Le Conseil de Paris vote contre les bouquinistes

bouquiniste

Le destin des bouquinistes des quais semble tout tracé : le Conseil de Paris a voté un vœu en faveur du déplacement de leurs boîtes afin d’assurer la sécurité de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques. Si le vœu d’un conseil municipal « n'est pas décisoire et ne produit pas d'effet juridique », il dessine la tendance et laisse les mains libres à Laurent Nuñez, le préfet de police.

Le Conseil de Paris s’est en effet rendu à ses arguments : l’emplacement des boîtes pose d’abord « des problèmes de gestion de foule ». Et gérer les foules, il sait faire. Les gilets jaunes peuvent en témoigner : alors secrétaire d’État auprès du ministre de l’Intérieur, il avait assumé les violences policières à leur encontre. Deuxièmement, une boîte de bouquiniste, pour Nuñez, c’est « un endroit où l’on peut dissimuler des armes, voire pire, des explosifs ». Il n’a pas précisé quelle est la mouvance terroriste en cause. Les anarchistes ? Ravachol, Vaillant, c’était il y a 120 ans. Les islamistes ? Les frères Kouachi, Abdeslam, c’est plus récent, mais « l’islam est une religion de paix et de tolérance », énonçait Nuñez en 2019.

Lâchés par Hidalgo et Abdul-Malak

Installés depuis quatre siècles et demi sur les quais, les bouquinistes ont deux craintes : que leurs boîtes soient abîmées ou ruinées lors du démontage et du transport ; que certains d’entre eux fassent faillite, puisqu’ils seront privés de leur gagne-pain. La question d’une éventuelle indemnisation reste pendante. Autre crainte, plus diffuse : qu’à l’issue des Jeux, on ne fasse pas revenir les boîtes. On rayerait de Paris ce petit métier typique. Sans être complotiste, il n’est pas absurde de prêter cette intention à des gens qui n’ont de cesse de saccager Paris en en malmenant le paysage.

Les bouquinistes sont mobilisés depuis juillet contre cette idée de démonter leurs boîtes. Leur espoir était un soutien médiatique et populaire. Des écrivains, des intellectuels sont venus à leur secours. Peine perdue ! Pour toute défense, Anne Hidalgo leur a proposé un plan d’accompagnement pour le démontage des boîtes : une façon de les congédier en douceur. Quant au ministre de la Culture, Rima Abdul-Malak, il s’est défaussé, début septembre, sur France Culture : « Je ne vais pas me substituer à des décisions qui relèvent de la mairie de Paris et que je trouve plutôt concessives. »

Des concessions piégées

Durant son allocution devant le Conseil de Paris, Laurent Nuñez a annoncé une concession : « Nous ne retirerons que les boîtes dont le retrait est strictement nécessaire aux impératifs de sécurité. » Soit un périmètre plus restreint qu’initialement prévu. Et d’ajouter : « La décision, à ce stade, n’est pas prise. Ce sera un arrêté du préfet de police. » Donc, si l’arrêté ordonne que toutes les boîtes soient enlevées, elles le seront – dans le strict respect de cette « concession », il s’engage également à procéder à des tests de démontage et de montage, ainsi qu’à « une pose et dépose dans des délais raisonnables » - encore un concept flou.

Exprimant son « attachement » aux bouquinistes, Nuñez leur a annoncé, comme lot de consolation, qu’au cours de la cérémonie d’ouverture aurait lieu une « mise en valeur » de l’activité, sans vouloir en dévoiler davantage. Verra-t-on une Arielle Dombasle évaporée vendre les vingt volumes des Rougon-Macquart à Omar Sy, bourgeois des beaux quartiers ? Décidément, les bouquinistes ont toutes les raisons de s’inquiéter.

