Le député LFI Aly Diouara crie au « racisme » : la police dément sa version

Face à l'emballement des Insoumis, Laurent Nuñez apporte son soutien aux policiers.
© Capture écran France 3
© Capture écran France 3

Un « contrôle au faciès » suivi de « menaces » et de « racisme » ? Ou un simple contrôle contre la consommation de stupéfiants perturbé par un député insoumis ? Depuis maintenant six jours, Aly Diouara, député La France insoumise de Seine-Saint-Denis, se répand dans les médias et sur ses réseaux sociaux pour dénoncer un prétendu comportement violent et discriminatoire des forces de l’ordre dont il aurait lui-même été victime. Ce 1er mars, encore, l’élu insoumis partage, sur son compte X, un communiqué du Réseau des élus insoumis qui dénonce notamment « des policiers racistes zélés qui n’ont vu que la couleur de peau [d’Aly Diouara] ». Seulement, les policiers nous livrent une version bien différente de leur rencontre avec le parlementaire…

Un contrôle perturbé par l'insoumis

Pour comprendre les faits, il faut remonter au 26 février dernier. Ce jour-là, comme depuis plusieurs semaines, des policiers réalisent une opération de sécurisation aux abords de la cité Karl-Marx à Bobigny (Seine-Saint-Denis), là où un point de deal a été identifié. En début d’après-midi, deux jeunes quittent rapidement le bâtiment supposé abriter ce point de deal. Les agents les repèrent et commencent à mener un contrôle anti-stupéfiant. C’est alors qu’un homme sort d’un restaurant situé non loin, s’approche et leur demande d’arrêter ce contrôle. Les policiers, qui ne peuvent (re)connaître cet individu, lui intiment de reculer, ce qu’il aurait refusé de faire. L’homme aurait ensuite mis sa main dans sa poche. Par prévention, l'un des agents sort donc son pistolet à impulsion électrique [taser, NDLR]. Une source policière précise à Valeurs actuelles qu’il l’aurait sorti « en position hors tension et en direction des jambes ». Mais l’homme persiste, sort une carte de député et se remet à crier. Dans l’une des vidéos prises au moment des faits, on entend alors l’un des agents dire en sommation : « Je te tase, je vais te taser. »

Un petit groupe hostile se forme autour des policiers. L’agent range son pistolet à impulsion électrique et ses collègues appellent des renforts. Une femme, élue municipale à la Courneuve (Seine-Saint-Denis), accuse alors les forces de l’ordre de « jouer aux cow-boys » et les aurait même traités de « racistes ». Les policiers finissent leur contrôle qui se révèle négatif, laissent partir les deux jeunes, interpellent l’adjointe au maire de la Courneuve pour outrages et rentrent au commissariat. « Un excès de zèle inacceptable », pour l’avocat de l'élue interpellée, qui précise au Parisien : « Toute déclaration et tout propos qui vise à faire remarquer un comportement déplacé n’est pas constitutif en soi d’un outrage. » « Nos collègues ont mené un contrôle dans un cadre légal », résume Eric Henry, membre du syndicat Alliance Police nationale, contacté par BV, qui apporte son « soutien » aux agents incriminés. Le syndicat dénonce, par ailleurs, l’attitude d’un élu qui est venu « se mêler » d'un contrôle et le « perturber ».

La machine insoumise contre la police

Mais, quelques heures à peine après ce contrôle, Aly Diouara publie un communiqué dans lequel il raconte une tout autre version des faits et dénonce « des pratiques policières manifestement contraires aux principes fondamentaux de l'État de droit et aux exigences légales qui encadrent l'action des forces de l’ordre ». Il accuse tout d’abord les policiers d'avoir mené un « contrôle d'identité discriminatoire à l'encontre de deux jeunes citoyens », alors qu'il s'agissait, selon les agents, d'un contrôle contre la consommation de stupéfiants. Et il reproche aux forces de police d’avoir « adopté une posture excessivement offensante ».

 

 

Rapidement, la machine insoumise s’emballe. Ses collègues députés reprennent sa version et lui apportent leur soutien. Jean-Luc Mélenchon s’insurge contre une « idéologie suprémaciste ». Dans les médias, Aly Diouara surenréchit et dénonce l’attitude prétendument raciste des policiers à son encontre. « Si j’avais été blanc, aurais-je subi la même virulence de propos ? », s’interroge-t-il devant les caméras de France 3. Le média L'insoumission va jusqu’à parler de « haine raciste ». Et Aly Diouara finit par annoncer son intention de déposer plainte et de saisir l’IGPN. Le parquet, contacté par nos soins, n’a pas donné suite à nos sollicitations.

Face à l’emballement, Laurent Nuñez, préfet de police de Paris, apporte publiquement son « plein soutien aux fonctionnaires de police qui n’ont fait qu’accomplir leur mission, dans le cadre des lois de la République ». Julien Charles, préfet de Seine-Saint-Denis, abonde et apporte lui aussi son « soutien aux fonctionnaires concernés ». Les syndicats de police réagissent à leur tour. Le Syndicat des cadres de la sécurité intérieure s’indigne de ce « buzz anti-flic ». Eric Henry, pour Alliance Police nationale, n’est malheureusement pas surpris par cette affaire : « C’est symptomatique du personnage qui tweete "la police tue" et qui se sert du bashing anti-flics pour séduire des électeurs. » Le policier dénonce par ailleurs le caractère « abject » d’une telle « systématisation des accusations portées contre les forces de l’ordre ». « Il n'est pas à la hauteur de ses fonctions. L’écharpe tricolore exige respect et exemplarité », conclut-il.

Picture of Clémence de Longraye
Clémence de Longraye
Journaliste à BV

Vos commentaires

4 commentaires

  1. Si les policiers ont besoin des conseils des députés lfi pour faire correctement leur travail, ils sont assez grands pour formuler leur demande. Leur tâche est déjà bien assez compliquée comme cela, sans avoir ce genre d’hurluberlu dans les jambes, qui a provoqué un début d’émeute . Un contrôle d’identité, quand on a rien à se reprocher et qu’on obtempère, ça prend quelques minutes et ça se passe bien. Il faut arrêter de délirer avec les contrôles au faciès et le racisme. Qui voulez-vous donc que les policiers contrôlent à Bobigny (93) au pied des tours ?

  2. La France naïve! Certains utilisent leur couleur de peau pour intimider la police, l’administration et toutes les institutions de l’État en les accusant, sans preuve, de discrimination. Ces institution ensuite n’ont d’autre choix que de mal faire leur travail, payer des (dédommagements exorbitants) de peur d’être accusées de racisme. J’imagine bien cet élu se moquer, quand il est seul avec les siens chez lfi, de la facilité avec laquelle les médias ont cru sa version de l’histoire sans essayer de démêler le vrai du faux.

  3. Combien de temps encore les policiers vont ils devoir supporter ces attaques continuelles , de toutes sortes , contre leurs fonctions ? menaces , accusations , jets de pierre , tirs de mortiers et bien pire , sont leur quotidien ; ce qu ‘ il se passe dans notre pays est certainement plus inquiétant que les soit disantes prétentions de conquête de Poutine

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