Le déclin de la France est-il inéluctable ?
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Pour le professeur d’économie émérite (Lyon III) Jacques Bichot et le journaliste économique Jean-Baptiste Giraud, les signaux annonciateurs d’un déclin, voire d’un effondrement, en France et plus largement en Occident sont de plus en plus nombreux. C’est le sujet de leur livre paru le 16 septembre : Dernière Crise avant l’Apocalypse (Ring). L’actualité de ces derniers jours semble corroborer leur thèse.
62 % des Français estiment que la France est en déclin, d’après un sondage CSA pour CNews publié le 16 septembre dernier. Cela rend-il pour autant les Français, et nous-mêmes, déclinistes, défaitistes ? Nous ne le pensons pas, bien au contraire.
Une majorité de Français, particulièrement forte dans la France périphérique, et 82 % des électeurs de droite disent que la France va mal. Cela ne signifie pas qu’ils se contentent de le constater et de le déplorer. Les yeux grand ouverts, ils constatent qu’un certain nombre de voyants ont viré au rouge vif sur le tableau de bord de notre pays et ils ont compris qu’il est urgent de changer diamétralement de cap pour éviter le naufrage.
Quels sont ces voyants ? Pour comprendre, il suffit de suivre l’actualité avec acuité. C’est, par exemple, le coup de Trafalgar des Anglo-Américains qui s’assoient sur nos traités d’alliance et persuadent l’Australie de révoquer le contrat conclu avec le Français Naval Group pour la construction de sous-marins d’attaque. Un contrat qualifié de « contrat du siècle », d’un montant historique de 56 milliards d’euros, que Joe Biden annonce avec fierté avoir récupéré pour l’industrie militaro-industrielle américaine, associée aux Anglais. Avec des alliés comme ceux-là, notre balance commerciale va battre une nouvelle fois, cette année, un record historique de déficit ! Il y a fort à parier que l’administration Biden n’aura aucun état d’âme à piétiner un peu plus l’OMC quand la bataille pour la domination du ciel opposera à nouveau Boeing à Airbus, une fois la crise sanitaire terminée sous contrôle. Dans notre livre, nous expliquons combien les États-Unis, après l’épisode lamentable de l’Afghanistan, vont jouer plus que jamais leur partition personnelle partout dans le monde, quitte à piétiner les intérêts de leurs alliés.
La toute récente étude de l’OCDE, dont Pierre Vermeren s’est fait l’écho dans Le Figaro du 14 septembre, révèle qu’en France, trois millions de jeunes hommes âgés de 16 à 25 ans sont désœuvrés : ni à l’école, ni en stage ou en formation, et sans emploi. Nous évaluons, pour notre part, à dix millions le nombre de Français et d’étrangers présents sur notre territoire qui se trouvent totalement en dehors du système, sauf, bien entendu, pour toucher les aides sociales. Des aides qui, cumulées à des petits boulots, à des rapines ou à des trafics divers (celui de la drogue emploie, au bas mot, 200.000 personnes), leur permettent de survivre. Le cliché du trafiquant circulant au volant d’une voiture neuve rutilante a la vie dure. Certes, il en existe. Mais pour un flambeur imprudent qui se fera « serrer » un jour, et dont la voiture sera confisquée par les douanes, combien de centaines de jeunes sans espoir survivent avec le RSA, les allocations logement et le fruit de la vente sur leboncoin de téléphones portables, de montres ou de vélos volés ? Quand on bricole depuis l’âge de 14 ans pour pouvoir se payer un ciné, un McDo™, des Nike™ et un iPhone™, il est rare qu’à 25 ans, on monte une start-up à succès : c’est la légende, qui met en exergue un cas particulier pour nier la réalité du cas général.
À ces millions de jeunes sans avenir s’ajoutent des millions de déclassés qui ont été à l’école et ont eu un emploi, parfois le même pendant vingt ou trente ans. Et à qui l’on dit, une fois l’entreprise qui les employait fermée ou délocalisée à l’étranger, qu’ils n’ont plus leur place dans la société. Le cri des gilets jaunes n’a pas été correctement entendu ; la réponse fut un saupoudrage. Or, ce n’est pas d’allocations supplémentaires que nos déclassés ont besoin, mais d’emplois ! Et pour cela, il faut libérer les entreprises du carcan administratif et fiscal français.
Il y a bien d’autres signaux dans le rouge : le Covid a montré les faiblesses de notre système de santé, malgré son budget conséquent ; le système de retraite va bientôt basculer des soins intensifs aux soins palliatifs ; notre agriculture, soumise à l’Europe et à l’écologiquement correct, agonise, et nos agriculteurs avec elle. Quant à notre natalité, elle est en deçà de ce que les chiffres officiels prétendent, car ceux-ci incluent les naissances provenant de parents étrangers.
La crise du Covid-19 est la dernière à laquelle la France fait face en tenant encore vaguement debout, car dopée à l’adrénaline du « quoi qu’il en coûte ». Si nous continuons à fermer les yeux, sa disparition est probable en moins de deux générations. Si nous les ouvrons en grand, le rebond est possible. Mais il faudra alors remplacer les Kärcher par les bulldozers.
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