Le Covid : révélateur de l’état de notre système de santé
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En fait, on sait désormais que l’accès social aux soins, en France, est l’un des plus généreux, y compris pour des étrangers. Pour l’accès médical, faute de moyens parfois, et en raison de la lourdeur d’une administration par trop centralisée, où pourtant s’enchevêtrent des instances émettant des avis, des consignes, des réglementations que le pouvoir transmet avec sa puissance tandis que, ce faisant, il pense se dégager de sa responsabilité, l’avis doit être plus négatif.
Qui décide de quoi entre la Haute Autorité de santé, le Haut Conseil de santé publique, le Conseil scientifique, le CARE (comité analyse recherche et expertise) créé en mars et qui n’a jamais réuni ses douze membres, l’Agence nationale de sécurité du médicament et, bien sûr, l’Agence nationale de santé publique (Santé publique France) ? Les unes sont indépendantes, comme la HAS, qui évalue les thérapeutiques, émet des recommandations et accrédite les établissements. Le HCSP contribue à l’élaboration de la stratégie nationale de santé, fournit aux pouvoirs publics, en lien avec les agences sanitaires, l’expertise nécessaire. Il comprend une commission spécialisée dans les maladies infectieuses.
On se demande pour quelle raison a été créé le Conseil scientifique, doublon, doublé lui-même par le CARE, heureusement inexistant. Quant à l’ANSM, elle a succédé à l’AFSSAPS, remplaçant elle-même l’Agence du médicament, ces changements d’identité ayant sans doute l’avantage de faire oublier des scandales comme le Mediator, et les conflits d’intérêts qui jalonnent cet organisme qui délivre les autorisations d’emploi des médicaments. À l’AFSAPS, 62,4 %, des membres déclaraient avoir des intérêts dans l’industrie pharmaceutique, cosmétique ou autre. Plus récemment, à l’ANSM, la préférence donnée au remdésivir sur l’hydroxychloroquine, peut-être tous deux inefficaces, est un nouveau scandale.
L’absence de masques, essentiels pour les soignants, les recommandations alternées et contradictoires des responsables sur leur utilité, voire leur nécessité, la stratégie poussive pour les tests rendus inutiles en raison des délais, l’hostilité manifestée à l’encontre du professeur Raoult bien au-delà d’un désaccord scientifique, et aujourd’hui la mise en œuvre au ralenti de la vaccination privilégiée pour les personnes les plus âgées alors que l’efficacité d’un vaccin après 75 ans est très relative : tout cela correspond à une gestion où l’amateurisme n’efface cependant pas de légitimes soupçons beaucoup plus lourds.
Des dizaines de plaintes ont été déposées devant les parquets, devant la Cour de justice de la République pour les ministres, des enquêtes sont en cours, des perquisitions ont déjà eu lieu. Certains s’offusquent de ces procédures.
On assiste, aujourd’hui, dans notre pays, à une confusion de ces « essences » qui concourent à la société humaine, selon Freud. La politique se cache derrière la science en confondant celle-ci avec le scientisme et en dénonçant le charlatanisme de tous les anticonformistes, comme si la découverte ou l’invention n’avaient pas souvent été les fruits de leur originalité, sans bien sûr que ce soit la règle.
Raoult s’est trompé sans doute, ce qui est le propre d’un chercheur, mais il est dangereux de le confondre avec les aventuriers ou les mythomanes qui prétendent avoir découvert un remède miracle. Autre confusion : le pouvoir paraît s’émanciper de la priorité économique, notamment à l’encontre de certaines activités, comme les restaurateurs ou les cafetiers, mais peut-on dire que les décisions prises depuis un an aient toujours été exemptes de liens douteux avec les laboratoires ?
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