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Samuel Martin
Journaliste

Vos commentaires

43 commentaires

  1. Les bouquinistes sont un patrimoine de Paris . C’est une véritable honte . Utiliser des arguments tels que la sécurité est scandaleux . « Quand on voit où nous mène la connerie humaine ; On comprend mieux pourquoi Noé n’à voulu sauver que des animaux  » ( Michel Audiard )

  2. La honte. Cette municipalité préfère protéger les moustiques et les rats plutôt que la culture. Tiens tiens, on n’a pas entendu le grand humaniste Caron hurler contre le grand projet gouvernemental d’extermination de ces êtres vivants que sont les punaises de lit.
    Mais devoir exterminer les bouquinistes de la ville lumière, c’est désespérant de constater dans quel état se trouve le pays des lumières : la faute à qui, à l’extrême droite probablement…

  3. Encore une malveillance contre le petit peuple, mais finalement il faut se poser la question de qui a voté la Hidalgo et pour le Macron !?

  4. Quelle honte …destruction encore …décidément la maire et le président à mettre dans le meme sac et dans la Seine ..les jeux olympiques leur nouveau fiasco ..

    • Mais toutes raisons de pouvoir déconstruire la France sont bonnes à prendre. Jamais les bouquinistes ne reviendront, enfin c’est ce que je pense. notre dame de Paris trouvera certainement un autre usage des emplacements. Reverdire le quartier peut être ?

  5. Le conseil de Paris est comme la Mairesse de Paris, elle ne connaît pas « Midas », il est composé d’incultes.

  6. Pauvres idiots, s’attaquer aux bouquinistes, comme si ils représentaient un réel danger… pourquoi pas neutraliser les chaisieres tant qu’on y est.
    Naturellement,la mosquée de Paris sera fermée

  7. Quelle honte .Encore une déconstruction arbitraire….J.ai signé la pétition bien sûr et alerté du monde…Peu d’espoir..

  8. Ce qui peux paraitre anodin comme l’enlèvement des bouquinistes pendant le temps des jeux Olympiques sur les quais parisiens mais qui ne seront jamais autorisés probablement autorisés à s’y réinstallés montre bien rien qu’avec cet exemple ce qu’est cette municipalité de Paris. Bravo la culture des politiciens gauche, La Nupes tout un symbole.

  9. Bouquinistes, mobilier d’art, architecture, voitures , nos Atilla de la bien pensée écolo/cocos-socialistes sont en train de réécrire notre patrimoine et au travers de notre histoire , par contre fin du ramadan célèbre , accueil des « réfugiés «  !!!! Et des punaises de lit …

  10. Jusqu’où ces bulldozers iront-ils ? Macron pour la France, Hidalgo et sa clique pour Paris ! Ruines et saccages est leur programme et le pire, ils ne rendront compte de leurs méfaits à aucun Français, ni aucun parisien.
    Si la France peut espérer encore un sursaut aux prochaines élections, pour Paris, le processus pour l’élection du maire ne permettra pas de redresser le »bateau «  et il en est fini de sa devise « fluctuât nec mergitur » le changement de population accéléré par Hidalgo y contribuera hélas.
    Seule consolation, j’aurai eu la chance de connaître un autre Paris, celui des beaux quartiers mais aussi des quartiers ouvriers ou en grande majorité il faisait bon vivre, même si certains étaient il faut le reconnaître assez misérables.
    Rencontrer un clochard à cette époque n’était pas chose courante et l’insécurité ne régnait pas à chaque coin de rue, dire «  PARIS JE T’AIME » n’était pas incongru.

  11. Comme ceci appartient à l' »ancien monde » pour les bobos, il y a des forts risques pour qu’ils ne puissent pas se réinstaller. C’est là qu’on voit les dégâts que provoque l’abstention aux élections. On laisse prendre les clés de la cité par une minorité de fous furieux.

  12. N’y a-t-il pas de pétition pour défendre ces bouquinistes, image s’il en est de Paris ?
    Honte à ces nombrilistes qui malgré toutes les mises en gardes sécuritaires persistent avec cette fameuse cérémonie de tous les dangers !
    Les volets des appartements donnant sur la Seine devront-ils aussi être fermés ainsi que la tour eiffel et autres monuments sur le parcours ???

  13. Ce ne sont pas les bouquinistes qui devraient leur faire peur pour la sécurité mais plutôt les Kevin et Matteo , les rats et la crasse …..

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