Le crépuscule du macronisme

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La sentence est tombée : plus de 85 % des Français qui sont allés voter ce 9 juin 2024 ont rejeté le macronisme. Une déroute. Les Français ne veulent plus de Macron : c’est ainsi que l’on peut interpréter ces résultats implacables, si l'on observe avec un peu de hauteur le champ de bataille. Oui mais, me direz-vous, c’était des élections européennes, pas nationales. Bah si, justement ! Sinon, le président de la République ne se serait pas adressé aux Français à trois jours du scrutin, histoire de leur fiche la pétoche, et il ne se serait pas empressé de dissoudre l’Assemblée nationale, à peine tombés les résultats, en prenant des accents crépusculaires.

85 % des Français ont donc rejeté Macron. La pauvre Valérie Hayer, qui aura fait ce qu’elle pouvait, c’est-à-dire pas grand-chose, fait moins de 15 % (14,7 à l’heure où nous écrivons ces lignes). Certes, elle pourrait se consoler en se souvenant du score de la liste socialiste aux européennes de 2014 : 13,98 % après deux ans de hollandisme. Mais ce serait vite oublier qu'à l'époque, le FN de Marine Le Pen, arrivé en tête du scrutin, ne l’avait emporté « qu’avec » 24,86 % des suffrages, alors qu’il avoisine les 32 % aujourd’hui ! Que l’UMP - la fameuse « droite républicaine » - tirait encore son épingle du jeu, avec presque 21 % des suffrages. Après sept ans de Macron à l'Élysée, alors que, souvenons-nous, le macronisme devait bazarder l’ancien monde (exit le PS et les LR !) tout en faisant reculer le FN, depuis devenu RN, ce dernier est désormais le premier, caracolant en tête à 32,6 % des suffrages. Cerise sur le gâteau : le RN fait plus du double de la liste de la majorité présidentielle (c’est comme ça que s’intitulait la liste de Hayer, preuve que c’était bien un suffrage national et non européen !). Sans oublier le petit plus, on va dire le petit geste commercial : une extrême gauche qui ne faiblit pas (avec 9,2 %, LFI fait trois points de plus que Mélenchon aux européennes de 2014), malgré (ou à cause de ?) la bordélisation de l'Assemblée nationale, avec pourtant (ou à cause de ?) un discours qui s’est radicalisé, pour ne pas dire islamo-gauchisé. On a envie de dire à Macron : « chapeau, l’artiste ! » Il se rêvait Giscard rassemblant deux Français sur trois. Il s'est mis à dos 85 % des Français !

Donc, on aura beau tourner et retourner la feuille des résultats de cette élection comme on veut, en long, en large ou en travers : c’est une défaite cuisante pour Emmanuel Macron. Le macronisme de la « période bleue » se voulait comme une sorte de fin du politique, de la politique, comme d'autres, après la chute du mur, voyaient venir la fin de l'Histoire. La politique lui revient comme un boomerang en pleine figure. Et l'Histoire en plus, avec la guerre à l'horizon, alors qu'à l'évidence il n'est pas taillé pour ça, malgré ses coups de menton et ses rodomontades. Oui mais, me direz-vous encore, c’est loin d’être gagné pour Le Pen et Bardella. Peut-être. Mais de toute façon, et quels que soient les résultats des élections législatives des 30 juin et 7 juillet, ce sera le crépuscule du macronisme. Première hypothèse : le RN l’emporte. Macron, celui qui était le jeune homme fringant de 2017, fera du Mitterrand. Pas du Macron. Il se voulait Bonaparte au pont d’Arcole, il terminera en père Queuille. Deuxième hypothèse : il réussit à sauver les meubles en s’aidant des LR (déjà, la Macronie a annoncé qu’elle ne présenterait pas de candidat contre des députés sortants « faisant partie du champ républicain » (on parlait de « l’arc », voici venu le temps du « champ républicain »…). Rien ne dit, à ce jour, qu’il obtiendra une majorité absolue à l'Assemblée, étant donné le rapport des forces en présence. Donc, on reprendrait le cabotage institutionnel que l’on connaît depuis deux ans ? Une longue et lamentable agonie jusqu’en 2027 ? Macron et le macronisme auront donc épuisé la France : socialement, sociétalement, économiquement, politiquement, institutionnellement, nerveusement, moralement.

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

Vos commentaires

65 commentaires

  1. Si on se place du point de vue de Macron, sa politique de destruction d’une nation pour la faire passer, déplumée et pratiquement exsangue, dans l’Europe des régions, est une réussite. N’oublions pas que cette Europe reste centre-gauche- macron compatible, talonnée par les droites européennes quand même !
    Macron Machiavel a choisi la solution dissolution bordélique, il espère, sans doute, en utilisant pour une fois, la constitution, toujours exercer sa nocivité (qui est très grande). Cependant, cette dissolution s’avère aussi un espoir pour le peuple de France, à condition qu’une partie n’écoute pas le chant éraillé des sirènes à la tête de mort que sont les islamo-gauchistes, autres melenchonistes, gluckmanistes et vieille garde macronée; les LR étant hors concours, ou électrons libres, car passés maîtres en traitrise.

    • Sa décision lui ressemble : semer le chaos, monter une fois de plus les Français les uns contre les autres. Tous les moyens seront bons pour diaboliser le RN et le rendre responsable de tous les « faits divers » qui vont se produire maintenant. Et avec MLP c’est pas gagné dans l’UE avec Meloni et Ursula…On n’est pas sorti de l’auberge.

