenchement de la guerre en Ukraine, constate Bayrou. Le tandem Trump-Vance a fini le travail la semaine dernière. « C’est la fin de la loi du plus juste, le règne de la loi du plus fort », sanglote Bayrou. La ruine de ces « efforts depuis près de cent ans pour arracher l’humanité à son inhumanité ». L’OMC, l’ONU, la mort des droits de douane, tout cela était si beau et si tranquille. Si naïf, surtout. Bayrou découvre que, même déguisé en agneau mondialiste, homo homini lupus : l’homme reste un loup pour l’homme.

C’est peut-être Andersen qui a le mieux décrit le renversement en cours, dans Les Habits neufs de l’empereur. Il y a bien longtemps, dans un pays lointain, raconte le génial Andersen, vivait un roi qui aimait être bien mis. Il avait un habit somptueux pour chaque heure du jour. Deux escrocs vont lui vendre une étoffe que seuls les idiots ne verront pas. Idéal pour repérer les personnes les plus intelligentes du royaume et écarter les nuisibles. Le roi ne dira rien, par crainte de passer pour un imbécile, ses courtisans non plus, et c’est un enfant qui révélera à tous ce que personne n’osait dire : « Le roi est nu ! » La reine Europe est nue.

Et Bayrou, inconsolable, assure qu’il remplacera le vêtement par un autre similaire. « Nous, les Européens, sommes les plus forts et nous ne le savons pas », assure-t-il, en alignant la supériorité numérique des 520 millions d’Européens face aux 340 millions d’Américains, sa supériorité en armes, en avions, en pièces d’artillerie. Mais les USA, la Chine, la Russie sont puissants parce qu’ils sont des États forts et anciens. Le contraire de l’Europe. La France a abandonné bien des atouts de la souveraineté dont l’avait dotée de Gaulle. Macron semble aujourd'hui prêt à céder les derniers vestiges de ce qui reste de cet atout majeur.

Le Pen et l'intérêt national

Mais Bayrou n'en démord pas, il veut poursuivre dans la voie qui nous ruine : « L’UE est pour nous le seul chemin et la seule stratégie possible. »

Dans la foulée, Marine Le Pen a eu beau jeu de rappeler, à l’Assemblée, ce qui guide et doit guider une nation : l’intérêt... national, deux mots absents de la bouche de Bayrou. L’intérêt de la France et des Français. Elle en appelle au « réalisme », à la traditionnelle « indépendance » de la France, à la fin du « grand écart » et de « la politique de Gribouille » macronistes. Pourquoi l’Europe serait-elle le seul continent à s’interdire toute réflexion stratégique alignée sur ses intérêts, interroge la patronne du groupe RN à l’Assemblée. Elle réclame une conférence de paix avec des nations européennes qu’elle cite une par une, « sans les instances supranationales », comme l’OTAN ou l’UE.

Alors que les cartes du jeu diplomatique sont rebattues à grande échelle, le rêve funeste de l’écrasement des nations fait face à leur retour et, avec lui, au retour de l’intérêt des peuples. La scène de la Maison-Blanche place les dirigeants et les électeurs au pied du mur et impose le seul vrai choix : redresser la France ou finir de la dissoudre.

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Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

3 commentaires

  1. Les dirigeants ne sont pas au pied du mur. Ils dorment tranquilles. Car ils ont choisi depuis longtemps la mort de la nation française. Sa dissolution dans une UE élargie à l’Ukraine et diluée dans un immigration échevelée, qui achèvera en dévorant les fonds structurels pour se remettre à flot et se faire mettre au niveau de vie moyen, condamnant ainsi les Français et les autres à des impôts sans fin L’UE , sa Commission en fait, a seule a vocation à régner. Se dessine déjà le plan « davossien » d’une oligarchie qui entend gouverner sans partage, sans qu’elle ne puisse jamais être « démocratiquement  » remise en cause.

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