  2. Bien vu . Si Macron flirte avec le LR c’est que ces LR lui ont donné des gages à un moment ou à un autre. Ne serait-ce que par ces ministres qui se sont précipités vers sa soupe dt Darmanin, B.Le Maire. Une danse que n’apprécient pas les électeurs, d’où des résultats médiocres. Ce n’était pas une élection pour la France ? Bien sûr que si . Macron prétend construire une Europe forte avec des Nations faibles, comme il laissera la France. Une absurdité qu’il est le seul à comprendre. Les français veulent retrouver de la gouvernance française pleine et entière, qui redonne toute sa force à la Nation. Bruxelles doit se limiter à se mettre au service des Nations et non le contraire.

  3. Macron essaye de se rallier les LR à l’agonie. La nupes a l’air bien partie pour se reformer, bien qu’ils n’aient pas grand-chose en commun. Et la droite, comme d’habitude, n’arrivera pas à s’unir. Zemmour peut bien tendre la main à Bardella, Ciotti et Dupont-Aignan, ça risque de faire plouf du haut de ses 5% et après une campagne au cours de laquelle il n’a pas eu de mots assez durs pour ses concurrents. Bien que je vote Reconquête depuis 2022, je me demande si je ne vais pas favoriser un vote utile pour le RN aux législatives

  4. Le crépuscule du « dieu Jupiter » écrasé par le tonnerre et les éclairs qu’il a lui-même déclenchés !
    La statue du « Macron-Jupiter » déboutonnée par les français farouchement anti-wokistes !
    Le Jupiter du « vous allez voir, ce que vous allez voir » déclassé, définitivement rejetté !
    Macron du petit plébiscisme à l’immense rejet !
    Les français, l’Europe, et le monde, assistent en direct à « La fin de l’Empire Macronien ! »

    • Non car il veut encore « emmerder » les Français et ce, jusqu’à la fin de son mandat. Courage…Le vainqueur sera celui qui tiendra le plus longtemps!

  5. Georges MICHEL , comme d’habitude , c’est impeccable. Quant aux élections, rien de surprenant , il ne reste plus à la droite qu’à démontrer qu’elle n’est pas la plus bête du monde .

  6. L’animal blessé est dangereux. Il est prêt à tout pour assurer sa survie ou faire tout disparaître. Après sept ans de règne, la France va mal, il peut l’anéantir. Seule une union des droites pourra conduire à sa destitution, car il est le problème.

  7. Il faut se rendre à l’évidence : ce président ne dispose pas du sang froid nécessaire pour assumer sa fonction.
    Il s' »envourne », comme on dit en berrichon littéraire dans le tourbillon de ses paroles et reste persuadé qu’elles ont un pouvoir magique malgré ses échecs cuisants.
    Cette décision, prise dans l’urgence, est une catastrophe pour ses députés, ce qui n’est pas très grave, mais peut avoir des conséquences très lourdes pour notre pays.
    Si le RN gagne les législatives, ce qui ne semble pas improbable, l’administration va s’arrêter, les syndicats seront en grève pour les JO, les artistes vont se mobiliser, les ministères seront en roue libre pendant la passation de pouvoir et tout ça alors qu’on nous dit que la menace terroriste est grande.
    C’est peut-être un coup de Jarnac, comme vous le dites, mais c’est c’est aussi la preuve que ce président déteste tellement son pays et ses concitoyens qu’il préfère jouer le chaos pour faire la démonstration qu’il avait raison.
    S’il avait voulu donner la parole au peuple, il aurait pu dissoudre l’Assemblée en Septembre.

    • Quant à moi, « j’aurions » jamais cru que l’houm (en Acadien) puisse dissoudre. Il l’a fait, nous verrons bien. Mais vos observations sur ce qui pourrait se passer, si le RN l’emportait, sont pertinentes. Hélas ! LFI n’attend que ça.

  8. Malgré la grosse baffe bien méritée qu’ont pris ces politicards irresponsables, ils n’ont rien perdu de leur arrogance. La modestie, l’humilité, ne fait pas partie des valeurs des dictateurs.

  9. Macron à épuisé les ressources de la France et les Français par toutes ses remarques désobligeantes dès qu’il était l’étranger. Je pense qu’il a poussé le bouchon un peu loin….et je suis content que tous ses ministres qui pensaient encore profiter pendant deux de l’aubaine se retrouvent le bec dans l’eau…et à les entendre ils ont tout fait pour le peuple français ! Ah bon ? prix des énergies en constante augmentation , insécurité…combien de gens sont mortes par coups de couteau donnaient par des OQTF ? et la cerise sur le gâteau …envoyer des soldats en Ukraine, pays avec lequel nous avons rien à faire…..Quand les gens comprendront qu’on ne peut pas battre la Russie sans déclencher une guerre nucléaire ! un peu de bon sens !

  10. Et cet individu a encore le culot et l’outrecuidance d’avoir dit dans son discours de dissolution crépusculaire : » …moi qui aime tant la France… » Que serait-ce donc s’il ne l’aimait pas ?

  11. Hier soir c’était la joie …macronie destructrice au panier …un bon coup de pied dans le tas .c’est du bonheur ..continuons a espérer …je crains la vengeance et les coups bas avant les nouvelles élections .

  12. Désolée, mais n’est pas Miterrand qui veut ! Ce président nous aura épuisé. Jusqu’aux législatives, il va continuer sa campagne et le RN continuera à monter mais surtout qu’on ne l’entende plus !i

    • Attention, compte tenu du mode de scrutin, le RN n’est pas encore majoritaire à l’AN. Il faut tenir compte de toutes les combines possibles.

      • Pour les combines, comptez sur LFI et toute la clique médiatique de « gôche » pour s’en donner à cœur joie.

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